Pour entamer le mois de septembre de la meilleure des manière, Décideurs Magazine vous présente ses trois romans favoris.

Parole d’homme

À chaque rentrée ses rituels. Comme on attend le dernier Woody Allen, on attend le dernier Amélie Nothomb. Bonne nouvelle, le millésime 2019 a de quoi ravir les fans et surprendre les autres puisque, après s’être glissée dans la peau d’un assassin en manque de compagnie, d’une candidate de téléréalité prisonnière d’un camp de concentration ou encore d’une fille désireuse de tuer son père, on y découvre la romancière au chapeau noir dans l’intimité de Jésus-Christ. Et pas au meilleur moment de sa vie puisque c’est sur sa dernière nuit que s’ouvre ce roman court et incisif, « Soif », dans lequel l’auteur lui prête sa voix. Sa peur face à l’exécution imminente, sa souffrance, mais aussi son amitié pour Pierre, son amour pour Marie-Madeleine, sa mère, les miracles… Tout y est. De quoi faire du fils de Dieu un homme presque ordinaire et du dernier Nothomb un livre à ne pas manquer.

Soif, d’Amélie Nothomb, Albin Michel, 17,90 euros, 152 pages.

Les résistantes

Elles s’appellent Jeanne, Brigitte, Assia et Mélody. La première est libraire ; discrète, polie. Toute sa vie elle s’est appliquée à ne pas blesser, à ne pas déranger. Les autres sont ex-taularde, beurette au sang chaud, esthéticienne au chômage et mère de famille en détresse... Tout les sépare. Le cancer va les réunir. Les jeter pêle-mêle dans une cohabitation de fortune et dans une amitié à la vie à la mort. Faire d’elles, les convalescentes aux crânes chauves et au corps douloureux, des combattantes, et de Jeanne, la gentille, l’effacée, une femme « pressée, vivante, rugueuse aussi » ; une femme qui ne s’excuse plus, qui « marche dans la rue en turban mais la tête haute ». Dans « Une joie féroce », son dernier roman, c’est cette métamorphose que dépeint Sorj Chalandon. Cette souffrance du corps et cette libération de l’esprit ; cette amitié improbable de quatre femmes ordinaires ; leur rage de vivre et le coup de folie qui, au fil des pages, va les transformer de « sœurs de larmes en sœurs d’armes ». Un récit poignant et vivifiant. À lire absolument.

Une joie féroce, de Sorj Chalandon, Grasset, 20,90 euros, 312 pages

Une époque formidable

Paul est écrivain. Et comme bon nombre d’écrivains, il est en panne d’inspiration. Jusqu’ici, rien de bien grave. Si ce n’est que, chez lui, la panne tend à s’éterniser et que, conformément à « la loi de l’emmerdement maximum », ses soucis ne s’arrêtent pas là. Problèmes d’argent, déboires conjugaux, ado en crise et crise de la quarantaine, mais aussi « phobie téléphonique, handicap émotionnel, asociabilité, faculté invraisemblable à user ceux qui l’aimaient… » Aucun doute, Paul les accumule. Et c’est précisément ce qui finit par nous faire aimer ce quadra légèrement geignard et son discours convenu sur l’enfant de banlieue – élevé aux « rues pavillonnaires et parkings de supermarchés… » – devenu bobo de Montmartre avant de se voir rétrograder au rang d’exilé breton. Discours érigé en parabole du déclassement social venu doucher les espoirs de toute une classe moyenne… Heureusement, l’ensemble demeure teinté de suffisamment d’autodérision pour faire du nouveau roman d’Olivier Adam sinon la révélation de la rentrée, du moins une sympathique remise en jambes.

Une partie de badminton, d’Olivier Adam, Flammarion, 21 euros, 377 pages

Caroline Castets

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