Et s’il était aussi facile de réserver une voiture qu’une salle de réunion ? C’est le pari lancé par Ubeeqo, qui compte parmi ses clients L’Oréal, Danone ou Airbus. Le cofondateur de la start-up Benoît Chatelier revient sur les grandes évolutions du concept depuis sa création, et notamment sur l’entrée d’Europcar à son capital l’an dernier.

Décideurs. Vous avez créé Ubeeqo en 2008. Comment est née l’idée de ce service d’autopartage ?

Benoît Chatelier. L’idée est venue d’une anecdote du quotidien. En 2007, j’ai retrouvé ma voiture désossée dans mon garage après mon retour de vacances : j’ai réalisé que détenir un véhicule coûtait cher, surtout que je ne m’en servais qu’une ou deux fois par semaine. À partir de là, mon associé Alexandre Crosby et moi avons commencé à réfléchir à un système de location de voiture où l’on pourrait accéder au véhicule grâce à un badge ou un téléphone. C’est comme ça qu’est né un an plus tard Ubeeqo. Nous avons choisi de démarrer avec une approche très BtoB, en positionnant notre service d’autopartage dans les parkings des entreprises. Le principe est très simple : donner aux salariés la possibilité de réserver une voiture en ligne, pour quelques heures ou quelques jours.

 

Décideurs. Comment le concept a-t-il évolué depuis 2008 ?

B. C. Au fil des années, nous avons pris plusieurs décisions stratégiques. En 2009, nous avons décidé de développer notre propre plate-forme, ce qui s’avère aujourd’hui un choix extrêmement stratégique car cette plate-forme est la clé de toutes les offres que nous avons lancées. En 2012, nous avons diversifié notre offre pour les entreprises en proposant des services de gestion de flotte et de budget mobilité. Concrètement, nous nous sommes rendu compte que les salariés d’aujourd’hui – en particulier la génération des 25-35 ans – ne souhaitaient plus forcément de voiture de fonction, mais préféraient avoir la liberté de gérer leurs déplacements avec un budget dédié, le budget mobilité. Nous avons créé une plate-forme multimodale qui prend la forme à la fois d’un site internet et d’une application mobile et permet à chaque salarié de se connecter et de réserver une voiture, un taxi, un billet de train, voire dans certains cas un billet d’avion. Il n’a pas à avancer d’argent ni à faire de note de frais, ce qui est un gain de temps pour lui comme pour l’entreprise. Nous avons également décidé d’étendre Ubeeqo au-delà des frontières françaises dès 2013. Nous sommes aujourd’hui présents en Allemagne, en Belgique, au Luxembourg et en Angleterre et devrions nous développer dans deux à trois nouveaux pays en 2016. Enfin, nous avons lancé une offre BtoC depuis le 15 janvier de cette année.

 

Décideurs. En 2015, Europcar est devenu actionnaire majoritaire d’Ubeeqo. Comment s’est déroulée cette opération et quel est son impact sur votre fonctionnement aujourd’hui ?

B. C. Comme beaucoup de start-up, nous avons besoin de financements pour nous développer. Nous avions le choix entre deux solutions : faire appel à des fonds ou à des industriels. Europcar nous a séduits car même si c’est une grande entreprise, elle reste souple dans sa structure. Elle est présente dans plus de cent pays dans le monde, et a décidé d’entreprendre un plan de transformation ambitieux pour devenir fournisseur de solutions de mobilité et plus seulement loueur. Il y a des synergies évidentes, notamment commerciales ou en termes de bases de données clients. Nos stratégies de long terme se rejoignent, et la capacité de financement du groupe nous permet d’accélérer. Tout cela en conservant notre autonomie, car Europcar a souhaité nous laisser le plus d’indépendance possible pour préserver l’esprit start-up d’Ubeeqo.

 

Propos recueillis par Camille Prigent

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