La tech française a levé près de deux milliards d'euros en 2016. Un montant record dévoilé dans une récente étude de CB Insights, et qui permet à l’écosystème français de prendre la deuxième place du classement européen en matière d’investissements, juste derrière l’Angleterre.

La tech française se porte bien. C’est d’ailleurs une réelle démonstration de force qu’a opéré la French Tech lors du Consumer Electronic Show de Las Vegas, le grand rendez-vous annuel mondial de l’électronique grand public, qui s’est déroulé du 5 au 8 janvier 2017. 233 start-up tricolores ont fait le déplacement, dont 178 dans l’Eureka Park, un espace dédié aux jeunes pousses. Un chiffre qui place la France en deuxième position avec 32 % de start-up représentées, juste derrière les États-Unis et ses 203 start-up. Les investissements confirment ce succès. Une étude récente de CB Insights, révèle que 2016 est l’année de tous les records en la matière. Si 53 % des start-up françaises ont eu du mal à se financer en 2015 selon le baromètre de Syntec Numérique, la France s’installe en 2016 à la deuxième place du classement européen des investissements. Elle double ainsi l’Allemagne avec 486 opérations de financement sur l’année mais reste derrière l’Angleterre qui en comptabilise 909. Les montants levés par l’écosystème start-up atteint également des records en volume avec plus de deux milliards d’euros.

La médaille d’or revient au groupe OVH, le premier hébergeur européen de sites Internet, qui a levé 250 millions d’euros en août 2016. Il est suivi par le spécialiste des solutions connectées Sigfox et son tour de table de 150 millions d’euros, et plus récemment Devialet, fabricant de matériel sonore haut de gamme, qui a ouvert son capital à hauteur de 100 millions d'euros. Internet et le mobile ont représenté 90 % des opérations de financement en 2016. La France attire donc… et Paris plus particulièrement. Si les métropoles et leurs entreprises high-tech accueillent des investissements prometteurs avec huit levées de fonds à Montpellier, six à Lille et à Grenoble et cinq à Marseille, c’est encore faible comparé à la capitale qui en a réalisé 162 avec un beau trio de tête : Octo Technology (61 millions de dollars), Blablacar (24 millions de dollars) et Zenly (23 millions de dollars).

 

La traversée de l’Atlantique

Mais qui sont ces investisseurs qui aiment de plus en plus la French Tech ? Sans surprise, l’étude de CB Insight révèle qu’ils sont… français ! BPIFrance joue son rôle de locomotive du financement de l’innovation, et Kima Ventures, le fonds de Xavier Niel, tient ses promesses en investissant dans deux à trois start-up par semaine en France et à l’étranger. Une étude de Chausson Finance souligne cependant que le nombre d’investissements réalisés par des fonds étrangers dans l’écosystème de start-up françaises a doublé en quatre ans. Il est passé de 23 sur la période entre 2009 et 2010 à 65 de 2015 à 2016. Les investisseurs anglais et américains se sont montrés les plus aventureux avec respectivement 35 % et 32 % des opérations réalisées par des fonds étrangers. Ils ont d’ailleurs tendance à plus miser sur des projets en phase d’amorçage, témoignant d’une plus grande prise de risque.

 

Des efforts récompensés

Pour le directeur exécutif du groupe Cisco, John T. Chambers, « la France a montré une capacité remarquable à s’adapter dans un monde changeant ». Avec l’ouverture en 2012 de BPIFrance, banque publique d’investissement chargée de soutenir les entreprises innovantes de petite taille notamment, en appui des politiques publiques, d’une part. Et la création de la marque « French Tech », visant à valoriser l’écosystème des start-up françaises en France et surtout à l’International d’autre part. Le gouvernement français a conscience du levier de croissance que représente son écosystème de start-up, et ses efforts commencent à porter leurs fruits. D’autres raisons de ce succès peuvent être évoquées, comme une meilleure connaissance des atouts structurels français, avec la présence de fonds étrangers importants comme Accel ou Index Ventures sur le sol hexagonal depuis plusieurs années. Ou encore une plus grande maturité des entrepreneurs français et une accélération du rythme de croissance des start-up. 98 % des jeunes pousses nationales créées il y a trois ans font aujourd’hui du chiffre d’affaires à l’international. Une tendance prometteuse… Mais a-t-elle des chances de se poursuivre en 2017 ?

 

Un début d’année sur les chapeaux de roue

Avec des investissements à hauteur de 194,6 millions d’euros sur le seul mois de janvier, la réponse est positive! Le montant est inférieur de 17 % à celui de l’année dernière, en raison de la levée de 100 millions d’euros de Deezer, mais le nombre d’opérations est quasi similaire avec 59 opérations, pour 60 en 2016. À peine l’année commencée, les annonces d’investissement se sont multipliées avec 58 millions d’euros investis au capital de Vestiaire Collective, 26 millions d’euros levés par Doctissimo, 18,5 millions par Qwant et 14 millions d’euros investis par Alstom au capital d’Easymile. On peut même parier sur une accélération du rythme des investissements avec l’ouverture de Station F en avril, qui promet d’être le plus grand incubateur mondial. Les fonds d’investissement Daphni, Ventech et Kima Ventures ont déjà annoncé leur présence sur cette plate-forme de 34 000 mètres carrés pouvant accueillir 1 000 start-up du secteur du numérique. De même que Facebook par l’intermédiaire de son éminente émissaire : Sheryl Sandberg. En région, les incubateurs semblent pousser comme des champignons. On retiendra l’importante plate-forme EuraTechnologies, à Lille, qui a hébergé en 2016 un centaine de start-up. Rien ne semble pouvoir arrêter l’ascension fulgurante de la tech française, pas même l’incertitude liée à la future élection présidentielle.

 

Marion Robert

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