Loïc Deffains (Unitee.io) : « Notre approche de co-investissement plaît beaucoup aux start-up et aux PME »
Décideurs. Quelle offre unitee.io propose aux sociétés souhaitant développer des projets numériques ?
Loïc Deffains. Nous proposons à nos clients (PME et ETI) une approche de leurs problématiques en mode "startup studio". À chaque sollicitation, nous identifions une opportunité de créer un produit. Nous nous impliquons financièrement dans les projets que nous sélectionnons et nous sommes rémunérés à la réalisation mais aussi, voire surtout, au succès. En fonction du degré d'implication attendu par nos clients, nous pouvons leur proposer trois types d'offre :
- la création d'un produit pour un client, qui en reste propriétaire et qui porte sa commercialisation. Dans ce cas, nous n'intervenons que sur la conception du business model et la conception technique du produit.
- la création d'un produit pour un client, avec qui nous partageons la propriété intellectuelle, via la création d'une startup en joint-venture (JV) ou via un contrat de partenariat. Nous portons toute la composante SI (à la manière d'un CTO externalisé) mais c'est notre client/associé qui se charge de la commercialisation, du marketing et du pilotage de la structure.
- la création d'une start-up en autonomie ou en JV avec notre client et prise en charge de l'ensemble des actions de développement de la société (marketing, commercialisation, maintenance logicielle, support utilisateurs, financement, pilotage, …) avec les membres Ünitee, spécialistes de la création et du lancement de start-up.
Quelle équipe déploie les projets de votre société ?
Ünitee, c'est actuellement un collectif d'une quinzaine de développeurs web et une demi-douzaine de profils supports (business model/marketing/communication/sales). Pour la plupart, nos développeurs ont connu le monde de la SSII/ESN et des éditeurs de logiciels, et souhaitent maintenant travailler différemment.
« À chaque sollicitation, nous identifions une opportunité de créer un produit »
Pourquoi faire appel à vos services plutôt qu'à un développeur freelance, parfaitement indépendant et sans doute moins cher ?
Premièrement, ce n'est pas dit qu'un développeur freelance soit moins cher, dans la mesure où les projets sur lesquels nous intervenons requièrent le plus souvent des compétences complémentaires qu'un développeur ne maîtrise pas toujours à lui seul. La diversité des profils de développeurs au sein de notre réseau nous permet de former des « équipes projet » adaptées à la solution attendue par le client. Faire appel à nous, c'est aussi s'assurer d’un suivi à long terme. Nous avons la capacité de fournir une maintenance du produit délivré alors qu'un développeur freelance travaille traditionnellement sur une mission de courte durée, ou en sous-traitance d'une ESN. De plus, en fonction de ce que nous identifions comme marché potentiel, nous proposons à nos clients de co-investir dans la réalisation de leur produit, ce qui veut dire que le coût résiduel pour lui peut-être moins important qu'avec un ou plusieurs freelances ou encore une société de service traditionnelle. Enfin, puisque nous sommes intéressés à la réussite du projet, nous avons tout intérêt à le sortir le plus rapidement possible et avec le moins de maintenance corrective ! Nous ne sommes pas payés en régie mais au forfait !
Quels sont les freins traditionnels détournant les clients potentiels d'un partenariat en joint-venture avec votre société ?
Notre démarche de co-investissement plaît beaucoup aux entreprises car elles y voient l'intérêt de travailler avec un partenaire impliqué et concerné. Un partenaire qui n'est pas là pour vendre des jours de prestation mais bien pour délivrer un produit qui trouve son marché. Toutes ne sont pas encore prêtes à franchir le cap de la création d'une JV, c'est peut-être ça le frein le plus important. C'est en démontrant que les JV précédentes ont été créées à bon escient que nous démontrerons le bien-fondé de cette approche.
« Attirer plus de développeurs reste pour nous une priorité »
Votre business model, fondé sur l'estimation du potentiel des projets à réaliser, vous contraint-il à refuser beaucoup de clients ?
Nous ne sommes effectivement pas en mesure de répondre à toutes les sollicitations que nous recevons. Notre approche de co-investissement plaît beaucoup aux start-up qui voient en nous un partenaire idéal pour développer leur idée à moindre coût. Toutefois, nous ne nous concentrons pas uniquement sur cette population. Nous cherchons à attirer les PME/ETI qui ont des idées et surtout un marché bien réel. De plus, nous ne sommes aujourd'hui qu'une vingtaine dans la société et nous ne pouvons pas accepter tous les projets se présentant. Nos développeurs nous demandent également de travailler sur des projets à fort potentiel ou avec un ROI à court ou moyen terme. Nous devons donc bien choisir les projets qui nous occupent.
Quels sont vos objectifs pour l'année à venir ?
Nous allons continuer de nous développer sur la région rennaise, en proposant notre offre aux entreprises du grand ouest et de la région parisienne, à 1h25 en TGV de chez nous. Attirer plus de développeurs (freelance et salariés) reste pour nous une priorité, et notre approche fondée sur le partage de la valeur créée semble plaire aux parisiens qui n’hésitent plus à nous rejoindre ! Nous projetons également d'ouvrir à Rennes un lieu de création numérique pour les PME/ETI qui souhaitent innover sur leur marché, en utilisant l'agilité du monde de la start-up. Nous embarquons autour de nous des spécialistes de l'intrapreneuriat, de l'open innovation et nous allons mettre sur pied un programme de test d'idées à destination des sociétés intéressées par cette démarche pragmatique pour innover. Enfin, nous sommes également en train de mettre en place un partenariat avec une école de commerce et une école d'ingénieur de la région pour embarquer dans le lancement de nos start-up des étudiants de cinquième année en stage de fin d'étude, qui pourront se confronter à la vie d'entrepreneur du numérique, dans un contexte idéal, entourés de spécialistes, pour prendre éventuellement la tête de l'une d'entre elles.
Propos recueillis par Thomas Bastin (@ThBastin)