Co-fondateur et CEO de Kerala Ventures, Antoine Freysz se pose en tant que premier investisseur de référence des start-up en France. Il loue également le rôle des business angels.

Dealmakers. Kerala propose des solutions de financement très précoces pour les start-up. Comment se déclinent-elles ?

Antoine Freysz. Nous intervenons lors du lancement d'un projet d'entreprise et en « pré-seed », c'est à dire lors des phases les plus avancées de financement d'une start-up, lorsque celle-ci ne réalise pas encore de ventes. Nous investissons jusqu'à 300 000 euros et pour une participation au capital comprise entre 15 % et 20 %. Nous sommes en fait le premier actionnaire financier de référence de ces sociétés présentes dans Internet, le mobile et le SaaS. Notre position est assez particulière dans la mesure où la précocité de notre soutien correspond traditionnellement à une logique de business angel. Aujourd'hui, nous avons sept sociétés en portefeuille et nous ne dépasserons pas dix lignes, notre vision consistant à nous concentrer sur un nombre limité d'actifs. 80 % de notre temps est réservé au suivi de nos participations pendant que le reliquat est consacré à la sélection de nouvelles cibles. D’ici début 2017, nous aurons investi 6 M€.

 

Dealmakers. Qu'apportez-vous en priorité aux entrepreneurs que vous accompagnez ?

A. F. La première pierre, c'est le recrutement, qu'il soit technique ou business, nous avons ainsi géré pour le compte de nos participations 22 recrutements depuis début 2015. Dans un deuxième temps, nous pouvons apporter une aide directe aux levées de fonds subséquentes (Séries A et/ou B) des start-ups. Cela leur fait gagner un temps considérable. Pour mener à bien ces missions, nous formons une équipe de quatre collaborateurs : Olivier Occelli et Marc Laurent sont mes co-fondateurs associés et nous disposons d'un analyste supplémentaire.

 

Dealmakers. À l'avenir, est-il question de réinvestir aux côtés des entrepreneurs qui vous ont séduits ?

A. F. D'un point de vue financier, nous ne réinvestissons pas lors de levées de fonds reposant sur des valorisations plus élevées car nos moyens sont limités. Néanmoins, nous gardons quelques réserves pour suivre d'éventuelles opérations spécifiques (de type bridge) qui seraient engagées par une participation. De plus, le capital que nous déployons est le nôtre, ce qui nous permet de rester très longtemps dans les sociétés investies. Pour une start-up, c'est une chance d'avoir un actionnaire financier sans horizon de sortie. 

 

Dealmakers. Et cette concurrence avec les business angels se fait paisiblement ? C'est plutôt un bon signe, non ?

A. F. Effectivement, c'est une bonne chose. Toute une génération d'entrepreneurs talentueux se retrouve à investir aux côtés des financiers. Ils ont une très bonne vision industrielle des métiers et savent accompagner près des business models disruptifs et commercialisables.. Cela étant dit, il nous arrive d’être en compétition avec certains business angels.  Notre atout est de pouvoir amener beaucoup de temps et des solutions extrêmement concrètes pour accompagner l’hypercroissance.

 

Dealmakers. Avec Kerala, avez-vous le sentiment d'avoir comblé le manque d'investissement très early-stage en France ?

A. F. Non, l'écosystème n'avait pas spécialement besoin d'un Kerala. Les entrepreneurs talentueux trouvaient et trouvent en général des solutions de financement. En revanche nous pensons amener une solution nouvelle et originale dans le très dynamique écosystème internet français. Agées en moyenne de 24 mois, nos 7 participations sont passées – en cumulé - de 0 à 350 personnes, c’est un bon début.

 

FS

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