Passage de relais chez De Pardieu Brocas Maffei
Avant de prendre la tête du cabinet, Emmanuel Fatôme se montrait déjà engagé pour l’avenir du cabinet. L’avocat de 48 ans restait sur la réserve : « Si je devais apparaître comme ayant une forme d’utilité pour assurer cette relève, je ne me déroberais pas. » Mais dans cette nouvelle mission de trois ans, le nouveau managing partner ne sera pas seul. Il est entouré d’Emmanuel Chauve et Philippe Guibert, qui siégeront à ses côtés au sein du directoire, et de neuf membres du conseil de l’association. Plus généralement, Emmanuel Fatôme entend bien impliquer l’ensemble de ses associés dans la vie du cabinet. Il se dit « désireux de leur aide et attentif à leur contribution. » Entretien.
Décideurs. Toutes les clés du cabinet sont confiées aux associés de la nouvelle génération. Pourquoi ce changement de gouvernance ?
Emmanuel Fatôme. Nous nous étions fixé l’objectif de réaliser cette transition générationnelle il y quelques temps déjà. Elle était déjà avérée dans le traitement des dossiers. Elle est aujourd’hui parachevée, Thierry Brocas et nos associés m’ayant passé le relais.
Vous a-t-il donné des conseils concernant le côté sombre de votre mission, comme la gestion des conflits entre personnes ?
Pas vraiment, puisque j’étais déjà impliqué dans la gestion globale du cabinet en tant que membre du directoire. Au-delà, l’entente entre les associés a toujours été excellente.
Selon vous, pour quelles raisons vos associés vous ont-ils choisi ?
J’exerce depuis vingt ans au cabinet, ils connaissent donc tous mon attachement à notre maison. Au-delà, mes associés me voient certainement comme l’un de ceux qui s’attachera à poursuivre l’aventure dans l’esprit de nos fondateurs, à préserver notre « ADN », combinant une forte culture entrepreneuriale, la capacité de travailler en équipes, de partager les dossiers et l’exigence de toujours fournir un service haut de gamme et à forte valeur ajoutée à nos clients. C’est tout ce en quoi nous croyons.
« La transition générationnelle est aujourd’hui parachevée »
Vous êtes arrivé au cabinet en même temps que Jacques Henrot. Vous étiez son collaborateur et vous êtes devenu associé cinq ans plus tard. Aujourd’hui à la tête du cabinet, c’est un symbole fort…
Peut-être qu’effectivement dans notre inconscient collectif, mon parcours illustre bien le projet de développement du cabinet et est de nature à inspirer les plus jeunes.
La recette de votre réussite est-elle toujours efficace ?
Même si notre environnement évolue en permanence, notre métier aujourd’hui est demeuré le même qu’hier. L’un de ses aspects essentiels est de comprendre les enjeux d’un dossier et les besoins de chaque client. Hier comme aujourd’hui, le point essentiel dans une carrière d’avocat est de bénéficier d’abord puis d’assurer ensuite la transmission.
Quelle est votre définition du managing partner ?
C’est celui qui porte la voie du cabinet en interne et en externe. C’est également celui qui s’attache au dialogue et à la préservation de la cohésion entre chacun des membres du cabinet.
Quelles sont vos priorités ?
Je ne compte pas lancer de révolution, ni aucune action remettant en cause ce que nous avons construit au fil des années. Au titre de mes priorités figure la carrière de nos collaborateurs ; je serai attentif à leurs attentes et à leur développement. Ils sont de plus en plus nombreux à exprimer des aspirations à pouvoir travailler de manière différente.
Un autre sujet qui me tient à cœur est celui des mutations technologiques. Elles vont contribuer à la valeur ajoutée que nous apportons à nos clients. De manière réfléchie et non précipitée, il va par exemple nous falloir étudier comment tirer le meilleur parti, pour nos clients et nous-mêmes, des solutions d’intelligence artificielle dont on parle tant. Nous metons en place un cloud et nous pourrions poursuivre avec des outils optimisant la communication avec nos clients.
Au titre des objectifs importants, j’inscris également la préservation et le développement de notre réseau de cabinets correspondants à l’étranger qui est essentiel au regard de notre positionnement de cabinet français à vocation internationale.
Poursuivez-vous des objectifs de parité et de mixité ?
C’est un sujet sur lequel nous avons une marge de progression ! Mais nous avons déjà amélioré la diversité sur la photo de groupe par rapport à celle qu’elle était il y a quelques années. Tout est une question d’opportunité et nous serons vigilants à ce qu’il y en ait de nouvelles.
Propos recueillis par Pascale D’Amore