La phase de stagnation touche à sa fin pour UGGC, institution du paysage des cabinets français.
UGGC renouvelle sa stratégie de croissance
La nouvelle stratégie, qui vise à s’ouvrir à plusieurs associés externes, viendra en complément de sa tradition de croissance interne.
Légende photo : L’équipe du département droit des sociétés sur la terrasse des locaux de UGGC, qui compte au total plus de cent avocats à Paris et à l’international.
L’opération financière réalisée entre Terra Lacta et Bongrain, fin 2013, est emblématique de la méthode UGGC. Lors de la reprise des activités fromagères de la coopérative Terra Lacta pour un montant de vingt millions d’euros, UGGC conseillait le groupe français Bongrain. Le dossier a réuni les équipes corporate (Jean-Jacques Uettwiller et Benoit Puissilieux), droit social (Jennifer Carrel), tax (Antoine Gabizon et Line-Alexa Glotin) et contrôle des concentrations (Corinne Khayat). Au total, le cabinet, présent dans le secteur de l’agroalimentaire de longue date (il avait participé à la reprise des actifs de l’Union laitière normande depuis 1992), a mobilisé une dizaine d’avocats sur ce dossier.
Dupliquer les bonnes méthodes
L’activité est par ailleurs naturellement tournée vers l’international. Jean-Jacques Uettwiller, associé fondateur du cabinet, est ainsi aux côtés d’entités publiques marocaines depuis 2002 en matière d’arbitrage, plaidant devant la CCI à Paris où l’un de ses derniers dossiers opposait une institution publique du royaume à un constructeur turc pour un montant de 130?millions d’euros, le tout sur un fond de droit marocain. UGGC multiplie à présent les interactions avec ses clients chinois. «?Nous dupliquons les mêmes modes opératoires et la même courbe de croissance pour nos clients?», explique Jean-Jacques Uettwiller. Bongrain, client historique du cabinet, est un bel exemple d’accompagnement en Chine puisque le cabinet travaille maintenant avec le groupe français pour le suivi de son usine de production et son adaptation au marché local. «?Nous les accompagnons sur leurs opérations de croissance et de joint-venture et tenons compte pour cela de la culture locale. Par exemple, pour la production du fromage P’tit Louis, les créatifs ont élaboré un bâtonnet avec une boule de fromage à son extrémité, palliant l’absence de l’utilisation de fourchettes et couteaux pour manger le fromage?», confie l’associé fondateur.
Multiplier les interactions
L’activité de conseil du cabinet est également très bien ancrée en Inde, à travers un indian desk composé de deux avocats dédiés. La législation locale ne permet pas aux avocats étrangers de s’inscrire au barreau national mais les clients de l’indian desk sont bel et bien demandeurs. «?En valeur relative, notre activité en Inde est la plus rentable du cabinet?», insiste Jean-Jacques Uettwiller. Et UGGC s’adapte aux contraintes du marché. À l’image du bureau de Casablanca qui ne pratique qu’une activité de conseil, le bureau du Qatar a également ses particularités. Ouvert en 2008, il a vocation à conseiller les services du palais émirati pour son activité quotidienne (partenariats sportifs, achat d’hélicoptère, contrats de construction, etc.). Il travaille ainsi aux côtés de Thales ou Dassault. L’objectif est maintenant de parvenir à capter les investissements qataris pour multiplier les dossiers importants et les interactions avec la France.
Une fusion ?
Le départ de deux associés survenu en Chine a mis le cabinet en difficulté en octobre?2011 dans ce pays. UGGC, qui s’est ainsi vu délester d’une activité PI éloignée de son cœur de métier, poursuit tout de même l’accompagnement de ses clients chinois. Jean-Jacques Uettwiller en précise les contours : «?Pour le moment, nos avocats sont regroupés à Shanghai, ce qui nous facilite la gestion quotidienne des équipes et des dossiers. Une fois que la consolidation de notre bureau sera terminée, nous organiserons notre déploiement dans le sud de la Chine.?»
