Né il y a exactement trente ans, Aon s’est forgé une place de leader sur le marché du courtage en assurance. Rencontre avec Laurent Belhout, son CEO France-Belgique-Luxembourg-Maroc, pour évoquer le positionnement du groupe, sa politique d’acquisition, sa gestion des talents en interne.

Décideurs. Pouvez-vous nous présenter Aon, son nom, son positionnement ?

Laurent Belhout. En gaélique, "aon" signifie "un". L’éthique d’Aon repose sur la collégialité et la transversalité. La totalité de nos experts français travaillent ensemble dans un même immeuble à Paris, rue de la Fédération, et tout ça est décliné à l’échelle du monde entier. La volonté du groupe est d’avoir une vision client holistique. Il y a deux grandes familles : celle des risques, tangibles, et celle des peoples, des personnes qui travaillent. Nous sommes courtiers des entreprises, principalement des multinationales, avec 120 bureaux dans 500 pays.

Notre réseau est propriétaire à 100 % – nous n’avons pas de partenariats sauf là où la loi nous y contraint (en Inde, par exemple) – et s’accompagne d’une charte, qui permet au client d’avoir le même service dans le monde entier. Pour ce qui est de la responsabilité, le pays émetteur est responsable de la totalité du monde entier.

Aon réalise aujourd’hui 11 milliards de dollars de chiffre d’affaires, dont 4,4 dans la région Emea (UK inclus). La sous-région France-Belgique-Luxembourg-Maroc est la première sous-région en matière de revenus dans le périmètre Emea. En France, Aon compte un peu moins de 1 000 salariés, pour 382 millions d’euros de chiffre d’affaires. Il y a un seul CEO pour l’ensemble des risques, à l’exception de la réassurance dirigée par Catherine Bourland et dont les clients sont les assureurs. Nous sommes leader sur les risques d’entreprise.

"Le métier d’Aon, c’est de faire du sur-mesure"

Quel regard portez-vous sur la fusion Diot-Siaci ? Y voyez-vous un impact sur le travail ?

Pas instantanément, mais des fusions de cette ampleur créent des mouvements sur les talents. Ce sont deux maisons avec des histoires différentes. Il y aura des additions, des soustractions, et très certainement des occasions people et des occasions clients pour le marché. Je pense que le tout aura un impact positif pour les compétiteurs.

Comment sont gérées les ressources humaines chez Aon ?

Les ressources humaines sont un point clé, nous sommes une industrie fondée sur la valeur intellectuelle ajoutée des gens. La force et le plaisir tiennent sur les relations humaines, dans des marchés qui sont très volatils, gouvernés par bien d’autres paramètres que des taux : qualité du risk management, qualités du courtier qui représente le client. Le métier d’Aon, c’est de faire du sur-mesure.

En ce qui concerne le recrutement, le principe n’est pas de remplir des cases. Nous avons l’assise financière pour qu’à chaque fois qu’un talent passe, on puisse le saisir. Or le business s’organise autour du talent ; car ce que les clients veulent, c’est de la matière grise. C’est pourquoi nous sommes en recherche permanente. Le talent attire le travail, il suffit donc d’avoir des talents pour avoir des clients.

Les femmes représentent plus de 50 % du Codir et ce sera également le cas demain au sein du Comex. Cela se fait naturellement : ce qui nous intéresse est à l’intérieur de la personne, donc la diversité est naturelle.

Les équipes ont-elles un parcours "type" ?

Les talents sont hétérogènes, ils ont des parcours diversifiés. Nous avons autant d’autodidactes qui ont développé une intelligence instinctive, que de profils "hautes écoles" à l’intelligence analytique. Faire converger ces deux types de profils donne des choses exceptionnelles.

Aon a mis en place un parcours de progression, qui correspond à des programmes de formations réservés aux collaborateurs à haut potentiel du monde entier. Ces programmes reconnus à travers le groupe offrent non seulement le bénéfice d’un réseau international, grâce à des collaborations sur des projets groupe à forts enjeux business, mais peut aussi permettre de développer son plein potentiel en tant que futur leader. Ainsi, des occasions d’évolution professionnelle variées peuvent apparaître dans des organes de direction, partout dans le monde, en progressant avec le temps.

"On achète des sociétés pour acquérir nous-mêmes les compétences. Si une occasion se présente demain, on sera au rendez-vous"

Le groupe a récemment réalisé plusieurs opérations d’acquisition. Quelle est la politique en la matière ?

C’est une politique locale d’acquisition. Chicago, le berceau d’Aon, nous pousse à acquérir en France car c’est un pays identifié comme propice à l’investissement. Néanmoins, les occasions ne sont pas nombreuses. La recherche d’occasions d’acquisitions est comparable à celle de talents, c’est un job à part entière.

La stratégie de croissance repose avant tout sur la recherche de savoir-faire, de niches. Nous avons acquis Apollo sur la tech, Chapka sur le travel, Ovatio pour le culturel/événementiel. On achète des sociétés pour acquérir nous-mêmes les compétences. Si une occasion se présente demain, on sera au rendez-vous.

Quel a été l’impact du Covid, quand, justement, on a acheté peu avant une société spécialisée dans les voyages ?

Avec la crise, deux niches ont été très affectées en effet : le travel et l’événementiel. Mais c’est réparé, le chiffre d’affaires du travel en janvier 2022 dépasse celui de janvier 2019. Ovatio, de son côté, est en très forte croissance. Effectivement, Chapka a été acheté fin 2019, le timing n’était pas idéal. Mais en contrepartie, pendant la crise, la tech a explosé avec le Covid. Le Covid n’a donc pas eu d’impact global sur la croissance.

Quid de la compliance et de l’ESG au sein du groupe ?

Il y a des compliance officers dans tous les bureaux, avec un officer monde au Comex, détaché du juridique. Il diligente les audits, que nous faisons très régulièrement : par département, segment, activité, volume de dossier. Si une étape n’est pas validée, ça redescend. C’est aussi un mindset : "100 % compliant". À chaque fois que quelque chose est fait, nous devons valider par écrit. Il y a aussi un DPO pour le RGPD. Pour l’ESG, nous avons une practice basée en Suisse. Ce sont les débuts, early stage, mais elle se développe, avec des consultants spécialisés.

Propos recueillis par Emmanuel Ojzerowicz et Olivia Fuentes

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