Un an et demi après le vote en faveur de la sortie du Royaume-Uni de l’UE, l’économie montre déjà des signes de faiblesse outre-Manche. Entre une croissance en baisse et une inflation en hausse, le royaume n’arrive pas à profiter de la dévaluation de sa monnaie alors que les effets négatifs du Brexit ne jouent pas encore à plein.

Pour les pro-Brexit, tous les maux de l’économie britannique provenaient de leur appartenance à l’Union européenne. Le premier argument était la surévaluation de la livre sterling qui pénalisait les exportations. Un an et demi plus tard, les chiffres ne leur donnent pas raison. La croissance du PIB a au contraire ralenti : 1,7 % en 2016 puis 1,4 % en 2017, contre 1,9 % et 2,2 % prévus avant le Brexit. Les experts du Trésor britannique déclarent même que le PIB diminuera de 6 % comparé à ce qu'il aurait été sans la sortie de l’Union européenne. Repli des investissements, mécontentement des entreprises étrangères : tous ces facteurs auront évidemment un impact sur le chômage. Le FMI prévoit 6,5 % de taux de chômage pour les deux années à venir, contre 5 % en 2016. Sans surprise, le secteur financier est le plus touché par ce phénomène. L’emblématique City risque ainsi de perdre 100 000 emplois.

Une capacité de production limitée

L’erreur aura été de croire que l’économie anglaise avait la capacité de profiter de la baisse de la livre sterling pour augmenter ses exportations. Or, la Grande-Bretagne n’a pas la structure productive suffisante pour faire face à un excédent de la demande. Avant le Brexit, une baisse de 1,9 % en un an de la production manufacturière était déjà observée. Pour y répondre, les entreprises doivent donc investir dans leur capacité de production mais les acteurs financiers pénalisent le Royaume-Uni depuis sa sortie de l’Union européenne.  Si la dévaluation certaine de la livre sterling (de 20 %) aurait pu avoir un impact positif, elle ne fait finalement qu’augmenter encore la part du secteur des services (qui emploie déjà 80 % de la population active), notamment le tourisme. De plus, les renégociations des accords commerciaux ne faciliteront pas des exportations déjà peu forissantes. Avec une dette qui devrait atteindre 90 % du PIB cette année, le gouvernement anglais n’a aucune marge de manœuvre.

Morgane Al Mardini et Vincent Paes

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