Aux États-Unis, un homme a été arrêté pour un cyberharcèlement quelque peu atypique : l’envoi d’un tweet contenant un GIF ayant provoqué une crise d’épilepsie à son destinataire.

Le 15 décembre 2016, après avoir vivement critiqué la future administration républicaine lors d’un débat télévisé l’opposant à l’éditorialiste Tucker Carlson, le journaliste et auteur américain Kurt Eichenwald, connu pour ses positions anti-Trump, reçoit sur Twitter de nombreux messages de haine. Parmi ces derniers, celui d’un certain @jew_goldstein contenant un avertissement – « Tu mérites de faire une crise à cause de tes posts » - accompagnée d’une image animée stroboscopique déclenchant chez lui une crise d’épilepsie. Kurt Eichenwald n’ayant jamais caché souffrir de cette affection, l’envoi de ce tweet n’est assurément pas le fruit du hasard. Par chance, sa femme a pu rapidement lui porter secours mais le journaliste gardera des séquelles physiques pendant plusieurs semaines. Il dépose alors une plainte. Après plusieurs semaines d’enquête menée par le FBI, John Rayne Rivello est identifié comme l’auteur du tweet incriminé, trahi par son compte iCloud utilisé par l’iPhone avec lequel il avait envoyé le message. Arrêté chez lui le 17 mars dernier, il est inculpé pour « coups et blessures volontaires avec une arme mortelle »

 

Le GIF comme arme du crime

Le 20 mars, le « Grand Jury » d’un tribunal du Texas chargé de l’affaire a estimé qu’un GIF animé pouvait être considéré comme une arme mortelle, au même titre qu’une arme à feu ou un couteau. Une décision sans précédent dans l’histoire juridique américaine. Pour la première fois, un individu est considéré comme capable de causer des dommages physiques, et non plus seulement émotionnels. Comme l’explique le New York Times dans ses colonnes, « les procès concernant le harcèlement et l’intimidation en ligne se concentrent habituellement sur la manière dont le contenu, comme des messages et images désobligeants et violents, peut blesser émotionnellement et même augmenter le risque de suicide » chez les victimes. Et l’avocat du journaliste, Steven Lieberman, l’assure : l’utilisation d’une lumière stroboscopique dans un GIF est semblable à « l’envoi d’une bombe dans un courrier ou d’anthrax dans une enveloppe ». Cette décision ouvre la voie à une justice d’un nouveau genre, prenant en compte l’effacement des frontières entre les mondes physique et virtuel.

 

John Rayne Rivello, jeune Américain de 29 ans, sera jugé à Dallas dans les mois qui viennent et risque jusqu’à dix ans de prison s’il est reconnu coupable des faits. Quand Internet devient une arme …


Margaux Savarit-Cornali

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