Avec 700 000 chômeurs supplémentaires depuis 2012, les comptes de l’assurance-chômage se dégradent. La dette de l’Unédic, association chargée de sa gestion, s’élevait, fin 2015, à 26 milliards d’euros. Son directeur général revient sur les enjeux auxquels il faut faire face.

Décideur. Comment fonctionne l’Unédic ?

Vincent Destival. Dans le cadre de la création de l’assurance-chômage en 1958, il a été prévu que les partenaires sociaux en confient la gestion à un organisme de droit privé. N’ayant pas pour objectif d’être lucratif, le statut d’association a été naturellement choisi. Notre rôle est de piloter les mesures décidées par les partenaires sociaux. Pendant les négociations, nous avons comme mission de les conseiller en simulant l’impact social, juridique et financier de telle ou telle mesure. Nous avons également en charge la gestion du financement du système. Au total, nous disposons d’une centaine de salariés.

 

Décideurs. Quel est le rôle de l'État prévu par la loi dans le cadre de l'assurance-chômage ?

V. D. Bien qu’il n’intervienne pas dans les négociations, l’État joue un rôle dans son fonctionnement. Toute mesure prise doit être agréée par le gouvernement pour être appliquée. De plus, l’Unédic entre dans le périmètre de consolidation des comptes publics. Depuis 2015, nous devons ainsi établir en juin des projections pluriannuelles sur notre situation financière.

 

Décideurs. Quels sont les déterminants de l'équilibre financier de l'assurance-chômage ?

V. D. Du côté des recettes, nous recevons les contributions versées par les employeurs (4 % du salaire) et les salariés (2,4 %). En 2015, elles se sont élevées à 34 milliards d’euros. Pour que celles-ci augmentent, il faut donc une évolution positive de l’emploi et une hausse de la masse salariale. Nos dépenses, qui s’élèvent à 38,6 milliards d’euros en 2015, se décomposent en trois grandes familles. Trente-trois milliards sont directement versés aux allocataires, deux milliards aux caisses de retraite complémentaire et trois milliards au financement de Pôle emploi, soit environ deux tiers de son budget. À cela s’ajoute le coût de la dette qui a atteint 400 millions d’euros, soit 1 % de nos dépenses. Fin 2015, la dette était de 26 milliards d’euros, soit neuf mois de recettes. Compte tenu des perspectives de croissance, et avec les règles actuelles, nous estimons que ce montant atteindra 35 milliards d’euros fin 2018. Quant au coût de la dette, il pourrait dépasser 500 millions.

 

Décideurs. Quelle est votre stratégie pour financer cette dette ?

V. D. Nous avons choisi d’allonger au maximum sa maturité. Pour deux raisons. La première est que nous arrivons à emprunter à des taux extrêmement bas : entre dix et vingt points de base au-dessus des taux obtenus par l’État. La deuxième raison est que cela nous permet de ne pas concentrer les remboursements sur une année. Une autre de nos préoccupations est d’utiliser des instruments financiers simples afin qu’ils soient compris par l’ensemble des partenaires sociaux. C’est pourquoi nous avons uniquement recours à des émissions en euros et à taux fixe. Pour couvrir notre dette, nous réalisons des billets de trésorerie de maturité inférieure à un an avec un plafond d’encours de dix milliards d’euros et des BMTN de maturité comprise entre un et six ans pour 3,6 milliards d’euros actuellement. Nous avons également un programme obligataire de 31 milliards d’euros maximum avec des maturités comprises entre sept et douze ans. Depuis 2010, le programme obligataire bénéficie de la garantie explicite de l’État. Pour 2016, cette garantie couvre cinq milliards d’euros de nouvelles émissions obligataires.

 

Propos recueillis par Vincent Paes.

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