Le managing director d'Advent International revient sur l'évolution du rôle stratégique du fonds vis-à-vis de leurs participations.

Décideurs. Quels sont les deals qui vont ont le plus marqué dernièrement ?

Cédric Chateau. Il y en a deux. Je citerai tout d’abord Sophis, leader des « financial softwares » destiné au marché des dérivés actions que nous avons repris à son fondateur. C’était un travail de longue haleine puisque les négociations ont duré deux ans. Sophis était, selon nous, une pépite. En pleine crise financière, nous avons néanmoins anticipé de grandes difficultés, mais le logiciel que Sophis commercialisait s’est avéré un outil de gestion des risques essentiel pour les institutions financières. Nous avons eu le sentiment que nous aurions pu tout perdre, mais grâce à l’important travail de structuration réalisé, nous avons significativement développé les ventes, notamment aux États-Unis. Nous l’avons ensuite cédé à une société cotée. L’autre opération qui m’a marqué, c’est Oberthur. De la même façon, Oberthur est un leader mondial français de son secteur. Nous avons très fortement accéléré ses ventes à l’international. Oberthur se trouve désormais à la pointe de l’innovation technologique. Cela a été réalisé grâce à la nomination d’un nouveau CEO, Didier Lamouche, et au doublement des investissements en Capex et en R&D. Oberthur enregistre aujourd’hui une croissance à deux chiffres.

 

Décideurs. Au-delà du soutien financier, de plus en plus de fonds prennent un rôle de business partner vis-à-vis de leurs cibles/participations. Quelle analyse faites-vous de cette évolution ?

C. C. J’estime, pour ma part, qu’il doit y avoir une répartition claire des rôles. Les salariés des fonds ne doivent pas être des opérationnels. Leur place se trouve au sein des conseils de surveillance. On ne doit pas confondre les deux. Le rôle du fonds, en tant que tel, c’est de placer le management dans les meilleures dispositions pour développer la société. Cela signifie définir avec lui une stratégie à cinq ans, dont l’exécution sera déclinée par le management sous l’égide du conseil de surveillance. C’est sur ces bases claires et explicites que l’on crée une bonne relation de long terme et que l’on peut affronter ensemble les inévitables imprévus.

 

Décideurs. Advent a su utiliser le levier international dans le cadre de son développement. Quelles ambitions et quels projets affichez-vous pour les deux années à venir ?

Le développement international est un facteur clé de la croissance d’Advent International. Depuis un peu plus de trente ans, le groupe a investi dans plus de trois cents opérations dans quarante pays. Nous disposons d’une équipe internationale intégrée de plus de 180 professionnels de l'investissement en Amérique du Nord, en Europe, en Amérique latine et en Asie. En France, nous investissons depuis 1997. L’équipe française, composée de neuf professionnels a travaillé sur près de quinze opérations d’investissement en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Suisse. Nous disposons de moyens et de l’expérience nécessaires pour accompagner les entreprises françaises  dans leur expansion internationale grâce à notre réseau mondial. Par ailleurs, nous apportons notre soutien aux sociétés du portefeuille mondial lors d’acquisitions en France. Citons par exemple Nocibé/Douglas que nous avons racheté fin 2012 et qui est aujourd’hui le numéro un européen de la parfumerie, Corialis, fabricant européen de profilés en aluminium, ou encore Oberthur Technologies, leader mondial dans les solutions de sécurité digitales pour la mobilité. En conjuguant l’envergure internationale de son réseau à un fort ancrage local, Advent dispose d’atouts précieux pour les sociétés dans lesquelles nous investissons.

Propos recueillis par Mathieu Marcinkiewicz

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