Le président de l'historique GP français revient sur l'adaptation de sa boutique aux nouvelles conditions du marché mid-cap. 
Décideurs. Malgré un contexte ultracompétitif sur le middle market, comment réaliser de belles opérations aujourd’hui en France  ?
Robert Daussun. Le métier de l’investissement est un marché mûr. Nous devons donc nous différencier et nous dépasser pour obtenir de bons résultats. En plus d’identifier la bonne cible et de l’acquérir au bon prix, il faut davantage qu’autrefois accompagner la croissance des sociétés en portefeuille. C’est une leçon tirée de la crise financière. C’est pourquoi nous avons aujourd’hui une équipe d’une dizaine de personnes dédiée au suivi des participations et à l’amélioration de la performance, dont le profil est essentiellement opérationnel.

Décideurs. Où en êtes-vous dans votre levée de fonds ? Qui sont vos LPs ?
R.D. Nous avons déjà réalisé un premier deal avec notre nouveau véhicule White Knight IX: en novembre dernier, nous avons racheté Chryso à Wendel. Une deuxième opération devrait être annoncée dans les semaines à venir. Et nous étudions cinq dossiers en ce moment, dont 2 primaires. Pour réussir une levée de fonds, plusieurs éléments entrent en ligne de compte : l’environnement – qui n’est pas contrôlable –, la capacité à faire fructifier les investissements de nos LPs et l’aptitude à bien gérer un portefeuille de participations. En 18 mois, nous avons retourné près de 1,2 milliard d’euros à nos investisseurs. Sur le dernier point, notre portefeuille affiche en 2014 un Ebitda consolidé en croissance de près de 10 %. Cela tient notamment au fait que nous sélectionnons des champions français qui capturent la croissance internationale. A ce jour, 60% du chiffre d’affaires de notre portefeuille est généré hors de France. « L’Allemagne n’a pas le monopole des PME exportatrices à l’étranger ». La France présente de belles opportunités, que nous saisissons. LBO France a ainsi été le fonds le plus actif pendant la crise sur le marché domestique. Si LBO France allait s’installer en Belgique ou à Londres, nous ne serions plus ce que nous sommes car nous renoncerions à un avantage compétitif lié à notre ancrage sur le marché français.

Décideurs. Est-ce qu’une entreprise réalisant moins de 50 % de son CA à l’étranger peut vous intéresser ?
R. D. Oui. Ce n’est pas parce qu’au moment où on la regarde, l’entreprise exporte peu, que nous n’allons pas être capable de changer la donne. Lorsque nous avons acheté Poult, par exemple, la société était le deuxième biscuitier français et nous l’avons emmenée à l’international : d’abord, en passant par la Grande-Bretagne puis en achetant le numéro trois du marché polonais. Même schéma pour Materne avec qui nous avons conquis le marché américain des gourdes de compote alors que l’entreprise était exclusivement implantée en France avant notre arrivée, avec plus de 50 % de parts de marché. En quatre ans, nous avons permis à Materne de vendre plus de compotes outre-Atlantique que sur son marché domestique. Aujourd’hui, Materne a conquis plus de 50 % des parts de marché aux États-Unis.

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail

GUIDE ET CLASSEMENTS

> Guide 2024