Actif en Afrique depuis 1971, Merck s’est engagé à fournir un accès à des solutions de santé durables qui contribuent à améliorer la qualité de vie des Africains. Le point sur la stratégie de Merck en Afrique et l'état des lieux du marché pharmaceutique africain.

DÉCIDEURS. Comment décririez-vous l’approche de Merck en Afrique ?

Karim Bendhaou. Merck est une firme de science et de technologies qui adopte une position « afro-optimiste ». L’Afrique suscite chez nous le même intérêt que d’autres zones émergentes telles que la Chine, l’Inde ou le Brésil, mais l’approche est différente. Il ne s’agit pas d’une approche unifiée mais spécifique aux cinquante-quatre pays pris individuellement. À ce titre, nous privilégions les installations physiques dans chacun d’entre eux. À l’horizon 2020, la moitié de la population africaine vivra dans les grandes villes. Notre souhait est de cibler les métropoles, sans oublier de fournir aux zones rurales et aux petites villes l’ensemble de nos services. Notre offre ne doit pas seulement proposer un traitement de la maladie mais garantir un support complet aux patients, notamment par le biais de conseils hygiéno-diététiques. Ceci est possible grâce aux nouvelles technologies qui nous permettent de communiquer à distance avec nos patients.

Quelles sont les particularités du marché pharmaceutique en Afrique ?

À l’exception de l’Afrique du Nord et de l’Afrique du Sud, le marché pharmaceutique africain est marqué par l’absence de systèmes d’assurances et d’aides sociales. Les Africains paient eux-mêmes leurs traitements. Cet autofinancement constitue l'une des difficultés majeures à laquelle nous faisons face pour prendre en charge les pathologies qui affectent le plus le continent. La médecine africaine ciblait initialement les maladies transmissibles qui étaient généralement traitées par l’antibiothérapie. Aujourd’hui, les maladies non transmissibles ont alourdi le budget des patients. Le secteur public et le secteur privé ne peuvent pas séparément résoudre ces problématiques. Nous misons avec beaucoup d’optimisme sur la coopérationavec les États par le biais des PPP pour traiterles enjeux de santé publique du continent. La contrefaçon de médicaments tue des centaines de milliers d’Africains chaque année.

Comment enrayer ce fléau ?

30 à 40 % des médicaments du continent sont contrefaits et ce fléau touche une population majoritairement pauvre. C’est une activité très lucrative et très peu sanctionnée par les autorités judiciaires locales, ce qui rend plus difficile la lutte. Ce phénomène a envahi les marchés d’Afrique du Nord – suite aux printemps arabes – et risque de s’étendre à l’ensemble des marchés mondiaux. Merck s’est très tôt engagé dans l’identification des médicaments contrefaits. Nous avons ainsi financé une start-up qui a mis en place un système de code sur les boîtes de médicaments. Les patients envoient ce code par SMS à un numéro vert et sont immédiatement informés si le médicament est contrefait. Lors d’une saisie de médicaments par la douane ou la police, les échantillons sont analysés mais dans un délai de trois semaines, ce qui laisse le temps aux suspects de disparaître. Nous avons donc créé des laboratoires mobiles, des « minilabs », qui permettent d’analyser quatre-vingts types de médicaments sur place et de poursuivre immédiatement les trafiquants. Plus de 700 minilabs ont été distribués aux gouvernements, aux services des douanes, aux hôpitaux et aux pharmacies.

Comment Merck est-il impliqué dans le développement des communautés locales ?

Nous sommes très engagés dans la formation des futurs personnels de santé – pharmaciens, médecins, infirmiers – afin qu’ils atteignent des standards de santé très élevés et de diminuer le risque d’erreur de manipulation de nos produits. Aussi, en tant que leader mondial du traitement contre l’infertilité, nous sommes très sensibles à la problématique de stigmatisation des femmes infertiles ou jugées comme telles dans les sociétés africaines traditionnelles. Même si bien souvent l’origine de l’infertilité n’est pas féminine, elles sont systématiquement exclues du système social et rejetées par leurs clans. Le programme « Merck : More than a Mother » redonne à ces femmes une dignité et favorise leurs réinsertions sociales en les aidant à ouvrir un commerce. La femme africaine ne doit pas être réduite à sa fonction de mère car elle a une rôle social primordial à jouer. Enfin, Merck a contribué à l’éradication de la bilharziose, une maladie tropicale due à un ver, en distribuant à titre gratuit et avec l’aide de l’OMS, un traitement antiparasitaire à près de 70 millions d’enfants africains.

 

Lynda EL MEZOUED

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