SOS retraites : un appel à la grève le 3 Février prochain
Les professions libérales du droit, de la santé et du transport aérien, réunies au sein du collectif SOS retraites depuis début septembre, appellent à l’arrêt de travail de leurs membres. La raison de leur gronde : le projet de suppression de leurs régimes autonomes de retraite pour la création d’un régime universel. « Nous ne sommes pas des régimes spéciaux mais des régimes autonomes qui s’autofinancent depuis leur création, qui ne coûtent rien à l’État et qui fonctionnent très bien », scandent en chœur les représentants des avocats, des médecins, des chirurgiens, des infirmiers, des kinésithérapeutes, des orthophonistes, des psychomotriciens, des pilotes de ligne, des navigants de l’aviation civile et du personnel naviguant. Le collectif insiste sur l’importance de distinguer les deux types de régime, raison pour laquelle il ne se joindra pas à la grève illimitée prévue à partir du 5 décembre prochain par le secteur du transport.
Selon le collectif, la manifestation du 16 septembre avait réuni 20 000 personnes dans les rues de Paris. Les avocats ont été reçus par la Chancellerie, tout comme les médecins par le ministère de la Santé, sans obtenir de réponse à leurs interrogations, là où de nombreuses autres professions ont simplement été informées du projet de réforme. Aucune d’entre elles n’a obtenu de garantie quant à la préservation de leur régime autonome. « Le gouvernement s’obstine dans le dogme du régime universel », commente Christiane Féral-Schuhl, la présidente du Conseil national des barreaux (NCB) qui recevait dans les locaux les membres du collectif vendredi 11 octobre. « La dernière fois que nous nous sommes décidés à nous mobiliser ensemble, c’était en 1968 », rappelle-t-elle.
« Beaucoup de mots mais peu de chiffres »
La date du 3 février n’a pas été choisie au hasard. Tout d’abord, elle laisse le temps aux professionnels libéraux de s’organiser pour ne pas mettre en péril leur activité. C’est aussi le moment idéal pour profiter du débat entre les candidats aux élections municipales. C’est enfin un rendez-vous qui laisse le temps au gouvernement de réagir et de revenir sur ses positions.
Le collectif rappelle que le rapport du haut-commissaire Delevoye, « qui comporte beaucoup de mots mais peu de chiffres », prévoit le doublement des cotisations pour l’élever à 28,12 %, en indiquant qu’il existe des « chemins de convergence » au besoin avec la CSG, mais sans autre détail. Cela implique que les provisions constituées par les caisses autonomes seront affectées au financement du nouveau régime, une démarche qualifiée « de nationalisation et d’expropriation » par les avocats. « Nous attendons moins de phrases, plus de faits, moins d’éléments de langage, plus d’engagement », résume Christiane Féral-Schuhl. Et ce d’autant plus que le nombre d’avocats a plus que doublé en vingt ans, passant de 34 000 en 1998 à 70 000 aujourd’hui. « Et cette croissance s’accélère, ajoute la présidente du CNB, puisque les treize écoles d’avocats en France ont formé 3 400 nouveaux confrères cette année, soit un tiers de plus qu’en 2000. Pour simplifier, nous gagnons chaque année 5 % de notre effectif. » Des données qui viennent soutenir l’idée selon laquelle la profession a de beaux jours devant elle, tout autant que son régime de retraite puisque la proportion de cotisants augmente sans cesse par rapport à celle de retraités.
C’est donc un appel à l’arrêt du droit, de la santé et du transport aérien qui est lancé.