Si le crédit bancaire demeure la source principale de financement, les alternatives se développent. Mais attention à la solution retenue, elle a un impact direct sur la stratégie possible de la société.

En 2015, 54?% des dirigeants de PME reconnaissaient avoir dû renoncer à lancer de nouveaux projets faute d’argent. Un chiffre en constante augmentation depuis 2007. La crise des subprimes et la multiplication des normes prudentielles continuent de peser sur la capacité des banques à réaliser des prêts. Or, contrairement aux États-Unis où les fonds sont plus développés, les crédits bancaires demeurent la source principale de financement pour les PME. En France, ils représentent 61?% de la dette des entreprises. Selon la Banque de France, les établissements ont octroyé 372?milliards d’euros de crédits aux PME en 2014.

 

Marchés financiers

 

Pourtant, les alternatives existent?: fonds d’investissement, crowdfunding, marchés financiers… Un choix difficile à orchestrer car il conditionne le développement de la société pour les années suivantes. Résultat, par peur de perdre le contrôle, de nombreux dirigeants rechignent à faire appel à des investisseurs. Une crainte que Jean-Baptiste Rudelle, président de Criteo, écarte dès le début de son livre On m’avait dit que c’était impossible?: «?Il vaut mieux une plus petite part d’un gros gâteau que tout un cookie.Certains, comme Patrick Levy-Waitz, président du groupe ITG, sont plus prudents?: «?Notre modèle de gestion est de financer notre croissance endogène sur nos fonds propres. Nous n’envisageons de faire appel à des capitaux externes que pour réaliser des acquisitions.

 

Deuxième source de financement derrière le crédit bancaire, les marchés financiers. En 2014, ce sont plus de neuf milliards d’euros qui ont été levés sur Euronext. Une solution intéressante mais qui s’adresse à des sociétés matures capables de gérer les contraintes liées à la pression des actionnaires. «?Le fait d’être coté nous oblige à avoir une vision de court terme. Pour autant, nous gardons également une vision à plus long terme. Notre équipe de R&D est ainsi divisée en deux groupes?: le premier qui travaille sur des projets inférieurs à dix-huit mois, le second qui se focalise sur des dossiers plus structurants qui peuvent dépasser des délais de deux ans, témoigne Grégory Gazagne, executive vice president chez Criteo.

 

Un endettement supportable

 

Portées par des taux historiquement bas, les émissions obligataires ont également la cote. Pernod Ricard vient de réaliser une opération de cinq cents millions d’euros à un taux de 1,875?%, le niveau le plus bas jamais obtenu par le groupe français. «?Notre politique de financement est concentrée sur ce marché?: la part obligataire représente plus de 80?% de notre endettement, précise Olivier Guelaud, directeur audit et trésorerie de Pernod Ricard. Le poids de la dette doit néanmoins rester supportable au risque de voir les investisseurs fuir l’action de la société. Ainsi, Altice perdait près de 12?% après avoir réalisé une émission obligataire de 1,6?milliard d’euros. Chez Pernod Ricard, on est conscient du risque mais on estime qu’il est maîtrisé. «?Le niveau d’endettement actuel est parfaitement cohérent avec notre objectif de conserver notre notation investment grade tout en gardant une marge de manœuvre pour réaliser des acquisitions ciblées, insiste Olivier Guelaud.

 

Troisième mode de financement, le private equity. Au-delà du capital apporté, les fonds sont appréciés pour leur expertise en matière de pilotage. Autre avantage, leur expérience en matière de build-up. «?La vigilance à avoir est qu’un investisseur n’est pas programmé pour rester à demeure et qu’un projet de sortie doit pouvoir être opérable à moyen terme?», met en garde Gilles Ridel, président de Nexway, société ayant réalisé trois tours de table en six ans. Parmi les solutions, la Bourse, le Saint-Graal pour les start-up.

 

V. P.

 

Le point de vue de Bjarke Mikkelsen, CEO, Daraz Asia.

 

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