En Belgique, l’activité du cabinet n’a pas été freinée par la diminution de l’équipe locale grâce au partenariat avec Koan. «?Notre présence en Belgique depuis la création de UGGC en 1993 assure notre positionnement : la quasi-totalité des industries belges sont détenues par des capitaux français. Je me déplace d’ailleurs au moins un jour par mois à Bruxelles?», indique Jean-Jacques Uettwiller. Le cabinet se concentre ainsi sur le contentieux, la gestion privée et le corporate. Koan et UGGC partagent les mêmes valeurs et les mêmes méthodes de travail. Alors à quand la fusion ? «?Il faut que nos deux pays sortent de cette période de crise avant de nous engager dans une opération de cette ampleur.?»
Une absorption ?
Événements inédits au sein d’une structure qui cultive la tradition de formation et de promotion interne des avocats : le cabinet a subi récemment quelques départs d’associés. L’évolution des mentalités au sein de la profession en est une des principales causes. Sur un marché hyperconcurrentiel, les souhaits s’orientent à présent vers la multiplication des expériences. UGGC s’est donc concentré sur une nouvelle stratégie de croissance en s’ouvrant à l’accueil d’associés externes. L’objectif est avant tout de consolider à Paris les pratiques existantes comme de renforcer des pôles en fort développement. Les matières visées en priorité sont le droit pénal des affaires, le droit des assurances, le développement de la propriété littéraire et artistique, les procédures collectives et le droit fiscal. Ces renforts viendraient ainsi relancer la stratégie de croissance du cabinet après une phase de stagnation de 2010 à 2014.
Les associés du cabinet, qui viennent tout juste de redéfinir leur ligne politique, ne craignent pas les opérations d’ampleur avec une réflexion pour assurer le maintien de UGGC sur des dossiers couvrant plusieurs matières ou internationaux. Ils seraient même favorables à l’accueil d’une structure déjà formée, en intégrant un cabinet existant par exemple et en s’évitant ainsi les longueurs du cherry-picking. «?Nous pensons qu’il est plus facile d’intégrer un cabinet déjà existant qu’une ou deux personnalités venant d’horizons différents. Cela nous permettrait également de nous assurer entente, absence de conflit d’intérêts et homogénéité des rémunérations, plus rapidement qu’en accueillant des avocats isolés?», explique l’associé dirigeant.
La vision d’avenir UGGC
En parallèle, même si le cabinet n’a pas ouvert récemment de nouveaux chantiers à l’étranger, il ne renonce pas à ses projets. La Turquie, par exemple, est un pays dans lequel les associés souhaiteraient avoir un pied-à-terre. Un partenariat avec un cabinet franco-turc appuie déjà son intervention auprès de clients locaux. Reste à choisir le moment pour se lancer pleinement.
La réputation de UGGC sur le marché lui assure le socle pour mener à bien ses projets d’avenir. La pyramide d’âge mise en place sert de base à la poursuite de la croissance de la structure. En effet, les associés fondateurs sont les piliers de la tradition, transmettant les méthodes de travail, les clés de la relation client et les recettes de représentation du cabinet. À cet égard, Jean-Jacques Uettwiller, Jean-François Canat et Thierry Montéran conservent une part très active dans la gestion du cabinet. Les fondateurs sont donc relayés par les quinquagénaires comme Thierry Dal Farra et Michel Turon, eux-mêmes recevant l’appui de l’équipe des quadras (Jean-Nicolas Clément, Charles-Emmanuel Prieur et Sophie Uettwiller par exemple).
La vision du cabinet pour l’avenir ? Rester fidèle aux idées fondatrices : la culture de la qualité, l’accompagnement dans la durée et l’ouverture internationale. L’accueil de nouvelles équipes viendra apporter le sang neuf nécessaire pour offrir rapidement au cabinet le sursaut qui lui manque pour retrouver son niveau de croissance qu’il avait entretenu depuis sa création. Parions que la solidité du cabinet assurera leur bonne intégration.
