Ce lundi 11 janvier, en présence des ministres Emmanuel Macron et Martine Pinville, le fondateur de vente-privée a inauguré à Saint-Denis un bâtiment iconique. À la confluence de l’art, de l’architecture et du digital, Le Vérone révèle en filigrane l’action constante de Jacques-Antoine Granjon depuis qu’il s’est installé dans le 93 en 1988 : celle de démocratiser l’art contemporain pour en faire un vecteur de lien social dans la cité comme dans son entreprise.

C’est une touche de rose supplémentaire dans la ville rouge de Saint-Denis, où le géant français du e-commerce a été parmi les entreprises pionnières à poser des jalons. Avec l’inauguration du Vérone ce lundi 11 janvier, vente-privée inaugure son sixième site dans ce département du 93 à la réputation sulfureuse. « La force de l’inventivité française n’est pas réservée à une élite de start-up des beaux quartiers », a souligné Emmanuel Macron, ministre de l’Économie. « J’adore ce territoire qui me fait penser au quartier de Brooklyn », compare Jacques-Antoine Granjon qui aspirait à poster à l’entrée de Paris un phare semblable à celui de sa ville natale, Marseille. Pari réussi. Face au Stade de France, l’ancienne tour tripode de neuf étages s’est parée d’une résille en béton fibrée constellée de 1 950 points lumineux en LED qui déclinent à l’infini les lettres « V » et « P », le sigle de la marque. Accrochée sur cette façade, un écran de 102 mètres carrés. Pour vente-privée, la vitrine est exceptionnelle.

 

Chaque jour, 350 000 automobilistes transitent par les axes routiers situés à proximité du bâtiment. L’entreprise dispose ainsi d’un emplacement publicitaire hors du commun. Mais contre toute attente, ce ne sont pas des spots de réclame qui défilent. M. Granjon a choisi de diffuser des messages poétiques et des images artistiques. « Je trouve que l’on pollue assez l’espace », justifie-t-il. Tout un symbole pour la marque qui compte aujourd’hui plus de trente millions de membres.

 

« L’art est un vrai lien social »

En décembre dernier, le nouveau bâtiment de 9 600 mètres carrés réhabilité par l’architecte Jean-Michel Wilmotte a accueilli les équipes informatique, marketing et celles dédiées au voyage, un secteur qui devrait réaliser l’une des plus belles progressions du groupe en 2015 avec une croissance de 30 % et un chiffre d’affaires de près de 190 millions d’euros. Au total, ce sont 430 des 2 500 salariés que compte vente-privée en Seine-Saint-Denis qui ont emménagé dans le Vérone, au milieu des œuvres d’art issues de la collection privée de M. Granjon. Comme cette sculpture en bronze noir de l’artiste Thomas Houseago, Le Cyclope, posté à l’entrée du bâtiment. Ou à l’arrière, ce palmier noir en caoutchouc de sept mètres de hauteur, Le Black Palm Saint-Tropez de l’artiste Douglas White. « C’est la continuation optimiste d’un projet d’entreprise global », explique l’instigateur dans son discours à la presse. Pas seulement. Car avec « JAG » comme on le surnomme, tout est souvent affaire de symbole.

 

C’est d’abord une histoire d’amitié avec le plasticien Pucci de Rossi, disparu en 2013 et dont la ville d’origine était Vérone. C’est aussi le fruit d’une rencontre avec l’architecte Jean-Michel Wilmotte qui a accepté de réaliser ce que M. de Rossi n’a pu achever. C’est le signe d’un engagement vertueux avec l’installation de 160 panneaux photovoltaïques pour optimiser l’efficacité énergétique et la mise en place de minibus 100 % électriques made in France qui font la liaison entre le Vérone et les stations RER. Mais c’est surtout le résultat d’un idéal porté par un entrepreneur-collectionneur qui désire replacer l’art au cœur de la cité. « C’est un vrai lien social », persiste le patron du site de e-commerce qui a fait installer dans le hall d’entrée une œuvre qui délivre par le biais d’un néon lumineux ce message à double sens : « Culture = Capital ».

 

L’ami Pucci

L’homme d’affaires passionné d’art contemporain a en tête la façade des gratte-ciel qui habille les villes de Shanghai, Hongkong et Tokyo. Il veut une devanture innovante, créative, unique au monde et qui fasse parler d’elle. Il confie cette mission au designer Pucci de Rossi. Réalisé à titre posthume, ce frontispice, conceptualisé par Guillaume Lamoureux et Romain Ricciotti, raconte une partie de l’amitié qui unit Rossi et Granjon. À l’instar des multiples objets disséminés ça et là dans les locaux de vente-privée. C’est au Salon de Mars, en 1990, que les deux hommes se rencontrés. C’est là qu’un Jacques-Antoine Granjon fasciné a traversé le Champs de Mars au pas de course pour acheter les trois-quarts de l’exposition. Un coup de foudre amical comme l’entrepreneur-collectionneur en a le secret. « Il a dû considérer que je pouvais être son ami capitaliste », plaisante le patron de vente-privée qui esquisse les traits de son ami plasticien comme ceux d’un « poète libertaire aux accointances communistes ». Ensemble, le duo Rossi-Granjon a créé une kyrielle de projets : de la salle de réunion du board de l’entreprise à l’appartement personnel de M. Granjon en passant par les aménagements du Théâtre de Paris qui devraient être réalisés prochainement.

 

Un hôtel arty à Saint-Denis

Avec l’inauguration du Vérone quinze après la création de vente-privée, son fondateur célèbre la créativité à la confluence de l’art, de l’architecture et du digital. Après trente ans de carrière, JAG vient aussi ce matin du 11 janvier « chercher les augures », selon ses mots. Et ils sont plutôt bons à en croire le patron du site de e-commerce qui devrait annoncer prochainement le retour de la croissance à deux chiffres. De quoi envisager des projets d’agrandissement ? Le terrain en friche situé à l’arrière du Vérone a également été acheté par vente-privée. En coulisses, les spéculations vont bon train. Certains parient sur une école du numérique quand d’autres y voient déjà une extension du Palais de Tokyo dont Jacques-Antoine Granjon a pris la présidence du conseil d’administration en mai dernier. Selon nos sources, un projet se dessine déjà. À l’instar du futur hôtel arty qui devrait voir le jour dans la ville de Saint-Denis financé par M. Granjon et chapeauté par l’architecte Jean-Michel Wilmotte. Et le fondateur de vente-privée de conclure en lançant au ministre de l’Économie : « Il faut donner aux entrepreneurs envie d’avoir envie. » Nul doute que sa success-story en fait rêver plus d’un aujourd’hui.

 

Émilie Vidaud

 

Vente-privée en chiffres

Création en 2001

Le volume d’affaires de Vente-privée devrait atteindre plus de deux milliards d’euros en 2015

30 millions de membres

90 millions de produits vendus en 2015.

800 postes créés en 2015

L’offre vente-privée Le Voyage devrait progresser de 30 % avec un CA de 190 millions d’euros en 2015

En 2015, vente-privée a pris des participations dans le site belge vente-exclusive.com, Misterfly (voyage) et Weezevent (billeterie)

Charles-Hubert de Chaudenay, ancien du Crédit agricole CIB et administrateur de vente-privée depuis 2007, est nommé directeur général en septembre 2015

Fin 2014, vente-privée a fermé sa filiale américaine faute de résultats après trois ans d’implantation

En 2014, vente-privée réalise 1,7 milliard d’euros de CA

13 600 ventes événementielles ont été réalisées en 2014 et plus de 80 millions de produits vendus

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