Scabal, un tailleur de haute tenue
Chaleureux et distingué, à l’image de son responsable commercial Olivier Bréhaut, l’élégant appartement-boutique de l’avenue Georges V, intimiste et discret tel un boudoir, est une de ces adresses qui s’échange entre amateurs de pièces uniques. Une singularité soulignée par la qualité exceptionnelle des étoffes, le choix des motifs et coloris mais également par le savoir-faire de la seule maison pouvant revendiquer son statut de drapier et de façonnier.
Décideurs : Qu’entend-on par demi-mesure ?
Olivier Bréhaut.La demi-mesure est un atout pour ceux dont les morphologies ne rentrent pas forcément dans une base normée mais aussi pour les esthètes qui apprécient ici le tombé d’une manche, là l’ajustement à hauteur d’une martingale sur une veste de chasse et bien sûr la personnalisation. En France, la demi-mesure − ou mesure mécanique − relève de l’oxymore avec une interprétation souvent erronée de «retouche d’un costume existant». Il s’agit en réalité d’adapter un patronage aux mesures du client.
Quelles sont les origines de Scabal ?
Notre maison a été fondée en 1938 en Belgique par Otto Hertz, un drapier, négociant de tissus pour hommes, qui importait des étoffes à une époque où les hommes n’avaient d’autre choix que de faire confectionner leurs costumes par des tailleurs, le prêt-à-porter n’existant pas encore. Passionné, il a opéré des choix judicieux comme son installation londonienne à Savile Row et son association avec J-Peter Thissen, propriétaire d’une entreprise de vente de tissus. Scabal, acronyme de Société commerciale anglaise, belge, allemande et luxembourgeoise présageait déjà une destinée hors des frontières belges. De cette collaboration est née une entreprise exportant son savoir-faire jusqu’en Asie et aux États-Unis. L’année 1989 a également marqué un nouveau tournant avec la création d’un atelier à Sarrebruck permettant la réalisation de modèles masculins haut de gamme. Aujourd’hui Gregor Thissen, président exécutif de Scabal et représentant de la troisième génération, perpétue la notoriété de notre maison revendiquant une fabrication 100 % européenne.
Qui sont vos clients et que recherchent-ils ?
Ce sont des hommes qui apprécient le luxe et l’élégance se traduisant par un look sobre et raffiné jouant sur des assortiments chics, dépareillés, inspirés de l’élégance britannique. Nos clients, souvent issus du milieu des affaires, juridique, financier ou bancaire, ne commandent pas un costume par nécessité mais par choix et plaisir. La culture du costume, qui répond à un code vestimentaire, demeure. Ils apprécient les matières exceptionnelles à l’image de celles qui ont inspiré la nouvelle collection Scabal Cashmere – confectionnée avec les fils de cachemire les plus fins −, les tissus en vigogne, en pure laine super 100, la finesse extrême du Noble Phantom.
Proposez-vous des tissus relevant de la technologie ?
L’innovation est inscrite dans les gènes de la société. Lorsque dans les années 1970, J-Peter Thissen achète l’unité de production d’Huddersfield, il met au point le premier tissu Super 100’s, le Summit et des tissus intégrant des fragments de diamants − Diamond Chip −et de Lapis-Lazuli. Poursuivant sa quête de perfection en proposant des laines ultrafines, Scabal devient l’initiateur des 120’s, 150’s et 180’s puis du 250’s. Aujourd’hui, nousproposons le Scabal Orchid, un tissu composé d’une molécule odorante qui, froissée, délivre un délicat parfum.
Comment se déroule un habillage dans votre boutique ?
Sur rendez-vous. Le client est accueilli dans nos salons où sont également organisés des moments conviviaux autour d’événements planifiés avec nos partenaires, qu’il s’agisse d’artistes, de bottiers, d’horlogers, ou encore de producteurs de vins et cognac pour le plaisir d’une dégustation. Nous choisissons un tissu parmi nos liasses de 5 000 références puis déterminons un style en fonction de la coupe, des revers, du type de poche jusqu’au boutonnage. Nous sommes les seuls, à ma connaissance, à pouvoir garantir une qualité rigoureusement contrôlée, de la création du fil du tissu jusqu’à la pose du bouton cousu. La troisième étape consiste en la prise de mesure. Un mois plus tard, la pièce est prête pour un premier essayage. De plus, en conservant le dossier de nos clients, nous offrons un suivi permettant de compléter leur garde-robe de nouveaux modèles. La souplesse de notre outil nous permet également de nous déplacer à leur hôtel, domicile ou bureau, et d’adapter notre agenda à leur rythme.
D’où proviennent ces cravates, chemises, boutons de manchette, souliers et autres accessoires parachevant une silhouette ?
Nous sélectionnons des partenaires qui partagent nos valeurs.Tout est fait pour que nos clients disposent d’un panel de services complémentaires: accessoires, voiturier, échange de bonnes adresses.
Quelles personnalités ont contribué à la renommée mondiale de la maison ?
Costumes ou tissus griffés Scabal sont effectivement portés par des personnalités issues de milieux aussi diversifiés que la politique, le cinéma depuis les années 1970 (Le Parrain, Titanic, Mission Impossible, etc.), les arts, le sport. Les rois également, dont la famille royale de Belgique, nous font confiance comme l’ont fait tous les présidents américains de Lyndon B. Johnson à Barack Obama. Le tailleur de la Maison Blanche, feu Georges de Paris était un inconditionnel de la marque. Une jeune génération d’influenceurs perpétue et cultive également la tradition du goût.
"La famille royale de Belgique nous fait confiance, comme tous les présidents américains, de Lyndon Johnson à Barack Obama"
Quelle est votre actualité ?
Métier de contacts dans une aire digitale, nous préparons un nouvel événement chaleureux au sein de notre appartement-boutique conçu comme un club anglais. Et nous avons le plaisir d’annoncer que nous habillerons la délégation belge des jeux Olympiques d’été de Tokyo 2020. Entre-temps, nous nous préparons à la confection de costumes de cérémonie sur mesure pour les occasions particulières de cette nouvelle année que je souhaite à tous excellente.
Propos recueillis par Anne Buchet