Spécialiste du semi-conducteur depuis plus de 25 ans, après avoir travaillé notamment chez STMicroelectronics et Atos, Philippe Notton a fondé SiPearl en juin 2019 avec une ambition très forte : celle de créer en Europe un leader mondial des microprocesseurs haute performance et basse consommation pour équiper les supercalculateurs européens.

Décideurs. Pouvez-vous nous présenter SiPearl ?

Philippe Notton. SiPearl est une entreprise française créée en juin 2019 qui développe le microprocesseur européen haute performance et basse consommation pour équiper les supercalculateurs de « classe exascale » européens [c’est-à-dire capable d’atteindre une puissance de calcul de l’ordre de l’exaflop : un milliard de milliards d’opérations par seconde, Ndlr]. Notre entreprise est positionnée sur le marché des semi-conducteurs avec une approche sans usine. Nos équipes sont donc spécialisées en conception. Nous avons commencé le développement de notre produit en janvier 2020 et il sera mis sur le marché en 2023.

"Notre entreprise est positionnée sur le marché des semi-conducteurs avec une approche sans usine"

SiPearl est soutenue financièrement par la Commission européenne dans le cadre du programme Horizon 2020.  En décembre 2021, elle a également été lauréate du programme Accelerator du Conseil européen de l’innovation (EIC) pour un total de 17,5 M€, qui combine 2,5 M€ de subventions et 15 M€ de fonds propres du EIC Fund.

Qui sont vos clients directs ?

Nos clients directs sont des fabricants de supercalculateurs dont, entre autres, Atos qui est le leader européen du secteur. Côté utilisateurs finaux en France, citons notamment le CEA [le Commissariat à l’énergie atomique, Ndlr], lequel héberge la machine qui réalise toute la simulation nucléaire française et des centres de calcul un peu partout en Europe, en Allemagne, Italie et Espagne.

Vous avez fondé SiPearl en 2019 pour donner vie au projet du Consortium European Processor Initiative (EPI). Quel est son objectif ?

L’objectif de ce consortium est de favoriser le déploiement en Europe de technologies microprocesseur haute performance et basse consommation. Nous travaillons en étroite collaboration avec les 28 partenaires du consortium EPI – communauté scientifique, centres de supercalcul, grands noms de l’informatique, de l’électronique et de l’automobile – qui sont nos parties prenantes, futurs clients et utilisateurs finaux.

"Nous avons commencé le développement de notre produit en janvier 2020 et il sera mis sur le marché en 2023"

Grâce à ce consortium, nous n’avons pas de problématique de conquête de nos premiers clients car ils sont déjà à bord. Ils connaissent nos projets et ont déjà accès à des modèles de simulation.

En matière de semi-conducteurs, la pénurie de composants qui touche ce secteur a-t-elle des conséquences sur votre activité ?

La question se posera en 2024 lorsque notre production entrera en volume. Quoi qu’il en soit, la nanotechnologie que nous utilisons, de 6 nanomètres (nm), n’est pour l’instant pas concernée par la pénurie.

Quels sont vos principaux avantages concurrentiels ?

Nous avons un avantage technique en termes de produit car nous sommes les seuls aujourd’hui, au niveau mondial, à développer un microprocesseur dédié au supercalcul. Les gros acteurs comme Intel et AMD développent des microprocesseurs pour les serveurs qui sont réutilisés dans le monde HPC [Calcul Haute Performance, Ndlr].

De notre côté, et conformément au mandat donné par la Commission européenne, nous avons une architecture développée pour le HPC, c’est-à-dire avec beaucoup de mémoire embarquée et d’interconnexions afin de répondre aux besoins des supercalculateurs.

Propos recueillis par Anne-Sophie David

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