Le chef économiste Europe, Moyen-Orient, Afrique de Standard & Poor's dresse un état des lieux de l’économie de la zone euro et revient sur l’actualité des entreprises notées « high yield ».

Entretien avec Standard & Poor's : Jean-Michel Six, chef économiste, Eric Tanguy, Directeur senior Entreprises et Karl Nietvelt, Directeur senior Matières Premières.

 

Décideurs. Comment va se porter la croissance en zone euro en 2016 ?

Jean-Michel Six. Le rééquilibrage de la croissance mondiale des pays émergents vers les pays développés se confirme. Aux États-Unis, la reprise paraît établie mais elle est plus faible que dans les précédents cycles. La Chine connaît un ralentissement structurel qui a des conséquences pour l’ensemble de la région. Les banques centrales des pays émergents sont prises en étau. La baisse importante du prix du pétrole a également un effet déstabilisateur sur l’économie mondiale. Dans cet environnement international très volatil, la croissance en zone euro se confirme grâce à la consommation des ménages. Elle reste néanmoins sous-optimale.

 

Décideurs. Qu’en est-il pour les entreprises classées « à haut rendement » ?

Eric Tanguy. Les évolutions macroéconomiques (pétrole, pays émergents) impactent le taux de défaut des entreprises high yield.  En Europe, il devrait augmenter  à 2,4% en 2016, contre 1,5% en 2015, mais reste cependant à un niveau plutôt modéré. Le taux de défaut attendu demeure, en effet, plus bas qu’aux États-Unis (3,3 %). L’une des principales explications vient du fait que les entreprises européennes sont moins exposées au secteur pétrolier et des matières premières.

 

Décideurs. Quelles sont vos projections concernant l’évolution du prix du pétrole ?

Karl Nietvelt. Les prévisions d’évolution du prix des matières premières et notamment du pétrole sont très négatives avec des perspectives de moins 20 % par rapport à nos prévisions établies en septembre 2015.

En 2016, le prix est estimé en moyenne à 40 dollars avec un début d’année autour de 30 à 35 dollars et une amélioration à partir de septembre. L’année prochaine, le prix du baril pourrait s’établir autour de 45 dollars. Cependant, le plus marquant est la révision du prix à long terme que nous utilisons comme hypothèse de travail : nous estimons désormais un prix autour de 50 dollars en 2018, contre 65-70 dollars auparavant.

Cela démontre que nous sommes dans une crise durable avec des facteurs structurels importants. Le niveau de 50 dollars reflète notamment la poursuite de la baisse du coût marginal du pétrole, du gaz et du pétrole de schiste grâce à d’importantes réductions du coût des services. A cela s’ajoute le ralentissement de la demande en Chine et dans les pays émergents qui constituent l’essentiel vecteur de croissance.  Les sociétés du secteur pétrolier et des matières premières sont sous forte pression.  Outre des réductions de coûts et du niveau d’investissement (estimé de moins 20 à moins 30% en 2016 vs 2015) des questions se posent concernant la distribution des dividendes et même des recapitalisations afin de conserver des bilans suffisamment sains. Le nombre d’abaissements de note, y compris en catégorie dite « Investment Grade » devrait fortement augmenter cette année avec la mise à jour de ces hypothèses de travail, qui est actuellement en cours.

 

Propos recueillis par Pascale d’Avout 

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