Gad Azuelos. PricewaterhouseCoopers: « Le pragmatisme terrain est de retour »
Gad Azuelos
Associé, PricewaterhouseCoopers, ligne transaction.
Décideurs : Vous étes associé au sein du département Transactions de PwC. Quelle est votre offre de services et votre positionnement ?
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Gad Azuelos : Une des caractéristiques du pôle Transactions est la manière par laquelle nous approchons les transactions avec nos clients. Je qualifierais notre positionnement par trois mots clés : business, engagement, pluridisciplinarité. Business : comme nos clients nous voulons appréhender les enjeux liés à leur activité avant tout. C’est la raison pour laquelle nous avons développé une approche par industrie pour mieux appréhender les enjeux spécifiques de chaque secteur d’activité et anticiper en amont de la transaction les problématiques particulières. |
Engagement : nous savons à quel point la réalisation d’une transaction est un moment critique pour nos clients qui s’investissent pleinement afin d’atteindre leurs objectifs. Nos équipes, des plus juniors jusqu’aux associés, sont tout aussi passionnées que leurs clients par ces opérations et s’engagent à 100 % : l’essence des transactions coule dans les veines de chacun de nous.
Pluridisciplinarité : parmi les collaborateurs dédiés du Pôle Transactions de PwC, on trouve bien évidemment des experts financiers, mais également des opérationnels ayant exercé des responsabilités managériales en entreprise, des experts en stratégie, en valorisation d’entreprises, des actuaires et des spécialistes en redressement d’entreprises. Ils sont, si nécessaire, épaulés par d‘autres experts : juristes, fiscalistes experts environnementaux, etc. Tous travaillent de concert vers un seul et même objectif et en coordination étroite : adresser les enjeux business de nos clients et maîtriser toute la variété des risques intrinsèques à l’opération envisagée.
De facto, nous accompagnons nos clients tout au long du processus transactionnel mais également post-acquisition, afin de les aider à générer les résultats attendus du business plan d’acquisition.
Décideurs : Quelles grandes tendances avez-vous constatées auprès de vos clients ces derniers mois ?
G. A. : Au cours des derniers mois, on constate une tendance significative : les corporates expriment une volonté très nette de recentrage sur leur cœur de métier. Compte tenu des contraintes de financement, ils conduisent des opérations de cession d’activité « non core » pour financer leurs acquisitions. La conséquence pour nos activités est un nombre sans cesse croissant de transactions impliquant des problématiques complexes de détourage.
Compte tenu de la situation du marché de la dette, les banques sont beaucoup plus attentives que par le passé à bien appréhender les implications de ces détourages, non seulement sur les comptes en stand-alone, mais également sur le plan opérationnel. Il n’est plus rare aujourd’hui d’avoir à expliquer clairement et de façon détaillée comment l’acquéreur va assurer la continuité des opérations, tout en préservant la rentabilité. L’habitude de nos équipes financières, opérationnelles, juridiques et fiscales à travailler ensemble est un vrai atout dans des transactions impliquant un carve-out ou une transformation forte de la cible. Nous ne travaillons pas en silo mais transversalement en adressant les problématiques générales de la transaction.
Décideurs : D’un point de vue macro, quel est l’état du marché ?
G. A. : En France le volume des transactions a baissé de 20 % entre 2007 et 2008 et d’environ 25 % entre 2008 et 2009. Néanmoins les transactions ne se sont pas arrêtées pour tous les secteurs : les secteurs les plus actifs étant la santé, la pharmacie, l’agro alimentaire, les médias et télécom et l’informatique. En ce qui concerne le marché du LBO, les fonds d’investissement ont concentré l’essentiel de leurs efforts sur les build-up et la renégociation des dettes LBO.
Si on regarde les perspectives, le point bas du marché des M&A a sans doute été atteint en 2009 et 2010 devrait être marquée par une reprise mesurée et progressive du volume des transactions.
Le pragmatisme terrain est de retour. En effet, nous sommes à nouveau fréquemment sollicités par des corporates dans le cadre d’opérations de croissance externe afin de compenser une trop faible croissance organique. Les contraintes de financement étant toujours présentes, les industriels ont tendance à financer leurs acquisitions par des projets de cessions, ce qui contribue à animer le marché M&A.
Les fonds d’investissements qui, au cours des deux dernières années ont réalisé très peu d’opérations, sont face à la double nécessité d’investir et de réaliser des sorties.
Tout cela nous conduit à être assez optimistes, et ce d’autant que l’on constate une reprise avérée des transactions aux US, UK et en Allemagne.