F. Vallon (Grand Lyon) : "Toutes nos souscriptions passent par les marchés publics"
Décideurs. Pouvez-vous nous présenter vos principales missions au sein de la métropole de Lyon ?
Florence Vallon. La collectivité est très bien structurée. La direction générale a sous sa coupe sept délégations menées par autant de directeurs généraux adjoints. Pour ma part, j’évolue au sein de la direction des Assemblées, Affaires Juridiques & Assurances de la délégation Pilotage et Ingénierie Administrative et Financière. Nous sommes considérés comme des fonctions support. Mon service est le seul à s’occuper des aspects assurantiels de notre grande collectivité.
Nous avons une multitude de contrats en cours ! Et toutes les souscriptions passent par les marchés publics. Je suis un peu un ovni compte tenu de tout ce que je gère sur le plan des compétences et de mon périmètre d’action par rapport à d’autres responsables assurances qui ont un domaine d’activité très précis. Je peux toutefois compter sur une équipe composée de neuf personnes aux profils différents, dont plusieurs sont passées par le privé avant de rejoindre la Métropole de Lyon, comme moi.
Nous gérons tout ce qui est recensement et analyse des besoins en assurance comme savoir si l'on doit ou non prendre des contrats d’assurance ou vérifier si l’on a déjà des contrats en cours en fonction des nécessités exprimées, souscription et gestion des contrats au travers des marchés publics, les relations avec les courtiers ainsi que tous sinistres et contentieux nés de sinistres divers et variés, en défense ou en demande. Nous faisons également des formations internes sur des domaines très spécifiques.
À quels types de sinistres devez-vous faire face ?
À une multitude de sinistres ! Nous gérons tout d’abord l’ensemble des réclamations des tiers et usagers du domaine public/service public qui sont très nombreuses et qui concernent la responsabilité civile : cela va du pneu éclaté sur la chaussée à la chute d’une personne sur les feuilles mortes à l’automne ou encore aux bacs poubelles endommagés lors de la collecte, ou bien les dommages causés par les enfants placés sous notre responsabilité. Étant beaucoup sur le terrain, nous avons des camions et d’autres véhicules qui circulent et donc des risques ayant trait au routier. Je gère également le risque industriel. Nous avons en effet une usine d’incinération, des stations d’épuration et des tunnels en gestion : nous pouvons donc faire face à des incendies, à des risques d’effondrement ou de pollution par exemple. Enfin, nous disposons d’un patrimoine immobilier important (1,5 million de m2 en gestion) au sein duquel on compte les collèges. Nous devons ainsi prendre en compte les risques dits "simples" ou "classiques", à savoir les dégâts des eaux, le vandalisme ou encore les incendies.
Quel regard portez-vous sur le marché actuel de l’assurance, agité par la crise sanitaire ?
Le marché est très compliqué en ce moment, mais c’était déjà le cas avant la crise. La complexité actuelle n’est pas liée qu’au Covid-19. Nous étions arrivés à des conditions de garanties et tarifaires qui étaient tellement basses que cela ne pouvait pas rester ainsi très longtemps. J’en suis déjà à mon quatrième gros renouvellement de contrats et j’ai vu les primes diminuer à chaque fois et les montants de garanties exploser.
"La complexité actuelle du marché de l’assurance n’est pas liée qu’au Covid-19"
En ce moment, le marché est très tendu. Je suis en phase de préparation pour le prochain renouvellement qui aura lieu le 1er juillet 2022 et je ne suis évidemment pas très sereine d’autant plus qu’en tant que collectivité territoriale, nous sommes soumis au Code de la commande publique, avec une mise en concurrence des assureurs très réglementée et très spécifique. Cela peut faire peur aux assureurs et aux courtiers.
Existe-t-il une différence d’approche entre le public et le privé en matière d’assurance ?
À la métropole de Lyon, nous sommes très structurés contrairement à d’autres collectivités territoriales. Je pense que le risk management et l’assurance doivent être mieux pris en compte et se développer davantage dans les collectivités territoriales d’une certaine importance. Le public a toujours un temps de retard par rapport au privé sur certains sujets et là, c’est le cas.
Vous êtes depuis quelques années à la tête de l’antenne régionale de l’Amrae en Auvergne-Rhône-Alpes. Qu’avez-vous développé et quelles sont vos perspectives ? Qu’est-ce que vous aimez dans ce rôle ?
Je suis « tombée » dans l’Amrae lorsque j’ai commencé à travailler pour la métropole de Lyon. Et cela fait quelques années maintenant que je pilote cette antenne avec trois autres professionnels que sont Marie-Pierre Bossard (GL events), Éric Contégal (ALL RM) et Philippe Barré (Konseï). Nous avons tous les quatre les mêmes valeurs, les mêmes objectifs et la même vision de notre profession. Il ne faut pas oublier que notre activité au sein de l’Amrae n’est pas notre métier premier, mais une fonction annexe et il est donc important de pouvoir compter les uns sur les autres. Nous faisons un métier pour lequel nous sommes seuls dans nos entités, nous avons rarement de grandes équipes et nous n’avons personne avec qui échanger, demander un avis ou discuter de certaines thématiques. L’objectif de l’antenne régionale de l’Amrae est ainsi de créer du liant entre tous les membres de la région Auvergne-Rhône-Alpes (ARA), notamment en organisant des rencontres : nous essayons de tenir quatre réunions par an sur des thématiques spécifiques, ce qui nous permet d’échanger mais également d’apprendre à nous connaître, rester en contact et se demander mutuellement des conseils si besoin est. Plus de 65 membres de l’Amrae évoluent dans la région ARA.
Propos reccueillis par Margaux Savarit-Cornali