Les chiffres clés de UGGC
Date de création : 1993
Nombre d’associés : 29
Nombre de collaborateurs : 55
Nombre de personnes support : 45
Effectif total : 152 personnes
Chiffre d’affaires 2013?: 28,8 M€
Légende photo : L’équipe du département droit des sociétés sur la terrasse des locaux de UGGC, qui compte au total plus de cent avocats à Paris et à l’international.
L’opération financière réalisée entre Terra Lacta et Bongrain, fin 2013, est emblématique de la méthode UGGC. Lors de la reprise des activités fromagères de la coopérative Terra Lacta pour un montant de vingt millions d’euros, UGGC conseillait le groupe français Bongrain. Le dossier a réuni les équipes corporate (Jean-Jacques Uettwiller et Benoit Puissilieux), droit social (Jennifer Carrel), tax (Antoine Gabizon et Line-Alexa Glotin) et contrôle des concentrations (Corinne Khayat). Au total, le cabinet, présent dans le secteur de l’agroalimentaire de longue date (il avait participé à la reprise des actifs de l’Union laitière normande depuis 1992), a mobilisé une dizaine d’avocats sur ce dossier.
Dupliquer les bonnes méthodes
L’activité est par ailleurs naturellement tournée vers l’international. Jean-Jacques Uettwiller, associé fondateur du cabinet, est ainsi aux côtés d’entités publiques marocaines depuis 2002 en matière d’arbitrage, plaidant devant la CCI à Paris où l’un de ses derniers dossiers opposait une institution publique du royaume à un constructeur turc pour un montant de 130?millions d’euros, le tout sur un fond de droit marocain. UGGC multiplie à présent les interactions avec ses clients chinois. «?Nous dupliquons les mêmes modes opératoires et la même courbe de croissance pour nos clients?», explique Jean-Jacques Uettwiller. Bongrain, client historique du cabinet, est un bel exemple d’accompagnement en Chine puisque le cabinet travaille maintenant avec le groupe français pour le suivi de son usine de production et son adaptation au marché local. «?Nous les accompagnons sur leurs opérations de croissance et de joint-venture et tenons compte pour cela de la culture locale. Par exemple, pour la production du fromage P’tit Louis, les créatifs ont élaboré un bâtonnet avec une boule de fromage à son extrémité, palliant l’absence de l’utilisation de fourchettes et couteaux pour manger le fromage?», confie l’associé fondateur.
Multiplier les interactions
L’activité de conseil du cabinet est également très bien ancrée en Inde, à travers un indian desk composé de deux avocats dédiés. La législation locale ne permet pas aux avocats étrangers de s’inscrire au barreau national mais les clients de l’indian desk sont bel et bien demandeurs. «?En valeur relative, notre activité en Inde est la plus rentable du cabinet?», insiste Jean-Jacques Uettwiller. Et UGGC s’adapte aux contraintes du marché. À l’image du bureau de Casablanca qui ne pratique qu’une activité de conseil, le bureau du Qatar a également ses particularités. Ouvert en 2008, il a vocation à conseiller les services du palais émirati pour son activité quotidienne (partenariats sportifs, achat d’hélicoptère, contrats de construction, etc.). Il travaille ainsi aux côtés de Thales ou Dassault. L’objectif est maintenant de parvenir à capter les investissements qataris pour multiplier les dossiers importants et les interactions avec la France.
Une fusion ?
Le départ de deux associés survenu en Chine a mis le cabinet en difficulté en octobre?2011 dans ce pays. UGGC, qui s’est ainsi vu délester d’une activité PI éloignée de son cœur de métier, poursuit tout de même l’accompagnement de ses clients chinois. Jean-Jacques Uettwiller en précise les contours : «?Pour le moment, nos avocats sont regroupés à Shanghai, ce qui nous facilite la gestion quotidienne des équipes et des dossiers. Une fois que la consolidation de notre bureau sera terminée, nous organiserons notre déploiement dans le sud de la Chine.?»
