Comme chaque année, Bain & Company publie son rapport sur le marché mondial du capital-investissement. Jérôme Brunet, associé chez Bain & Company, revient sur les faits marquants de 2014 et les tendances à venir.
Décideurs. Quel bilan tirez-vous de l’année 2014 ?
Jérôme Brunet.
C’est une excellente année au niveau global pour le capital-investissement et en particulier pour les sorties. L’excès de capital et l’accès à une dette abondante et bon marché ont permis aux fonds de vendre leurs actifs à un bon prix. En 2014, le montant des sorties a atteint 456 billions de dollars, soit une hausse de 67 %. C’est un nouveau record ! Les levées de fonds se maintiennent également à des niveaux élevés mais en léger repli par rapport à 2013.

Néanmoins, les acheteurs ont dû faire face à une forte concurrence et à l’inflation du prix des actifs. En valeur, le montant des investissements a diminué de 2 %. Résultat, les LPs affichent, pour la quatrième année consécutive, des flux de trésorerie positifs. C’est la première fois qu’un tel déséquilibre entre sortie, levée de fonds et cessions dure aussi longtemps et à un tel niveau.

« Le montant des investissements a diminué de 2 % »

Décideurs. Quelles sont les tendances que vous voyez émerger ?
J. B.
Nous en avons identifié deux. La première est le développement du capital fantôme. Il s’agit d’importants montants de capital (10 à 20% du total des fonds investis) que les investisseurs institutionnels placent au travers de co-investissements, dans des comptes gérés séparément ou d’investissements en direct. Selon nous, le risque le plus important de ce phénomène n’est pas la possibilité que les LPs soient en concurrence avec les GPs mais plutôt que cela détériore l’économie du secteur, avec une part plus importante du portefeuille générant une moindre valeur pour les GPs. La deuxième tendance est le recentrage des investissements sur les États-Unis. Malgré sa maturité, il dispose encore de marges de progression importantes. Parmi les entreprises du marché intermédiaire ayant une valeur entre 100 et 500 millions de dollars, les analyses de Bain montrent que le nombre d’entre elles détenu par des fonds de private equity a augmenté de 8 à 23 pourcent entre 2000 et 2013, soit presque une entreprise sur quatre

Décideurs. Comment ont évolué les performances réalisées par les fonds ?
J. B.
L’écart de performance entre fonds s’est réduit pour les millésimes les plus récents. L’oscillation des retours sur un ou deux deals peut pousser un fonds à passer d’un niveau de performance supérieur à la moyenne à inférieur. Les analyses de Bain montrent que ce n’est qu’au bout de la septième année dans la vie d’un fonds que les investisseurs peuvent savoir avec certitude ce qu’il générera.

Propos recueillis par V.P.

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