Bérénice de Warren, la talentueuse
Bérénice de Warren a bien failli ne jamais devenir avocate. Amoureuse des lettres, elle aspire d’abord à intégrer une prépa littéraire puis projette de passer l’ENM à la fin de son cursus en droit. Elle tente de tout même le barreau, "pour se tester" et l’obtient du premier coup. Le goût pour la matière pénale, qu’elle a découvert en fac de droit, la pousse à poursuivre sa formation à l’École du barreau. Le métier d’avocat lui tend alors les bras.
Enjeux politiques et médiatiques
Sa première collaboration chez Veil Jourde, chez qui elle restera sept ans, lui permettra de s’installer pleinement dans la profession et de rencontrer Antoine Maisonneuve, auquel elle s’associe en 2019. Aux côtés de Jean Veil et de François Esclatine, elle apprend d’abord à maîtriser les arcanes du droit pénal des affaires et surtout, à acquérir les bons réflexes pour parler "le langage du dirigeant d’entreprise". Ce qui lui plaît le plus ? La gestion des enjeux politiques et médiatiques dans certains procès sensibles.
Lorsqu’Antoine Maisonneuve lui propose de rejoindre le cabinet qu’il dirige avec son père, le pénaliste de renom Patrick Maisonneuve, elle saisit cette occasion en or : "Intégrer ce cabinet correspondait à l’orientation que je souhaitais donner à ma carrière à ce moment-là : continuer à traiter de dossiers de pénal des affaires dans un cabinet 'boutique', et développer plus spécifiquement certaines activités comme le droit pénal social", relate la Rémoise de 35 ans qui intervient aussi en droit pénal général ainsi qu’en contentieux bancaire et réglementaire.
Dans la pile de ses dossiers, récents et plus anciens, des personnes que tout le monde connaît, dont elle a assuré la défense : Didier Lombard ex-PDG de France Télécom, Jérôme Cahuzac ancien ministre du Budget, Jean-Pierre Jouyet auparavant secrétaire général de l'Élysée ou encore Pierre Giacometti, ancien conseiller aux relations proche de Nicolas Sarkozy et poursuivi pour recel de favoritisme. De ces sujets si médiatisés naissent très souvent des événements humains tragiques : des réputations professionnelles et familiales entachées ou parfois même des suicides, comme dans le cadre de l’affaire des salariés de France Télécom. Outre ses qualités humaines pour accompagner ces clients particuliers dans ces batailles difficiles, Bérénice de Warren sait s’imposer avec finesse pour gagner leur confiance : "J’ai eu la chance d’être formée par Jean Veil pour accompagner aux mieux nos clients, notamment ceux du milieu politique, puis de travailler avec Patrick et Antoine Maisonneuve qui ont aussi une grande expertise en la matière. Il s’agit de trouver son propre positionnement en tant qu’avocat et de créer une vraie relation de confiance. Il faut également bien maîtriser la communication et les relations avec les journalistes. Le temps judiciaire n’est pas le temps médiatique."
Cette capacité à affronter les tempêtes sans jamais ployer fait de Bérénice de Warren une avocate de poigne. Bien qu’affichant un parcours sans faute, elle garde en elle un certain pragmatisme : "Le travail est la clef de tout. En matière pénale, les juges sont exigeants et connaissent très bien leurs dossiers. Il faut tout anticiper pour y faire face", poursuit cette mère de trois enfants. À l’instar d’une conquérante, Bérénice de Warren est résolument présente sur tous les fronts.
Marine Calvo