Grégoire Mulliez (ToucheTaCom) : « Une mise en relation rémunérée, accessible à tous »
Décideurs. Comment vous est venue cette idée de start-up ?
Grégoire Mulliez : J’ai développé cette société touchetacom.com, avec Victor Ségard, mon cousin. Notre grand père avait une entreprise de négoce de tissus, qui a été reprise par notre oncle. Plusieurs générations d’agents commerciaux revenaient de tournée en nous demandant des tissus ou produits que nous ne faisions pas. Et comme le salaire des agents commerciaux est basé sur leurs commissions, ils se retrouvaient avec un manque à gagner. C’est donc en essayant de trouver des solutions à ce problème que nous avons eu l’idée de TouchetaCom.
Nous nous sommes rendu compte que fournir une information qui ne sert pas, peut-être susceptible, d’interresser un agent commercial qui en a besoin et qui percevra une commission sur l’échange de renseignement. C’est comme ça que l’idée est née. On en a parlé avec des professionnels de différents pôles d’activité. Nous avons alors réalisé qu’il y avait un potentiel énorme (en particulier dans l’immobilier, le digital, l’événementiel) et que cela permettait d’aller encore plus loin, en repensant une partie de leur stratégie commerciale.
Comment définissez-vous les missions de votre start-up ?
En fait, nous avons deux missions. La première est de permettre à tous d’avoir un revenu complémentaire, d’exploiter les informations commerciales et les besoins clients dont ils ont connaissance. La seconde, la principale, est d’aider les entreprises à trouver de nouveaux clients. Comment ? En leur permettant de mobiliser leur réseau pour aller chercher les informations à la source. Le but étant d’envisager les contacts comme des apporteurs d’affaires.
Aujourd’hui, les sociétés ont recours à des forces commerciales classiques, basées sur des agents commerciaux. Nous souhaitons innover en leur permettant de transformer l’ensemble de leurs contacts, qu’ils soient prestataires, partenaires ou même clients, en apporteurs d’affaires. Un exemple : un agent immobilier est à la recherche de biens immobiliers. Il va mobiliser ses contacts pour trouver de nouveaux biens à vendre, en échange d’une contrepartie. Du coup, cela va inciter la boulangère, le boucher ou autres personnes, à faire remonter l’information à l’agent immobilier. Le tout en échange d’une commission (sur la vente du bien). Cela équivaut à une mise en relation rémunérée, accessible à tous.
Comment pouvez-vous démocratiser les commissions des apporteurs d'affaires dans un climat de confiance ?
L’outil que nous avons créé fournit tous les éléments nécessaires pour faire de l’apport d’affaires : le contrat, le système de paiement en ligne et un système de facturation automatique pour que l’entreprise puisse intégrer le coût de la commission à sa propre comptabilité. Ainsi, nous rendons l’apport d’affaires accessible à tous et simplement.
Quant à la confiance, elle s’instaure grâce à un système de notation. Tous les utilisateurs, une fois entrés en contact, se notent mutuellement. Les notes et commentaires sont visibles par tous. De plus, nos équipes étudient de près les inscriptions des nouveaux membres.
Quels sont les critères de versement de la commission ?
Les commissions sont fixées par l’apporteur d’affaires, qu’il s’agisse d’un particulier ou d’un professionnel. Il détermine la commission soit en pourcentage du chiffre d’affaires HT généré par l’entreprise soit en nominal (tant d’euros pour cette affaire). Donc effectivement, à partir du moment où l’on commence à le faire de manière très régulière et sur des affaires de grande envergure, cela peut devenir une activité à part entière. Notre rôle n’est pas de réinventer le métier, mais seulement de le démocratiser. Le but est de permettre à tout le monde de présenter un client potentiel à une entreprise en échange d’une commission.
Quelles sont les situations où les transactions n’ont pas lieu ?
Il n’y a pas de transaction lorsque la mise en relation n’aboutit pas. À cela plusieurs raisons : le client a pu choisir un autre prestataire, le prestataire présenté ne lui convient pas, ou encore le besoin du client a évolué. Dans tous ces cas, bien entendu, l’apporteur ne touchera pas sa commission. Pour que l’entreprise paie la commission de l’apporteur, il faut qu’elle ait fait affaire et qu’elle ait été payée par le client présenté.
« Le but est de permettre à tous de présenter un client potentiel à une entreprise en échange d’une commission »
Quelles commissions perçoivent les personnes qui apportent de nouveaux clients ? Et que percevez-vous, vous-même ?
Les apporteurs d’affaires déterminent, lors du dépôt du lead, la commission qu’ils souhaitent. Nous considérons qu’ils sont les seuls capables de valoriser le lead. En revanche, une discussion entre l’entreprise et l’apporteur est possible afin de la renégocier avant de signer le contrat.
