Compte à rebours enclenché pour le nouveau lanceur Ariane 6. Après quatre années d’attente, la fusée s’apprête à réaliser son vol inaugural le 9 juillet 2024. Un nouveau souffle pour l’Europe spatiale, qui n’avait plus de lanceur opérationnel depuis le retrait d’Ariane 5 l’été dernier.
Décollage imminent pour le lanceur européen Ariane 6
Initialement prévue pour prendre son envol en 2020, la conception d’Ariane 6 avait pris du retard. Arianegroup, son constructeur, promet avec son lanceur nouvelle génération le réveil du spatial européen et surtout un retour dans la compétition internationale.
Les systèmes spatiaux de télécommunication, d’observation de la Terre et de navigation sont devenus des incontournables pour nos entreprises et de nombreux secteurs économiques. Le transport, les télécommunications, l’énergie, mais également la défense ont de plus en plus recours aux lanceurs.
Mettre fin à la crise des lanceurs
L’Europe spatiale traverse une période tourmentée, marquée par une carence en lanceurs spatiaux qui a ralenti sa capacité d’accès à l’espace. Une situation qui résulte de l’échec du premier vol commercial de Vega-C, la fusée italienne qui a explosé en plein vol fin 2022, et du retrait de Soyouz par la Russie. Il y a un an, Ariane 5 soufflait sa dernière bougie après 27 ans de service, mais le retard pris sur les tirs d’Ariane 6 a laissé le marché européen sans alternative.
Pour y remédier, l’Agence spatiale européenne avait été contrainte de signer un contrat de 180 millions de dollars avec l’entreprise américaine SpaceX afin de mettre en orbite quatre satellites de son programme européen de géolocalisation, Galileo. L’ensemble de la filière industrielle a désormais le regard tourné vers le centre spatial de Kourou en Guyane française, d’où s’envolera Ariane 6, le 9 juillet.
Un carnet de commandes rempli
Malgré cette longue attente, Ariane 6 se révèle un succès commercial. Arianespace annonce avoir déjà vendu tous les vols disponibles pour les trois prochaines années, mais en réserve quelques-uns pour d’éventuelles missions institutionnelles d’importance. Sur les trente missions prévues, dix-huit lancements sont alloués à Amazon et sa constellation de satellites Kuiper, cinq pour Galileo, quatre sont destinés à l’Organisation européenne pour l’exploitation des satellites météorologiques (Eumetsat), ainsi que trois lancements chacun pour Intelsat, un fournisseur américain de services de télécommunications par satellites, et le français Eutelsat, l’un des trois premiers opérateurs de satellites au monde.
La téléphonie mobile et l’internet haut débit représentent deux autres applications majeures
Ces dix dernières années ont vu l’émergence de ce marché de constellations. Dès lors les projets d’Amazon et d’Eutelsat entrent en concurrence directe avec d’autres fournisseurs comme Starlink qui appartient à Elon Musk. L’espace est l’unique moyen de porter un regard sur la Terre, tant pour la surveillance environnementale que la géolocalisation et les applications militaires ou agricoles. La téléphonie mobile et l’internet haut débit représentent deux autres applications majeures. En témoigne la box internet Starlink qui revendique 2,3 millions d’utilisateurs à travers le monde.
Répondre aux attentes du marché
Le lanceur Ariane 6 est conçu pour être compétitif face aux nouveaux besoins du marché. Sa conception modulaire inclut un étage supérieur réallumable, offrant la capacité de déployer plusieurs grappes de satellites à différentes positions lors d’un seul vol. Cela lui permet d’être particulièrement adapté au déploiement des constellations de satellites et de réduire les coûts de lancement. La baisse est estimée entre 40 % et 50 % du prix de son prédécesseur, Ariane 5.
La conception d’Ariane 6 profite aussi de techniques de fabrication de pointe et d’innovations technologiques à l’instar de l'impression 3D. Ce qui lui permet d’optimiser la production en série avec la volonté d’atteindre son objectif d’un lancement par mois.
Alors que l’Europe affiche de grandes ambitions dans le domaine spatial à travers son programme d’observation de la Terre Copernicus, Galileo, ou encore Iris2 pour l’internet satellitaire, Ariane 6 confirme son rôle crucial pour la souveraineté européenne. La garantie de son lancement crédibilise aussi les offres de l’industrie des satellites sur le marché international.
Sasha Alliel
