Ancienne sportive de haut niveau et icône de la lutte contre la corruption en Roumanie, la magistrate Laura Codruța Kövesi est la première procureure générale européenne. Nommée le 19 septembre dernier par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne, elle attend toujours la désignation des procureurs européens délégués par les États. Retardées par la crise sanitaire, ces nominations mettront prochainement le parquet européen en ordre de marche.

Créé le 12 octobre 2017 par le Conseil de l’Union européenne, l’European Public Prosecutor's Office (Eppo), ou parquet financier européen, sera bientôt opérationnel. Chargé d’harmoniser les systèmes et les procédures judiciaires de 22 pays européens (la Hongrie, la Pologne, la Suède, le Danemark et l'Irlande en sont exclus parce qu’ils n’ont pas signé l'accord initial), il constitue la première instance européenne indépendante avec des compétences judiciaires propres. Sa mission est de diriger des enquêtes et de mener des poursuites pénales contre des infractions portant atteinte au budget de l’Union européenne. Ce nouveau parquet européen n’a cependant pas fait l’unanimité auprès des professionnels du droit qui le qualifie d’"ovni" ou de "monstre" judiciaire. Pour certains, il représenterait une menace pour les juges d’instruction nationaux, pour d’autre la "superjuridiction" ne serait pas réellement indépendante.

Chargés de la lutte contre la fraude, de la corruption, du blanchiment d'argent concernant des fonds de l'Union européenne et de la fraude transfrontalière à la TVA, les 22 procureurs européens permanents et les 140 membres des parquets de chaque État devraient traiter chaque année 2 000 affaires . De quoi occuper Laura Codruța Kövesi, l’ambitieuse magistrate à la tête de ce nouveau géant judiciaire.

L’incorruptible

Dans son pays natal, la Roumanie, Laura Codruța Kövesi est celle qui a fait trembler les dignitaires haut placés pendant de nombreuses années. Ce sont 3 000 élus et fonctionnaires (dont deux ex-Premiers ministres du parti social-démocrate) qui seront condamnés sous la présidence de celle qui a été nommée procureure en chef de la prestigieuse Direction nationale anticorruption pour deux mandats de 2013 à 2018. S’attirant les foudres de la classe politique locale, elle fait l’objet d’une procédure de destitution en février 2018. Elle est inculpée pour corruption en 2019 dans le principal but de l’empêcher d’accéder à la fonction de procureure générale européenne. À cet égard, la Roumanie a été condamnée par Cour européenne des droits de l’homme le 5 mai 2020 pour son limogeage, sur le fondement d’une atteinte à l’indépendance du système juridique.

En compétition avec le français Jean-François Bohnert, à la tête du Parquet national financier, elle a gagné, grâce à son exigence et son intransigeance, la reconnaissance des acteurs européens qui lui ont confié les rênes du bureau du procureur général européen. Prenant cette nouvelle mission comme un défi, l’incorruptible magistrate a pour objectif premier de protéger le budget de la communauté européenne et donc ses citoyens.

Léna Fernandes

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