Pour les entreprises, les juristes doivent être acteurs de leur transformation digitale. Au cours d’une conférence dédiée au sujet, les directions juridiques de Microsoft et de CGI, les membres de l’Incubateur de Paris et les start-up du droit tentent de fédérer la profession autour d’un objectif : réussir le défi de la digitalisation.

Si l’avocat doit dépoussiérer sa robe, le juriste d’entreprise n’est pas en reste. La digitalisation a profondément modifié son quotidien. Désormais, il ne s’agit plus de passer le plus clair de son temps à négocier les contrats ou à décortiquer son contenu. Sur ce point, les intervenants sont unanimes et tous s’accordent à dire que la barrière du contrat est tombé : « Le contrat ne suffit plus, c’est un panel d’informations plus large qui intéresse les magistrats en cas de contentieux. » Toute forme d’échange digital peut être prise en compte, du simple email au dossier électronique rendu par le comité de pilotage. Le contrat en lui-même auparavant central est dorénavant accessoire.

 

Sortir de sa zone de confort

Laure Grimonpret-Tahon, directeur juridique des affaires internes de CGI, explique : « Aujourd’hui, nous passons beaucoup de temps sur le fonctionnement interne et la détection de fraudes. Plus largement, la compliance est au cœur de notre action. » La plus-value du juriste réside ainsi davantage dans son expérience de l’entreprise, dans sa connaissance des normes et des informations spécialement adaptées. Les juristes sont de plus en plus considérés comme des sachants mais ils ne doivent plus se contenter de diffuser de l’information juridique. Ils doivent sortir de leur zone de confort et faire graviter les données extérieures autour de l’aspect légal des opérations. Arnaud David, juriste chez Microsoft, précise l’enjeu : « Nous devons offrir un service clé en main en intégrant les données RH, financières et techniques. »

 

Intégrer les données

Les temps ont changé. Le contexte d’exercice des spécialistes du droit est celui de la multiplication des outils et des acteurs du digital : start-up du droit, plateformes en ligne, logiciels de gestion, outils de communication, etc. Les legal tech sont maintenant nombreuses à fournir statuts et contrats de tout type aux particuliers et entreprises. À l’heure où les cabinets d’avocats anglo-saxons commencent à utiliser l’intelligence artificielle des robots (à l’instar de BakerHostetler), la question de l’avenir de la profession juridique se pose plus que jamais. Intégrer ou se faire remplacer. Reste aux juristes eux-mêmes à confirmer leur valeur ajoutée et à créer les conditions de leur avenir. Pour Stéphanie Smatt, avocate et membre de l’Incubateur du barreau de Paris, leur digitalisation est à portée de main : « Si nous couplons notre expérience avec l’ensemble de ces données, nous serons plus que jamais de la partie. »

 

Estelle Mastinu

 

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