Regtechs : portraits de leaders
Antoine Rizk, CEO, Flaminem : Une âme d'entrepreneur
Féru de mathématiques dès son plus jeune âge, Antoine Rizk rêve de devenir mathématicien et de développer des théorèmes. Mais il optera pour un chemin plus pragmatique, celui des sciences informatiques. Une fois son doctorat de l’université du Sussex en poche, il y commence sa carrière comme chercheur puis intègre l’Institut français de recherche en sciences et technologies du numérique (Inria) en 1986. Il crée l’une des premières start-up du laboratoire de l’institut qu’il gère pendant plus de dix ans avant de la céder à l’entreprise de services numériques Sopra Steria. Parallèlement, il fonde et dirige le DESS Ingénierie documentaire et multimédia de l’université d’Évry. "Sans que ce soit une start-up au sens juridique, ce DESS avait tout d’une entreprise dont je reste fier. Je l’ai créé en association avec des entreprises qui y livraient des enseignements et jouissaient d’un vivier d’étudiants formés pour les stages et le recrutement. Cent pour cent des étudiants trouvaient un emploi. Certains sont devenus de grands chefs d’entreprise",
affirme-t-il. Après quatorze années dans l’enseignement, il rejoint le monde de l’entreprise en intégrant Axway, une filiale du groupe Sopra Steria. Mais en 2013, l’entrepreneuriat lui fait de nouveau du pied. Il crée alors Flaminem, une regtech dont la mission s’inscrit dans le cadre de la lutte anti-blanchiment et financement du terrorisme. "Nous avons commencé nos activités dans le domaine régalien notamment dans la lutte antiterroriste. Nous développions des outils d’aide à l’investigation pour le secteur militaire. Mais notre positionnement a évolué vers la lutte contre le financement du terrorisme et le blanchiment d’argent en raison des opportunités du marché."
Avec Flaminem, Antoine Rizk voit loin, il veut devenir "la référence en matière de solutions d’intégrité d’entreprises". Pour réaliser son ambition, le serial-entrepreneur peut compter sur sa "stratégie triptyque" qui consiste à veiller à la satisfaction de ses clients, maintenir la cohérence d’une équipe complémentaire et proposer la seule solution innovante du marché qui soit réellement optimisée pour la diligence des personnes morales.
Charlotte Gaudin, CEO & founder, AML Factory : Élaborer le compliance officer de demain
Enfant, Charlotte Gaudin se rêvait commissaire de police. Elle poursuit naturellement des études en droit pénal en complétant sa formation académique par des stages en prison, en centre médico-légal ou encore à la cour d’assises. "Mais je me suis rendu compte que je ne voulais envoyer personne en prison", confie-t-elle. À l’issue de sa dernière année d’études en sciences criminelles, elle intègre le ministère de l’Intérieur en tant que chargée de mission pour les questions pénales et commissaire du gouvernement pour les projets de loi sur la lutte antiterrorisme (2005) et sur la prévention de la délinquance (2006). Curieuse et dynamique, elle reprend le chemin de l’école pour se spécialiser dans la lutte anti-blanchiment avant de s’orienter vers le monde de l’entreprise, d’abord comme consultante en gestion des risques et contrôle interne d’Oxea en 2007 puis comme consultante compliance en 2009 chez SterWen consulting. Elle se tourne ensuite vers le secteur bancaire au poste de legal and compliance officer au sein de Saxo Banque France en 2011 avant de se lancer en tant que consultante freelance.
Redynamiser les métiers de la conformité
Issue d’une famille d’entrepreneurs, Charlotte Gaudin fonde Conformément Vôtre en 2011, un cabinet de conseil en conformité bancaire et financière. Forte de cette expérience, elle lance ensuite le projet AML Factory en 2019 aux côtés de Benoit Guilleminot, cofondateur et CTO de la regtech, avec l’idée "d’offrir aux entreprises un compliance officer augmenté pour assurer leur conformité aux réglementations en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et financement du terrorisme". En proposant une solution innovante et sur mesure avec six modules analogues au rôle d’un compliance officer sur le terrain, la jeune pousse a déjà conquis la Fédération bancaire française qui lui décerne le prix RB innovation 2020. Pourtant précurseur en la matière, elle explique que "la difficulté est souvent de convaincre les clients qui restent persuadés que notre proposition de valeur était bien trop belle pour être vraie", avant de conclure sur ce que serait sa plus grande victoire : celle qu’un jour l’un des utilisateurs d’AML Factory passe haut la main le contrôle d’une institution de régulation.
Yannick Tayoro & Jessie Razafindrabe