Avec la réforme territoriale entrée en vigueur le 1er janvier 2016, les Régions sont devenues seules dépositaires des compétences en matière de développement économique. Désireuses de préserver et de créer des emplois tout en gagnant en attractivité, elles multiplient les initiatives pour soutenir les entreprises locales.

Si les Régions se sont approprié le sujet du soutien aux entreprises depuis bien longtemps, c’est la réforme territoriale qui a clarifié leurs prérogatives en la matière. La loi portant nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe) confère compétence exclusive aux Régions dans le domaine du développement économique. Outre la gestion de fonds européens, elles sont en charge de l’élaboration d’un plan définissant les orientations en matière d’attractivité du territoire régional. C’est dans ce contexte que nombre d’entre elles ont défini une politique active de soutien aux entreprises. En tant que potentiels champions pourvoyeurs d’emplois, les start-up font l’objet de beaucoup d’attention.

Les fonds régionaux : palliatifs locaux

Impossible de dresser une typologie des fonds régionaux d’investissement (FRI) tant leurs caractéristiques et modalités d’intervention diffèrent. De la PME établie en manque de cash pour financer son internationalisation à la jeune pousse qui ne réalise pas encore de chiffre d’affaires, tous les cas de figure ont vocation à être couverts. « Avec la crise financière de 2008 et le mouvement de décentralisation, la Région a émis la volonté de renforcer son soutien aux sociétés industrielles locales », explique Xavier Chappelon, président du directoire de la société de gestion du FRI Auvergne Rhône-Alpes. Ce fonds s’est fait une spécialité d’accompagner les sociétés locales, intervenant dans un secteur d’activité déterminé, déjà bien établies, et connaissant des difficultés conjoncturelles. À l’opposé, Breizh up, fonds breton de co-investissement, soutient les entreprises early stage, en phase de création. Institués localement, les FRI jouissent d’un ancrage indéniable et d’une connaissance de pointe du marché du private equity. Bien souvent, ils agissent comme un palliatif venu compléter une offre de financement demeurée lacunaire. « Nous n’avons pas pour but de concurrencer qui que ce soit mais plutôt d’intervenir en complémentarité avec les autres acteurs », confirme Xavier Chappelon. La liste de leurs LP’s corrobore ce raisonnement puisque, bien souvent, pour chaque euro souscrit par un partenaire privé, un euro est apporté par un acteur public, conseil régional en tête.

Les Régions, actionnaires comme les autres ?

Autres outils déployés par les Régions pour soutenir les start-up, les incubateurs, couveuses, pépinières et autres accélérateurs font florès. Multitâches, ces structures proposent un coup de pouce juridique, marketing, comptable, matériel, et parfois même financier, aux pépites sélectionnées. « Les incubateurs constituent une aide précieuse, une mise en réseau. Leur accompagnement fait gagner beaucoup de temps », explique Mathilde Le Roy, fondatrice de la start-up Kazoart. En plus de ces instruments « classiques » de soutien aux entreprises, les Régions peuvent également choisir d’investir en direct dans certaines sociétés commerciales. Cette faculté d’entrer au capital de sociétés privées, et donc d’en devenir actionnaire, a largement été favorisée par la loi NOTRe, dont le décret d’application a été publié en juin 2016. Affranchies d’une procédure lourde soumettant la prise de participation à l’obtention d’un décret en Conseil d’État, les collectivités pourraient enfin saisir cette opportunité. À moins que les conditions assez strictes du mécanisme couplées au risque inhérent à la qualité d’actionnaire ne les découragent.

Sybille Vié

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