Mathieu Gallet est revenu à la charge pour une extension de l'assiette de la redevance à tous les foyers : si la radio publique marche très fort, la pub ne compense pas les coupes dans les budgets, la chaîne info et la montée en puissance du numérique.

« On va être obligé d’augmenter la redevance : 95 % des revenus de Radio France viennent de là, sauf que maintenant il y a une chaîne d’info en plus à financer… » Ses propos ne viennent pas de Mathieu Gallet, le président de l’institution publique, mais de Christine Kelly, journaliste passée par le CSA, qui poursuit son projet muséal de véritable observatoire du PAF avec la Villa Média (lire son interview sur le site Décideurs ou dans le numéro de février 2017). Le dirigeant de la Maison ronde ne demande pas autre chose et avance un argument supplémentaire dans une interview au Monde : « Quand la redevance a été créée, le numérique n'existait pas. » Ce mode de diffusion, qui  représentait 1 % du budget à son arrivée en 2014, a effectivement doublé et s’établit dorénavant à douze millions d’euros. « Je pense qu'une réforme est absolument indispensable si l'on ne veut pas connaître une baisse de nos ressources. » L’idée serait d’étendre la somme ponctionnée à tous les foyers, comme en Allemagne (17,98 euros chaque mois, dès lors qu’on possède un appareil capable de recevoir les flux radio ou TV publics), et non plus aux seuls possesseurs de postes télé : « Beaucoup n’en achètent plus »… mais ne se privent pas des rediffusions sur d’autres supports.

Du côté du gouvernement, si celui-ci dit toujours réfléchir à la question du financement, il précisait l’année dernière qu’il ne jugeait pas  « opportun de mettre en œuvre cet élargissement de l'assiette », qui aurait pu rapporter 126 millions d’euros : il faut dire qu’à l’époque, le Président était tout à son « allègement » de la fiscalité des Français… et encore candidat potentiel à la mandature suprême.

50 millions de podcasts 
en décembre 2016

 

La piste podcasts

Mathieu Gallet précise que le numérique constitue en lui-même une autre source de revenus complémentaires à développer, constatant que l’apparition de la publicité dans les podcasts n’a pas fait baisser leur audience. Leur croissance constante en témoigne : en décembre 2016, 50 millions de podcasts ont été écoutés, contre 45,6 millions le mois précédent (ce qui représentait déjà une hausse de 78 % sur un an) et France inter peut se vanter d’être « la première radio numérique ».

Les seize millions d’euros de pertes prévus en 2016, qui devront être réduits cette année – avec un objectif d’équilibre en 2018 –, n’empêchent pas le P-DG du groupe public d’avoir des « projets clés » pour 2017 : « Proposer au public de constituer sa radio sur mesure, dans un flux que chacun pourra programmer en piochant dans nos programmes » et « diffuser en live streaming les quelque 200 concerts que nous organisons par an ». Et un deuxième mandat « au moins » ne semble pas de trop au jeune patron pour voir la fin de l’ensemble des travaux qui bousculent la vénérable maison. D’autant qu’il sait que la réforme de la redevance dépend maintenant d’une autre mandature en cours de renouvellement : celle de président de la République.

 

Quentin Lepoutre

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