Lors de ses vœux du 31 décembre, François Hollande a évoqué les mesures qu’il comptait prendre pour relancer l’emploi. Nécessaires mais pas suffisantes.

« S’il y a un état d’urgence sécuritaire, il y a aussi un état d’urgence économique et social. La lutte contre le chômage reste ma première priorité. » Le chômage de masse reste en effet le premier défi de la France, qui compte près de 3,6 millions de personnes sans emploi. Ainsi, selon un sondage Odoxa pour Le Parisien du 31 décembre, la baisse du chômage est, avec 56 % des avis recueillis, le premier vœu des Français pour cette nouvelle année. La lutte contre le terrorisme, l’insécurité et la délinquance n’arrivent qu’en deuxième position (50 %), même s’ils progressent nettement (+17 %). Face à ce malaise persistant du chômage, le président de la République a évoqué les mesures que son gouvernement comptait mettre en place en 2016. Passage en revue.

 

Promesse n°1 : baisser le coût du travail

 

« Ce sera l’objet des textes préparés par le gouvernement pour simplifier le code du travail et instaurer une nouvelle Sécurité sociale professionnelle. »

 

Entre les projets de loi portés par les ministres Myriam El Khomri et Emmanuel Macron, le calendrier parlementaire est bien chargé en ce début d’année. À tel point que le Président songe à fusionner une partie de ces mesures pour gagner du temps. La loi El Khomri pourrait ainsi intégrer tout le volet emploi et numérique du texte préparé par le ministre de l’Économie. Une astuce qui ne garantit pas pour autant que les réformes soient adoptées rapidement. Pour rappel, malgré les négociations, il avait fallu recourir au 49-3 pour faire adopter définitivement la loi Macron 1. 

 

Crédibilité : 30 %

 

Promesse n°2 : former plus de chômeurs

 

« Parallèlement, un plan massif de formation des demandeurs d’emploi sera lancé : 500 000 personnes de plus seront accompagnées vers les métiers de demain. »

 

En 2015, 250 000 offres d'emploi sont restées non pourvues faute de travailleurs qualifiés. La question de la formation des chômeurs, principalement de longue durée, est donc cruciale. En octobre 2015, François Hollande n’avait annoncé pour 2016 que le renouvellement d’un plan prioritaire pour 150 000 chômeurs, contre 100 000 en 2015. Un revirement louable mais qui pose la question du financement. Cette mesure est estimée à un milliard d’euros par le secrétaire d'État aux relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen. Selon lui, ce montant pourra être trouvé en réorientant le budget annuel de 36 milliards d’euros de la formation professionnelle.

 

Crédibilité : 90 %

 

Promesse n°3 : aider les PME

 

« Mais chacun sait que c’est dans les PME que les emplois se créent. Aussi, de nouvelles aides à l’embauche seront introduites, dès le début de la nouvelle année. »

 

Selon l’Insee, les TPE et les PME représentent près de 70 % des salariés en France. Le gouvernement avait déjà agi en leur faveur en 2015 avec le « small business act » à la française. Cette mesure prévoit une prime de 4 000 euros versée en deux fois aux entreprises sans salarié qui effectueraient leur première embauche pour une durée d’au moins douze mois. Le gouvernement avait estimé que cette mesure pourrait générer de 60 000 à 80 000 emplois. Difficile de faire plus sans creuser encore le déficit.

 

Crédibilité : 75 %

 

Promesse n°4 : relancer l’apprentissage

 

« Les filières de l’apprentissage seront largement ouvertes. Je fixe l’objectif qu’aucun apprenti ne soit sans employeur et qu’aucun employeur ne demeure sans apprenti. »

 

Deux jeunes sur trois sortant de l’apprentissage trouvent un travail après leur formation. Quant aux entreprises, elles sont exonérées de charges sociales et touche mille euros par apprenti. Pourtant, le dispositif ne séduit pas encore. En 2015, seulement 400 000 jeunes ont choisi cette voie. Un chiffre en baisse de 3,7 % sur un an. En cause, une rémunération mensuelle très faible pour les apprentis : de 364 euros nets la première année à 950 euros pour terminer. Pour changer la donne, il faudra donc remédier à cela. « Cet effort en faveur de la génération qui vient, c’est un devoir sacré. Il appelle à une mobilisation de tous, de l’État bien sûr, des Régions et des entreprises. C’est aussi cela l’unité nationale, » prévient François Hollande. Les entreprises seront-elles prêtes à jouer le jeu alors qu’elles se plaignent déjà du coût élevé des apprentis ?

 

Crédibilité : 50 %

 

Promesse n°5 : investir dans la croissance verte

 

« Nous lancerons un programme de grands travaux pour la rénovation de nos bâtiments, pour le développement des énergies renouvelables et pour la croissance verte. Nous ferons de la cause du climat un grand chantier pour l’emploi et pour la qualité de la vie. »

 

Après le régime Pinel de défiscalisation des logements locatifs neufs, le gouvernement continuera de soutenir le secteur immobilier, très créateur d’emplois, en investissant dans la rénovation des bâtiments publics. Autre grand gagnant, les énergies renouvelables qui peinent encore à trouver leur rentabilité. Reste à savoir comment le Président compte financer cela alors que le déficit de l’État dépasse toujours les 3 % du PIB.

 

Crédibilité : 50 %

 

V. P.

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