En Belgique, l’activité du cabinet n’a pas été freinée par la diminution de l’équipe locale grâce au partenariat avec Koan. «?Notre présence en Belgique depuis la création de UGGC en 1993 assure notre positionnement : la quasi-totalité des industries belges sont détenues par des capitaux français. Je me déplace d’ailleurs au moins un jour par mois à Bruxelles?», indique Jean-Jacques Uettwiller. Le cabinet se concentre ainsi sur le contentieux, la gestion privée et le corporate. Koan et UGGC partagent les mêmes valeurs et les mêmes méthodes de travail. Alors à quand la fusion ? «?Il faut que nos deux pays sortent de cette période de crise avant de nous engager dans une opération de cette ampleur.?»
Une absorption ?
Événements inédits au sein d’une structure qui cultive la tradition de formation et de promotion interne des avocats : le cabinet a subi récemment quelques départs d’associés. L’évolution des mentalités au sein de la profession en est une des principales causes. Sur un marché hyperconcurrentiel, les souhaits s’orientent à présent vers la multiplication des expériences. UGGC s’est donc concentré sur une nouvelle stratégie de croissance en s’ouvrant à l’accueil d’associés externes. L’objectif est avant tout de consolider à Paris les pratiques existantes comme de renforcer des pôles en fort développement. Les matières visées en priorité sont le droit pénal des affaires, le droit des assurances, le développement de la propriété littéraire et artistique, les procédures collectives et le droit fiscal. Ces renforts viendraient ainsi relancer la stratégie de croissance du cabinet après une phase de stagnation de 2010 à 2014.
Les associés du cabinet, qui viennent tout juste de redéfinir leur ligne politique, ne craignent pas les opérations d’ampleur avec une réflexion pour assurer le maintien de UGGC sur des dossiers couvrant plusieurs matières ou internationaux. Ils seraient même favorables à l’accueil d’une structure déjà formée, en intégrant un cabinet existant par exemple et en s’évitant ainsi les longueurs du cherry-picking. «?Nous pensons qu’il est plus facile d’intégrer un cabinet déjà existant qu’une ou deux personnalités venant d’horizons différents. Cela nous permettrait également de nous assurer entente, absence de conflit d’intérêts et homogénéité des rémunérations, plus rapidement qu’en accueillant des avocats isolés?», explique l’associé dirigeant.
La vision d’avenir UGGC
En parallèle, même si le cabinet n’a pas ouvert récemment de nouveaux chantiers à l’étranger, il ne renonce pas à ses projets. La Turquie, par exemple, est un pays dans lequel les associés souhaiteraient avoir un pied-à-terre. Un partenariat avec un cabinet franco-turc appuie déjà son intervention auprès de clients locaux. Reste à choisir le moment pour se lancer pleinement.
La réputation de UGGC sur le marché lui assure le socle pour mener à bien ses projets d’avenir. La pyramide d’âge mise en place sert de base à la poursuite de la croissance de la structure. En effet, les associés fondateurs sont les piliers de la tradition, transmettant les méthodes de travail, les clés de la relation client et les recettes de représentation du cabinet. À cet égard, Jean-Jacques Uettwiller, Jean-François Canat et Thierry Montéran conservent une part très active dans la gestion du cabinet. Les fondateurs sont donc relayés par les quinquagénaires comme Thierry Dal Farra et Michel Turon, eux-mêmes recevant l’appui de l’équipe des quadras (Jean-Nicolas Clément, Charles-Emmanuel Prieur et Sophie Uettwiller par exemple).
La vision du cabinet pour l’avenir ? Rester fidèle aux idées fondatrices : la culture de la qualité, l’accompagnement dans la durée et l’ouverture internationale. L’accueil de nouvelles équipes viendra apporter le sang neuf nécessaire pour offrir rapidement au cabinet le sursaut qui lui manque pour retrouver son niveau de croissance qu’il avait entretenu depuis sa création. Parions que la solidité du cabinet assurera leur bonne intégration.
Les chiffres clés de UGGC
Date de création : 1993
Nombre d’associés : 29
Nombre de collaborateurs : 55
Nombre de personnes support : 45
Effectif total : 152 personnes
Chiffre d’affaires 2013?: 28,8 M€