Le mouvement veut battre une monnaie d’or.
Le mouvement islamiste, qui a pris le contrôle d’une partie de l’Irak et de la Syrie, souhaite asseoir son existence comme entité étatique en frappant sa propre monnaie faite d’or, d’argent et de cuivre. Dans le reste du monde, l’or est largement considéré comme une « relique barbare », expression employée par Keynes signifiant ainsi qu’il est devenu inadapté à l’économie moderne. Le choix de l’État islamique n’obéit pas à un strict goût médiéval mais traduit une compréhension plus profonde de la nature de la monnaie et des impératifs économiques auxquels il doit se soumettre s’il veut subsister.

Dans le reste du monde, les États ont substitué au cours du XXe siècle à cette valeur intrinsèque leur propre crédibilité financière. La monnaie fiduciaire qui a progressivement supplanté la monnaie métallique repose sur cette idée qu’il existera toujours une contrepartie dans l’État qui l’émet pour l’accepter comme moyen de paiement. L’État islamique ne bénéficie pas d’une telle confiance. Pour sortir de l’impasse du troc – le décalage des besoins –, il revient à une monnaie détenant une valeur intrinsèque – mais variable – et garantit ainsi la possibilité pour lui d’échanger. Cela pourrait notamment permettre à l’État islamique d’accroitre l’exportation du pétrole provenant des puits dont il a pris le contrôle.

Alors que la crise de l’euro et la multiplication des politiques non conventionnelles ont affaibli les grandes monnaies mondiales, l’État islamique n’est pas le seul à regarder du côté du métal jaune pour retrouver une solidité monétaire. La Chine et la Russie en particulier pratiquent depuis 2009 des achats discrets d’or. Ces mouvements montrent que les rapports financiers mondiaux s’éloignent de la logique de marché pour retrouver le décor de la géopolitique, et même d’une certaine realpolitik, que la fin de l’URSS semblait avoir enterrée avec elle.

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