Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du numérique et de l’innovation, quitte ses fonctions au sein du gouvernement afin de rejoindre l’équipe de campagne de Benoît Hamon. Le secrétaire d’État chargé de l’industrie, Christophe Sirugue, prendra sa succession.

Le lundi 25 février à 18h, Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du Numérique et de l’Innovation, a démissionné du gouvernement pour se consacrer à la campagne présidentielle de Benoît Hamon pour laquelle elle est chargée de la « mission Innovation 2025 ». Dans les colonnes de Libération, elle explique sa décision : « En toute transparence et en toute clarté : je quitte le gouvernement ». Axelle Lemaire compte également se représenter aux législatives de juin prochain dans la 3e circonscription des Français de l’étranger, regroupant les îles britanniques, les pays nordiques et les pays baltes. Cette franco-canadienne le reconnait : « En 2012, lorsque j’ai été candidate sur cette circonscription, j’ai eu besoin de deux ans. Aujourd’hui, faire une campagne éclaire alors que le moment, avec le Brexit, est historique, c’est impossible ».

 

Une « outsider » au gouvernement

Il fut difficile à Axelle Lemaire de s’imposer après Fleur Pellerin, ministre déléguée au numérique pendant presque deux ans. Son départ avait suscité une vive émotion dans la sphère numérique et high-tech française. Le hashtag « #KeepFleur » avait même fleuri sur les réseaux sociaux en soutien à la ministre seulement quelques minutes après l’annonce de la composition du premier gouvernement Valls en avril 2014.  Ce mouvement, lancé par l’animateur Stéphane Soumier de BFM Business, avait été repris aussi bien par des personnalités du web que par des chefs d’entreprises.  

Arrivée en tant qu’ « outsider » et novice en numérique, Axelle Lemaire a cependant su trouver sa place durant ses trois années sous l’autorité du ministère de l’Économie. Elle quitte le gouvernement avec elle aussi son propre hashtag « #MerciAxelle » relayé par les acteurs du milieu du numérique, des grandes entreprises aux start-up. Olivier Mathiot, cofondateur de PriceMinister et président de France Digitale, la remercie notamment d’avoir « œuvré pour que la France devienne une startup nation ». Il ajoute que « le chemin est encore long mais excitant ! ». Par son implication, Axelle Lemaire aura donc réussi à faire bouger le numérique et le milieu le lui rend bien.

 

« Je pense avoir rempli ma mission au gouvernement ».

Entrée au sein du gouvernement en 2014, Axelle Lemaire quitte le bateau à huit semaines du premier tour de l’élection présidentielle. « Je pense avoir rempli ma mission au gouvernement. Je serai désormais plus utile en dehors du gouvernement qu’à l’intérieur » déclare-t-elle dans son entretien à Libération.

Elle compte parmi ses faits d’armes la loi « pour une République numérique » promulguée le 7 octobre 2016 dont elle est très fière « d’autant plus qu’elle a été adoptée à l’unanimité ». Celle-ci tend à favoriser l’ouverture et la circulation des données publiques, à garantir un environnement numérique ouvert et respectueux de la vie privée, et à veiller à la neutralité du Net. Mais l’une de ses plus grandes fiertés reste la « Grande École du numérique » qui vise à soutenir l’insertion professionnelle des jeunes en les formant aux métiers du numérique. L’École compte un réseau de 268 formations reconnues pour leur qualité et le gouvernement a pour objectif de former 10 000 apprenants d’ici la fin 2017. Axelle Lemaire a également repris les rênes de la French Tech initiée par son prédécesseur Fleur Pellerin pour laquelle elle a beaucoup parcouru le monde. Une belle réussite qui a permis de ressusciter l’innovation française aux yeux du monde et de l’exporter à travers les grands salons internationaux.

Axelle Lemaire ne s’est pas arrêtée là. Elle retient également de son passage au gouvernement le plan « France très haut débit » et la stratégie nationale en intelligence artificielle. « À chaque fois, j’ai essayé de m’appuyer sur ceux qui font, selon un schéma horizontal et collaboratif, pour définir les politiques publiques » explique-t-elle au journal Libération. Mais l’ancienne secrétaire chargée du numérique ne s’est pas toujours entendue avec ses collègues du gouvernement, notamment lors de l’adoption de la loi Renseignement, très critiquée par les défenseurs des libertés publiques et individuelles et les professionnels du milieu numérique. Axelle Lemaire a en effet vivement désapprouvé la création du « fichier TES » (titres électroniques sécurisés) regroupant les données personnelles des Français. Des tensions sont alors apparues avec Bernard Cazeneuve, alors ministre de l’Intérieur, qui ne l’a pas consultée avant de faire passer en toute discrétion le décret autorisant la création d’un tel fichier publié au Journal Officiel du 1e novembre 2016. Axelle Lemaire affirme aujourd’hui qu’elle a « joué son rôle de lanceuse d’alerte » sur le sujet.

 

Les quelques regrets d’une « bonne élève »

Fière de son bilan, elle concède néanmoins à Libération que « les marges de manœuvre qui [lui] ont été confiées ne permettaient pas de proposer des projets qui entraient dans les cases ». Elle déplore notamment le manque de budget alloué au secteur du numérique : « Nous consacrons 2,2% de notre budget national à la recherche et développement. On est loin des pays les plus innovants du monde, dont les pays d’Europe du Nord, qui ont à la fois un niveau élevé de dépenses publiques et d’innovation ». Axelle Lemaire regrette également que son secteur n’ait pas été érigé au rang de « priorité budgétaire ».


Margaux Savarit-Cornali

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