Président de NextStage AM, Grégoire Sentilhes n'y va pas par quatre chemins pour qualifier son amour pour l'investissement et le long terme.

Décideurs. En quoi NextStage AM est-il un acteur différent du private equity français ?

Grégoire Sentilhes. NextStage se positionne depuis sa création, en 2002, comme une équipe d’entrepreneurs investisseurs, qui  investit en equity principalement, aux côtés des entrepreneurs développant les ETI de demain. Les trois quarts de nos investissements sont réalisés dans des entreprises non cotées, qui réalisent entre 15 M€ à 150 M€ de chiffre d’affaires. Cela étant, nous avons adapté cette stratégie aux investissements dans les PME et ETI cotées sur Euronext B, C et Alternext. Aujourd’hui, nous avons près de 500 M€ d’actifs sous gestion, sans compter l’alliance capitalistique avec Matignon Investissement qui gère un portefeuille de 200 M€. Nous sommes indépendants puisque 75 % du capital est détenu par les associés, les 25 % restants étant partagés entre la holding financière de François Pinault, Artémis, et Amundi. Dernièrement, nous avons créé une holding d’investissement evergreen, d’une taille proche de 100 M€. 

 

Décideurs. Toujours plus d’argent à investir malgré une certaine raréfaction des cibles en France. Vous n’êtes pas inquiets ?

G. S. Non, pas vraiment. Il y a un très grand nombre de PME et d’ETI de croissance, rentables, qui souffrent d’un manque structurel de capitaux propres en Europe. Par ailleurs, depuis Bâle 3 et Solvency 2, nous assistons à un basculement de l’économie européenne, et a fortiori française, vers l’investissement (en equity), autour d’un modèle plus proche du modèle américain (plus d’investissements et moins de dettes).

Warren Buffett est depuis 50 ans le meilleur investisseur de la planète avec 19,4 % de TRI net en moyenne. Sa logique est celle du capital-investisseur sur le long terme. Aujourd’hui, Alphabet jouit d’une valorisation boursière supérieure à Apple. Or, la holding de Google a revendiqué qu’elle suivait la méthode de Berkshire Hathaway (la holding d’investissement de Warren Buffett). Donc ce qui inspire NextStage, avec toute la modestie qui s’impose, c’est ce modèle.

 

Décideurs. Est-ce que cela vous amène à refuser une logique de spécialisation sectorielle ?

G. S. Les approches exclusivement sectorielles, qui sont par essence verticales, nous semblent obsolètes et dangereuses, dans un monde devenu « plat »  et transversal. Notre analyse est l’émergence brutale, rapide et à l’échelle globale, de la troisième révolution industrielle. L’économie, autrefois portée par la croissance de  l’industrie des produits manufacturés, bascule de manière exponentielle vers l’économie de la connaissance.

 

Décideurs. Au rang des investissements les plus récents, on retrouve notamment le cosméticien Adopt’. Pouvez-vous nous en dire plus ?

G. S. Adopt’ conçoit, fabrique et distribue elle-même ses propres parfums. Ce n’est pas une stratégie wholesale comme peut le faire Sephora. Nous sommes investisseurs dans cette entreprise avec à sa tête Olivier Raulin, l’ancien directeur financier de Nocibé, et avec des co-investisseurs expérimentés,  puisqu’il s’agit des anciens présidents de Castorama et de Nocibé. L’entreprise a clairement une image « Made in France », avec une forte traction à l’international, et pratique des prix très compétitifs. Avec Adopt’, nous allons renforcer la crédibilité de son offre grâce à un positionnement très qualitatif sur certains produits et le travail sur le réseau de distribution. Nous avons également cédé Resto-in à Geopost, une filiale de La Poste. Geopost s’est rendu compte qu’avec cette entreprise à forte croissance spécialisée dans la livraison de plats cuisinés, dans les principales villes européennes, il aurait la possibilité de maîtriser un segment clé, celui du « last mile ».

 

FS

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