Alliés de fortune pour tenter de racheter Bouygues Telecom en juin dernier, Altice et Iliad, les deux trublions des télécoms français, se livrent bataille sur tous les fronts, en France comme à l’international.
1 – Chiffre d’affaires : Altice

Avec 400 millions d’euros de croissance sur l’exercice 2014, le chiffre d’affaires annuel d’Iliad s’établit pour la première fois à plus de quatre milliards d’euros. Un résultat qui s’explique principalement par le développement des activités dans le mobile. Mais Altice fait mieux. La société, qui compte plus de 11 000 salariés (contre 7 164 pour Iliad), réalise en 2014 un chiffre d’affaires de 13,5 milliards d’euros. Ce résultat est néanmoins en chute de 4,6 % par rapport à 2013 en raison de son recul en France, au Portugal et en Israël. Le point est tout de même pour la holding de Patrick Drahi, à qui le surnom de « consolidateur » va comme un gant.

2 – Résultat financier : Iliad

Altice est le fruit de vingt années d’acquisitions successives financées par l’endettement. Avec une dette nette de plus de trente-trois milliards d’euros, l’entreprise bénéficie de faibles marges de manœuvre. Néanmoins, les ratios dette nette sur Ebitda de la société se maintiennent autour de cinq, un chiffre comparable à la moyenne du secteur. Le problème de cet endettement élevé est qu’il s’accompagne de pertes financières majeures : en 2014, l’entité perdait 174 millions d’euros notamment à cause de « l’érosion des revenus mobiles ». Le revenu moyen rapporté par les abonnés de SFR-Numericable a ainsi baissé de 5,9 % entre 2013 et 2014.

De son côté, Iliad réalise un bénéfice net de 278,2 millions d’euros en 2014, soit une hausse de 5 % par rapport à 2013. À cela s’ajoute une dette nette peu élevée, à hauteur de 1,084 milliard d’euros en 2014. Son ratio d’endettement atteint lui 0,84, ce qui en fait un groupe très peu endetté. Avec ses résultats, Free, une des filiales du groupe, conserve sa réputation d’opérateur le plus rentable d’Europe.

3 – Valorisation : Altice

Si Altice arrive à atteindre de tels niveaux d’endettement c’est que la firme reste privilégiée par les marchés financiers. De fait, sa valorisation boursière est de trente-deux milliards d’euros, là où celle d’Iliad est « seulement » de 12,3 milliards d’euros. Les analystes estiment que les titres d’Altice payent très bien dans un environnement concurrentiel. Les deux valeurs avaient été relancées fin juin lorsque Altice avait tenté de racheter Bouygues Telecom pour dix milliards d’euros.

4 – France : Altice

Grâce à la fusion avec SFR de Numericable en novembre 2014, Altice est devenu le deuxième opérateur français. Le groupe compte aujourd’hui 23 millions d’abonnés dans le mobile et 6,5 millions d’abonnés fixes. De son côté, la firme de Xavier Niel avait révolutionné le marché de la « box » puis de la téléphonie mobile en 2012, créant une pression sur les prix. Depuis, le groupe est devenu le troisième opérateur français avec 10,5 millions d’abonnés sur le mobile et 5,9 millions dans le fixe. Ainsi avec 11,5 milliards de chiffre d’affaires réalisé dans l’Hexagone, Numericable-SFR bat largement Free qui annonce 3,75 milliards de chiffre d’affaires en 2014.

5 – International : Altice


La lutte ne se limite pas au territoire français. Altice a réussi là où Iliad a échoué en rachetant en mai dernier 70 % du câblo-opérateur américain Suddenlink pour 9,1 milliards de dollars. Le patron d’Iliad avait fait une offre de quinze milliards de dollars à l’automne 2014 pour la filiale de Deutsche Telekom outre-Atlantique, T-Mobile US, mais la proposition a été déclinée par l’opérateur allemand. Et lorsque Altice avait dû céder Outremer Telecom à l’occasion de la fusion Numericable-SFR, c’est l’offre de l’opérateur historique de Madagascar, Telma, qui est préférée à celle de Free. Iliad continue pourtant d’avoir des ambitions hors des frontières de l’Hexagone et serait à la recherche d’une nouvelle cible.

Pour Patrick Drahi, en revanche, les succès se sont enchaînés : avant Suddenlink, Portugal Telecom est passé dans le giron d’Altice en décembre 2014, pour 7,4 milliards d’euros. Et si Altice a renoncé à acquérir Time Warner Cable qu’elle convoitait en mai 2015, elle lorgnerait déjà l’opérateur néerlandais KPN.

Résultat : Altice : 4 – Iliad : 1

Grâce à ses acquisitions successives, la société de Patrick Drahi s’impose facilement face à son concurrent Iliad. Les rachats, la valeur boursière ou encore les ventes, tout semble sourire au groupe. Pourtant, les analystes mettent en garde l’entreprise : si ses ratios d’endettement sont soutenables dans le domaine du câble, c’est une tout autre histoire dans celui du mobile. Iliad, quant à elle, poursuit son développement tout en étant rentable. Un avantage de taille si le marché de la dette venait à se resserrer dans les mois à venir.

S.S.S.

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