Le régulateur britannique ne lâche pas KPMG
Les dossiers Carillion et Wirecard ne resteront pas sans conséquences sur l’activité des Big 4 et de leurs concurrents de plus petite taille. Dans la première affaire, l’audit réalisé par KPMG sur les comptes de Carillon n’avait relevé aucun doute sur la bonne santé financière de l’entreprise de BTP en faillite. Le cabinet avait alors été condamné – une première ! – à une amende de 7,5 millions de livres pour son audit défectueux. Dans la seconde, l’enquête du régulateur allemand avait révélé en 2020 les défaillances d’EY dans son audit de la fintech, laissant passer une fraude de 2 milliards d’euros. Les commissaires aux comptes sont sous surveillance.
Dans son rapport annuel relatif à son contrôle de la qualité des audits réalisés en Angleterre, le régulateur britannique, le Financial Reporting Council (FRC), dresse un bilan négatif et rappelle l’importance de la vigilance des Big 4 dans la surveillance prudentielle, la confiance dans les marchés financiers du pays et compte tenu de l’importance des banques pour l’économie britannique. Une analyse intéressante car valable dans chacun de nos marchés européens. "Bien que ces résultats montrent une certaine amélioration par rapport à ceux de l'année dernière, cette amélioration est marginale et des changements importants doivent encore être apportés pour améliorer de manière significative la qualité de l'audit", commente Sir Jon Thompson, le directeur de la FRC, dans des termes modérés. En réalité, le rapport pointe des "négligences inacceptables" pour la troisième année consécutive. Sur les 22 audits contrôlés, 9 sont défectueux. Le cabinet n’a semble-t-il pas suivi les recommandations que le régulateur britannique avait formulées par le passé, ce qui est jugé "inacceptable". KPMG est ainsi le moins bon élève parmi les cabinets inspectés, EY, PWC, Grant Thornton, Deloitte, BDO et Mazars. Ces deux derniers sont eux aussi sous surveillance, le FRC attendant d’eux des mesures d’amélioration détaillées dans les rapports. En tout, le régulateur a opéré 103 contrôles. Vingt-neuf pour cent d’entre eux nécessitent une simple amélioration ou une amélioration significative (contre 33 % l’an dernier).