En injectant un milliard d’euros, le prince américain vient sauver sa jolie princesse européenne en détresse.
L’histoire semble parfaite. Vingt-deux ans après sa création, les parcs d’attractions d'Euro Disney attire chaque année plus de quatorze millions de visiteurs ce qui en fait la première destination touristique privée en Europe. Quant aux hôtels qui représentent le parc hôtelier le plus important de France, ils sont plus remplis que la moyenne française. Les enquêtes de satisfaction indiquent même que les clients sont très « contents » de leur expérience. Tous les indicateurs sont aux verts, enfin presque… au niveau financier, tout n’est pas rose.

Trois restructurations financières en huit ans

Depuis sa création en 1992, Euro Disney n'a affiché que sept exercices bénéficiaires. Pire encore, depuis 2002, la société a cumulé une perte nette de plus de 800 millions d'euros. Résultat, Euro Disney ne vaut plus que 110 millions d'euros en Bourse. C’est 54 % de moins qu'il y a cinq ans ! Entre 1994 et 2012, la société a dû réaliser pas moins de trois restructurations financières (1994,2004 et 2012). À chaque fois, le dépôt de bilan n’est pas loin.

Car pour entretenir le rêve, Euro Disney n’a pas d’autres choix que de continuer à investir. Ratatouille, la nouvelle attraction du parc, a coûté pas moins de 200 millions d’euros. Sans compter les sommes investies pour rénover les attractions et les hôtels. Quand les visiteurs se bousculent, le modèle peut tenir mais en période de crise… En 2014, le parc ne devrait donc accueillir « que » 14,1 millions de visiteurs tandis que le taux d’occupation des hôtels baisserait à 75 % ! On est bien loin des 91 % d’avant crise. Pour 2014, Euro Disney prévoit d’afficher une perte nette comprise entre 110 et 120 millions d’euros, soit environ 10 % du chiffre d’affaires.

Dans de telles conditions, la trésorerie ne tient plus qu’à un fil. À tel point que le dépôt de bilan est de nouveau envisagé, seulement deux ans après la dernière restructuration financière. Bien sûr, dans les faits, une telle fin est impossible car le groupe Disney ne peut pas abandonner sa pépite qui lui sert de vitrine en Europe.

Aucun impact sur les emplois

Le prince charmant se sera fait prié mais il arrive avec l’artillerie lourde. Dans son escarcelle, une opération complexe, de plus d’un milliard d'euros. Disney va verser 420 millions d'euros d'argent frais à Euro Disney afin d’éviter tout problème de trésorerie. Dans le même temps, le groupe américain va réaliser une OPA en convertissant les créances (600 millions d’euros) qu’il détient en actions. Mais le prix, très bas (1,25 euro alors que l'action cotait 3,46 euros vendredi dernier), a fait peur aux investisseurs. Le 6 octobre, le cours d'Eurodisney perdait 20 %.

Du côté d’Euro Disney, on se veut rassurant : l’opération n’aurait aucun impact sur l’emploi ou sur sa stratégie de développement à moyen terme. Bref, tout est bien qui finit bien… Jusqu’au prochain épisode. Car si le parc d’attractions a su régler son problème d’endettement, il lui reste à faire face à la baisse des visiteurs due à la crise.

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