Le directeur général de l'assureur dresse un panorama des implications d'ANI sur les grands acteurs du marché.

Décideurs. En quoi les nouvelles dispositions de l’ANI bouleversent-elles votre environnement économique ?

 

Éric Lombard. Revenons à l’origine du changement. L’ANI est le fruit d’une grande négociation avec les partenaires sociaux sous l’égide de Michel Sapin, après les présidentielles de 2012. L’idée initiale était de modifier le droit du licenciement. Toutefois, la CFDT a demandé une contrepartie pour les salariés. Ainsi, l’accord a aussi intégré la généralisation de la complémentaire santé. Nous n’avions pas vu, à ce moment-là, qu’il s’agirait d’une véritable révolution. De plus, avec la fin des clauses de désignation, nous nous retrouvons sur un pied d’égalité avec les institutions de prévoyance et les mutuelles.

 

Décideurs. Cela implique-t-il un changement pour les grands acteurs ?

 

É. L. Eff ectivement, un nouveau marché très concurrentiel s’ouvre. Les acteurs, dont nous faisons partie, doivent être attentifs à l’équilibre technique des contrats car les phénomènes de conquête de marché correspondent en général à des moments où les prix sont tirés vers le bas. D’autre part, personne ne peut prédire la consommation que vont faire les usagers de leur complémentaire. D’autant qu’avec la médiatisation de ces nouvelles obligations pour les entreprises, les salariés vont être mieux informés encore qu’ils bénéfi cient d’une couverture santé collective.

 

Décideurs. Selon vous, les entreprises seront-elles prêtes en janvier 2016 ?

 

É. L. Parce qu’elles sont soumises à la déferlante des contraintes législatives et réglementaires, il est évident que toutes les entreprises ne seront pas prêtes. Et pour celles qui ne seraient pas au courant de cette obligation, on peut supposer qu’elles le seront très vite car les intermédiaires (agents, courtiers…) prospectent de manière très large en perspective de l’échéance de janvier 2016. Pour notre part, nous avons un réseau de distributeurs en contact direct avec les entreprises. L’important est d’avoir une approche pédagogique car, pour la plupart, les TPE exercent une activité très loin de ces problématiques assurancielles et de couverture sociale. Les grandes entreprises au contraire disposent de spécialistes.

 

Décideurs. Comment se matérialise cette dimension pédagogique chez Generali ?

 

É. L. Nous avons développé des actions de formation pour tous nos réseaux de distribution : courtiers, agents généraux… mais aussi déployé des actions de sensibilisation des prescripteurs comme les  experts comptables. De plus, notre offre a été complètement reconstruite : nous avons élaboré une offre spéciale ANI. Elle s’adapte à tout type d’entreprise autour d’un même socle. L’objectif : faciliter la vie des entreprises qui peuvent choisir des options pour une protection plus performante et une utilisation simple pour les salariés (20 % d’entre eux souscrivent même une sur complémentaire). Ainsi, nous travaillons avec Vital Campus qui propose des solutions pour préserver le capital santé des salariés (diagnostics santé, coaching, contenus en ligne…).

Enfin, les entreprises sont de plus en plus attentives au bien-être de leurs salariés, d’autant plus qu’elles ont du mal à recruter certains profils. Elles font plus d’efforts pour offrir des conditions de travail satisfaisantes et des avantages spécifiques tels qu’une bonne couverture sociale. J’en veux pour preuve que nous remarquons déjà que les contrats améliorés se vendent mieux que les contrats socles.

 

Décideurs. Pouvez-vous revenir pour nous sur les avantages fiscaux associés aux contrats collectifs ?

 

É. L. Il y a désormais des contrats responsables avec certaines garanties plafonnées pour lesquels les entreprises bénéficient, pour leur cotisation, d’exonérations fiscales et sociales. Il existe également des contrats dits non responsables qui ne bénéficient pas de ces exonérations et qui supportent une taxe d’assurance de 7 % en sus de celle déjà prévue pour les contrats responsables. Logiquement, les entreprises choisissent les contrats les moins taxés pour eux et pour leurs salariés mais cette idée de contrats dits responsables repose sur une croyance : si l’on rembourse moins, les gens dépenseront moins pour leur santé. Je ne crois pas à cela.

 

Propos recueillis par Julie Atlan

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