En mars 2017, Lydia revendique déjà plus de 730 000 utilisateurs en France, et ce nombre grossit de près de 1 800 tous les jours

Décideurs. Quel constat vous a amené à cofonder la start-up Lydia ?

 

Cyril Chiche. À l’origine de Lydia, il y a un certain nombre d’insatisfactions. Alors que, très tôt, des pays comme le Japon, la Corée ou même le Kenya ont massivement adopté le paiement mobile, en France, ce mode alternatif de règlement n’en était qu’à ses balbutiements.

Comment expliquer un tel retard ? Était-ce un problème culturel ? Avions-nous une technologie en vigueur plus innovante encore ? Ou n’avions-nous pas encore trouvé la bonne formule pour la faire adopter par les Français ?  Il s’agissait de démocratiser le paiement mobile dans notre pays en proposant un produit novateur. Ainsi est née Lydia.

 

Comment parvenir à faire évoluer les comportements des Français en la matière ?

 

Notre cœur de cible est double. Le premier est jeune, estudiantin et s’est totalement approprié la technologie mobile. Notre défi est de lui donner le plus d’opportunités pour utiliser l’application Lydia. Le second est actif, déjà inséré dans le monde professionnel. Le monde économique suppose fluidité et rapidité dans les échanges. Nous devons lui apporter souplesse et fiabilité.

 

Votre dernière levée de fonds d’un montant de 7 millions d’euros date de juillet 2016. L’arrivée de nouveaux investisseurs intervient-elle dans un objectif précis ?

 

Cette nouvelle levée de fonds a effectivement été marquée par l’arrivée d’Oddo & Cie et de NewAlpha Asset Management, aux côtés de nos investisseurs historiques que sont Xange Private Equity, Belcube et le family office Duval Investment.

La somme levée servira à renforcer la prise que nous avons sur le marché français et à financer l’internationalisation de notre service. Les réglementations bancaires des différents pays européens ont le mérite d’être globalement harmonisées, ce qui nous a permis de proposer notre application en Irlande au début de l’année. D’ici six mois, nous comptons nous étendre à l’Angleterre, l’Espagne, l’Allemagne et l’Autriche. Jusqu’à présent, la seule difficulté notable que nous ayons rencontrée concerne la protection des données personnelles et nous sommes en discussion avec les Cnil locales.

 

Envisagez-vous de nouveaux tours de table ?

 

Si l’internationalisation de notre compagnie connaît le succès que nous espérons, il faudra investir plus lourdement encore dans ces différents marchés. Les partenaires financiers ont apporté une souplesse propice à notre développement. Nous ne nous fermons d’ailleurs aucune porte. Nous sommes attentifs à toutes les formes de partenariats commerciaux qui pourraient se présenter.

 

Outre l’internationalisation, vous lancez une carte de paiement. Qu’est-ce qui guide ce choix ?

 

Notre carte physique répond typiquement à cette volonté de transformer les usages des consommateurs français. L’idée est de donner un instrument supplémentaire à nos utilisateurs pour disposer de leur argent. Cet outil – la carte à puce – est parfaitement entré dans l'habitude des consommateurs. Là où nous innovons, c'est sur son fonctionnement. Au lieu d’être connectée à un compte bancaire de manière classique, notre carte est reliée à un compte Lydia ce qui lui donne de nombreux avantages. L'utilisateur peut tout contrôler : les plafonds, les modalités de paiement et de retrait, les fonctionnalités de la carte (la puce NFC ou le code PIN).

Pour autant, nous n’avons aucune intention de devenir une banque. Par nature la banque cherche à transformer les utilisateurs en clients afin de leur vendre différents services. Notre objectif n’est pas de convertir votre épargne en crédit. Pour fonctionner, notre business model implique une politique tarifaire attractive et transparente. Nous ne nous intéressons ni à l’épargne ni au crédit, seulement aux opérations courantes.

 

Je ne suis pas de ceux qui pensent que la réglementation est un frein au développement.

 

L’activité de Lydia est soumise aux règles bancaires européennes dont l’application est contrôlée par l’Autorité de contrôle prudentiel de la Banque de France. Cette réglementation doit-elle être assouplie ?

 

Je ne suis pas de ceux qui pensent que la réglementation est un frein au développement.

L’interprétation qui est faite des différentes dispositions peut être tatillonne mais, par chance, nous avons en Europe un cadre réglementaire clair qui permet, dans le domaine des services financiers, de rassurer les clients. C’est un élément clé. D’ailleurs, les mêmes contraintes s’appliquent uniformément à tous les acteurs. Nous – fintech – en bénéficions car cela nous permet de « lutter » contre les institutions bancaires existantes.

De plus, ces dispositions évoluent rapidement. Il y a quelques années la directive DSP I sur la monnaie électronique a permis l’émergence de notre activité. La nouvelle directive DSP II ouvre la concurrence dans le domaine des services financiers et favorise la digitalisation de ces services. La France a pris part à l’évolution de ce socle juridique et les directives sont étonnamment rapidement transposées.

 

Propos recueillis par Pierre Bouchoux-Vedel

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