Après avoir attaqué les grands groupes, les fraudeurs se lancent à l’assaut des PME.
Tout commence par un appel urgent : « Nous avons besoin d’un virement pour financer une acquisition en Asie. Garder le secret jusqu’à l’annonce officielle. » Bien sûr, le comptable hésite puisque ce n’est pas le processus standard. Mais le soi-disant président sait être persuasif : il mentionne des faits personnels, le félicite pour un travail qu’il a réalisé par le passé. Il envoie même des mails à travers une adresse piratée. En utilisant l’argument de l’autorité et en flattant le comptable, le faux président obtiendra finalement le virement en seulement quelques jours.

Déjà plus de 250 millions d’euros

Cela vous semble impossible ? Pourtant, selon la Fédération bancaire française (FBF), le préjudice s’élève déjà à plus de 250 millions d'euros et plusieurs centaines de procédures sont en cours d’après la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Dans la majorité des cas, le montant est compris entre 500 000 et un million d’euros.

Les fraudeurs sont bien organisés. Avant de passer leur coup de fil, ils épluchent les statuts de la société, l'extrait K-bis, les comptes rendus des comités d'entreprises ou encore les procès-verbaux des assemblées générales pour collecter un maximum de renseignements sur l'organigramme. Sans oublier de récolter quelques informations sur les réseaux sociaux. Mais les fraudeurs poussent le vice plus loin. Ils utilisent même les communiqués internes pour s’imprégner du vocabulaire de l’entreprise. Dans certains dossiers, les fraudeurs avaient tellement d’informations que les policiers ont pu parfois suspecter des complices en interne. En réalité, ils travaillent en amont avec des hackers qui récoltent toutes les infos internes. En aval, ils utilisent des parcours financiers complexes afin de ne pas se faire attraper.

Les PME doivent se protéger

Plus d’un an après les débuts de cette fraude, les grands groupes ont eu le temps de mettre en place des mesures pour se prémunir contre ce risque. Résultat, les fraudeurs commencent à s’attaquer aux PME qui n’ont pas encore eu vent de cette pratique. Si les montants sont moins élevés, les conséquences peuvent être dramatiques en mettant en cause l’équilibre économique de l’entreprise.

Pour limiter les risques, voici les trois conseils clés à suivre :

1- Sensibilisez vos collaborateurs. Envoyez un mail à tout le service financier pour évoquer le phénomène.
2- Renforcez les procédures internes. Pour la réalisation de virements supérieurs à un certain montant, par exemple, introduisez l’aval d’un supérieur hiérarchique. De cette façon, la personne ciblée par la fraude sera obligée d’en parler autour d’elle.
3- Limitez la diffusion d’informations. Moins les fraudeurs trouveront d’informations internes sur votre entreprise, plus il leur sera difficile de se faire passer pour l’un des vôtres. Ainsi, pensez aux informations que vous dévoilez sur réseaux sociaux ou votre site Internet. Les signatures des emails et les modèles types de courrier sont les éléments les plus recherchés par les fraudeurs.

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail

GUIDE ET CLASSEMENTS

> Guide 2024