Le service actuel de TouchetaCom est entièrement gratuit. Nous ne touchons pas de commission sur la mise en relation directe. Aujourd’hui c’est un peu comme sur Le Bon Coin. C’est-à-dire que tout le monde peut publier un besoin client dont il a connaissance et celui-ci est mis à la vue de tous. Les prestataires intéressés vont ensuite contacter l’apporteur via l’interface afin d’avoir les coordonnées. En parallèle, nous développons une nouvelle offre propre aux entreprises, qui sera facturée, et qui leur permettra d’avoir l’exclusivité d’une affaire apportée. Cette offre sera disponible dans les prochaines semaines.
Pour quels types d’entreprises cette plate-forme est-elle conçue ?
Le service peut être utilisé par toutes les entreprises, quel que soit le secteur d’activité. Dès qu’il y a une mise en relation d’affaires, alors TouchetaCom peut être utilisé. Néanmoins, si l’on devait cibler, nous serions davantage destinés à des TPE/PME, ayant une forte proximité avec leur réseau et qui souhaiteraient le transformer en apporteur d’affaires potentiel.
Par exemple, actuellement nous sommes en relation avec une SSII (société dans l’informatique) qui envisage d’utiliser TouchetaCom pour inciter toutes les personnes qui connaissent ce service de lui trouver de nouveaux clients et de les lui faire remonter. Une partie de son développement commercial sera ainsi basée sur la puissance de son réseau. Grâce à cela, elle fédère autour de ses services et améliore sa réputation.
Pour les entreprises ayant une faible puissance commerciale, c’est l’opportunité d’élargir leur force de vente de manière exponentielle. C’est vrai aussi pour n’importe quel corps de métier, mais des entreprises plutôt d’une taille entre TPE et PME. Nous visons des sociétés qui souhaitent se développer et trouver une nouvelle manière de communiquer. En général, ces structures-là sont assez proches de leurs utilisateurs ainsi que de leurs anciens clients. C’est avec ces sociétés que nous communiquons.
Cela était possible avant, c’était du « bouche à oreille », tout simplement. Mais les entreprises manquent d’initiatives ou oublient de le faire. Donc elles passent par nous. La plateforme offre un moyen de rémunérer ceux qui vont leur ramener de nouveaux clients. C’est un plus. Nous permettons aux entreprises non pas de commercialiser directement leur offre avec un certain nombre de commerciaux, mais d’utiliser tous leurs réseaux (qui connaissent très bien leurs produits), afin de commercialiser et trouver une nouvelle clientèle.
Peut-il y avoir des débordements dans les offres qui sont postées sur le site, tels que prostitution, drogue … ?
Les risques existent toujours. En revanche, on a un service présent sur la plateforme afin de valider les offres postées. On surveille le site. Donc, si demain il y avait le moindre problème, nous disposons d’une charte éthique qui nous permet de supprimer l’annonce et ensuite l’ensemble des comptes associés à l’annonce.
J’espère que cela ne nous arrivera pas. Toutefois, si cela devait se produire, les utilisateurs peuvent aussi nous signaler les affaires potentiellement incorrectes. Dans tous les cas, nous avons mis en place une double vérification. En cas d’anomalie, on contrôle et appelle les personnes afin de se renseigner. Évidemment, si le deal s’avère illégal, on supprime le tout. Il n’est pas dans notre intérêt, ni celui des utilisateurs de les maintenir.
Sur TouchetaCom, toutes les offres postées sont vérifiées par nos équipes et respectent notre charte éthique. Nous comptons également sur la communauté, pour que nos utilisateurs nous fassent remonter tout anomalie ou contenu déplacé via un bouton de signalement. Nous accordons beaucoup d’importance à la qualité et à la pertinence des leads postés.
Sur votre site internet, vous indiquez que votre start-up est 100 % sécurisée. Comment certifiez-vous l’absence de risque aussi bien sur le paiement de la commission, les nouveaux clients, les apporteurs et le risque des entreprises ?
La sécurité du site est testée régulièrement au moyen de plusieurs tests et analyse. Pour le paiement de la commission, nous bénéficions de l’expertise de notre plateforme prestataire de paiement. Elle travaille déjà avec de grosses entreprises qui doivent faire face aux mêmes contraintes de risques que nous.
On aime dire que le système est vertueux car personne ne prend de risque. C’est gagnant-gagnant ou rien du tout. L’entreprise ne paie la commission que si elle a fait affaire avec le client présenté. Donc, aucune sortie de trésorerie n’est demandée avant d’avoir assuré une augmentation du CA de la société. L’apporteur est protégé grâce au contrat signé entre lui et l’entreprise au début de la relation, ce qui lui garantit sa commission lorsque celle-ci est due.
Coline Ziegler (@colineziegler)