Les 5 conseils aux entrepreneurs du directeur de Google X
Il dirige l’un des laboratoires les plus innovants et les plus secrets du monde : Google X. Serial entrepreneur, Astro Teller – de son vrai nom Éric Teller – s’est mêlé pour quelques heures aux jeunes start-upers de la capitale. Invité par Numa – une entreprise accompagnant des start-up et qui vient de lever trois millions d'euros –, ce spécialiste de l’intelligence artificielle s’est exprimé devant une salle comble, distillant dans la pure tradition des keynotes ses conseils pour innover.
1. « Have experiences »
« Sais-tu comment devenir expérimenté Astro ? Acquiers de l’expérience. » C’est le conseil déconcertant que lui avait donné l’un de ses mentors alors qu’il peinait à lever des fonds après l’éclatement de la bulle Internet intervenue en 2001. « L’innovation et l’entrepreneuriat font fondamentalement partie du processus d’apprentissage : apprendre, c’est aussi faire des erreurs. »
Pour ce dirigeant de Google, il ne faut pas attendre d’avoir échafaudé l’idée parfaite devant son tableau blanc. « La vraie innovation consiste à fabriquer un produit tout juste bon pour que tu ne saches pas exactement quelle partie va casser en premier. »
2. « Be naive. Do things ten times better rather than 10 % better »
« C’est plus motivant pour les collaborateurs ». Il faut leur donner un objectif ambitieux, susciter leur excitation plutôt que leur demander quelque chose de difficile. « Ils travailleront plus et vous pourrez les payer moins ! », ajoute Astro Teller avec ironie.
La plupart des gens pense qu’il est plus simple d’innover à la marge pour changer le monde. « On regarde les cent principes dictés par les experts du domaine : on essaye de les ajuster, mais cela ne marche pas ». Pour révolutionner un secteur, il vaut mieux « appliquer l’immense majorité de ces principes et en faire sauter trois ou quatre ».
Et pour faire tomber quelques barrières, nul besoin d’être un spécialiste. « Au contraire, soyez naïfs. Si vous êtes expert dans un domaine, allez plutôt innover dans un autre. La naïveté, j’en ai fait ma carrière. »
3. « When you can go faster with partners, go find them »
Un innovateur ne peut pas tout connaître, ni tout maîtriser. « Chez Google X, nous avons mis au point une super lentille de contact capable d’analyser la composition d’une larme et d’évaluer ainsi votre état de santé. En revanche, nous n’avons absolument aucune idée sur la manière de produire dix milliards de lentilles par an. Nous ne savons pas non plus comment les livrer dans les centaines de milliers de pharmacies du monde. C’est pourquoi nous avons noué un partenariat avec Novartis. »
Un entrepreneur doit éviter de perdre son temps. « Pourquoi essayer de redécouvrir ce que de grandes entreprises ont parfois mis cent ans à développer, alors que l’on peut s’associer avec elles », a souligné celui qui gère les projets les plus fous de Google, des lunettes 3D à la voiture autonome en passant par les drones.
4. « Be hungry for feedbacks »
La peur de l’échec pousse certains innovateurs à expérimenter secrètement. « C’est compréhensible parce qu’au milieu de ce processus d’essais et d’erreurs, la plupart des choses que vous allez présenter seront certainement fausses ou inapplicables », reconnaît Astro Teller avant d’ajouter : « vous devez envisager sérieusement ce processus d’apprentissage qui implique d’être à l’écoute des retours d’expérience. »
Ces feedbacks ne seront probablement pas tendres. « Mais vous avez deux options : découvrir vos erreurs suffisamment tôt pour que cela ne vous coûte pas grand-chose ou bien perdre votre temps et dépenser plusieurs milliers d’euros avant de vous apercevoir que votre produit n’était finalement pas adapté. »
5. « Sort your to-do list according to what will teach you the most »
« C’est un jeu que je fais souvent chez Google X ». Tout le monde élabore des listes de tâches prioritaires. « Instinctivement, les collaborateurs placent en haut ce qui fait le plus plaisir à leurs collègues. Quand l’un d’eux vient me voir avec une telle liste, je lui demande de la réorganiser en fonction de ce qui sera le plus instructif. Une fois réalisées les deux premières tâches listées, le résultat conduit généralement à la réorientation complète du projet : simplement parce que le collaborateur aura appris quelque chose. »
À écouter Astro Teller, il s’agit encore et toujours d’apprentissage. C’est l’ultime conseil martelé par ce diplômé des universités de Stanford et de Carnegie Mellon.
JHF