Les CGPI les craignent. Les banques les convoitent. Tous s’interrogent sur leur capacité à se faire une place sur le marché français. Qui sont-ils ? Les robo-advisors. Leur réel impact sur le marché était jusqu’ici méconnu. À travers une étude conjointe publiée en juillet dernier, Finance Innovation et le cabinet de conseil Chappuis Halder & Co nous offrent un éclairage bienvenu sur leur développement.

Venus des États-Unis, les robo-advisors sont des plates-formes de conseil en investissement automatisées utilisant des algorithmes très puissants qui leur permettent de proposer à leurs utilisateurs une aide à la construction et à la gestion de portefeuilles financiers adaptée à leur profil de risque. En France, cette nouvelle vague est symbolisée par l’émergence d’acteurs comme Advize, Yomoni ou encore Marie Quantier.

 

Cent millions d’euros d’actifs sous gestion

 

Mais disons-le clairement, les robo-advisors n’ont pas encore su se faire une place au soleil dans le paysage financier français. En juin 2016, les huit acteurs présents dans l’Hexagone et s’adressant directement à une clientèle finale ne pesaient que cent millions d’euros d’actifs sous gestion. Avec un total de 7 000 clients et un placement moyen de 14 285 euros, nous sommes donc loin du raz de marée annoncé.

 

Quel est donc le profil des personnes qui ont été séduites par l’offre des robo-advisors ? À ce jour, les services de gestion privée proposés par ces fintech visent davantage des clients mass affluent ou Retail +. Sans grande surprise, ce sont les hommes vivant dans les grandes villes et ayant entre 35 et 40 ans qui constituent la part la plus importante de leur clientèle.

 

Ce rythme de développement somme toute modeste est cependant à mettre en perspective avec celui que les robo-advisors connaissent outre-Atlantique. Les trois principaux pure players ont levé plus 500 millions de dollars, contre moins de 15 millions d’euros pour l’ensemble des start-up françaises.

 

Une phase de tâtonnement

 

La vraie question est de savoir si les États-Unis joueront un rôle de précurseur dans ce domaine ou si l’environnement français demeure culturellement trop différent pour être une terre féconde à l’émergence de robo-advisors. Une interrogation qui pousse des acteurs comme Yomoni à exporter leur outil au-delà de nos frontières, avec l’ambition de devenir des acteurs paneuropéens. Il leur faudra toutefois réussir de nouvelles levées de fonds ou s’adosser à un acteur industriel pour nourrir leur développement. D’autant que le seuil de rentabilité est encore loin d’être atteint. Laurent Girard, fondateur de Yomoni, ne dit pas le contraire : « Aujourd'hui le marketing et la conquête de nouveaux clients sont nos principaux postes de dépenses. Une étape essentielle si l’on veut continuer à se développer. À court terme, il sera difficile de gagner de l'argent. Et si nous décidons d'attaquer le marché européen, cela repoussera d'autant cette échéance. »

 

L’étude publiée par le pôle Finance Innovation et le cabinet de conseil Chappuis Halder & Co précise également que pour trouver le chemin de la rentabilité, certains robo-advisors ont fait le choix de s’orienter vers le modèle B2B2C afin d’acquérir du volume et se placer ainsi en partenaires ou en fournisseurs de réseaux de CGPI ou des réseaux traditionnels des banques et des assureurs. Ces derniers utilisant ainsi un robo-advisor en marque blanche pour acquérir de nouveaux clients et améliorer leur expérience digitale.

 

Cette phase de tâtonnement des nouveaux entrants et des acteurs historiques sur l’utilisation des outils digitaux prouve qu’aucun modèle gagnant ne s’est encore affirmé. Et comme le souligne l’étude publiée, « il y a de véritables opportunités à saisir par tous les acteurs de la gestion de patrimoine en intégrant ce nouveau modèle dans leur propre stratégie de développement afin de servir leurs clients actuels et de nouveaux clients ». Les robo-advisors doivent-ils être vus comme des concurrents des acteurs historiques ou au contraire comme leurs prochains vecteurs de développement ? C’est justement l’enjeu des prochaines années.

 

Aurélien Florin (@FlorinAurelien)

 

 

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