Le spécialiste français en conception de stratégie d’arbitrage sur les marchés mondiaux s’est exprimé sur les résultats 2017 du groupe par la voix de son président Dominique Ceolin.

« L’ère des banques centrales », comme l’appelle le président du groupe ABC Arbitrage, en 2017 a eu un impact très fort sur la volatilité, et de fait sur le résultat du groupe. Une volatilité a 4 %, équivalente à une « mort clinique des marchés », pour Dominique Ceolin. Ces journées à 4% représentent 58 jours depuis 1882, et 57 jours en 2017. Cette volatilité est pourtant le paramètre majeur justifiant du résultat du groupe. Les concurrents eux-mêmes affichent une baisse encore plus forte qu’ABC arbitrage.

Une baisse des opérations clés du groupe

La chute des opérations arbitrales de fusions-acquisitions, est l’une des mauvaises nouvelles qu’a dû encaisser la société sur le second semestre. Une constatation qui s’est accompagnée de paramètres difficiles. À commencer par l’élection de Donald Trump avec les problématiques d’opérations transfrontalières ou encore avec une composante fiscale. Cet ensemble a créé une obligation de prudence de la part du groupe ce qui a contribué à la chute de ces opérations de M&A. Dominique Ceolin rappelle également « qu’en général une faible volatilité entraine une augmentation des opérations de M&A. » Ce qui n’a absolument pas été le cas en 2017. « La courbe de M&A a suivi de près la volatilité sur le second semestre », explique M. Ceolin.

Les opérations sur titres ont aussi connu une baisse significative : des opérations constituant la matière première créant des nouveaux titres, des nouvelles liquidités et des nouveaux besoins de liquidités sur lesquelles ABC arbitrage travail. Cette chute est évaluée à 50 % depuis le deuxième semestre 2015.

Une recherche de palliatif qui porte ses fruits

La protection du capital reste l’axe de priorité sur lequel le groupe ne transige pas depuis 23 ans et cela peu importe le niveau de volatilité. Cette recherche de performance et de protection sont les axes majeurs du groupe. Mais leur difficile conciliation, dans la situation que le marché connaît, entraîne une obligation de mettre de côté un certain de nombres d’opérations.

Le président souligne sur ce point l’adaptation qu’a tenté de réaliser le groupe, montrant notamment que si la corrélation des équipes d’ABC à la volatilité avait été la même entre 2012 et 2017 qu’en 2007 et 2012, le résultat serait amputé de 40% de sa valeur. De même la stratégie vis-à-vis de cette volatilité a été d’augmenter les volumes traités, en trouvant de nouveaux produits, de nouvelles idées et de nouveaux marchés ce qui a permis au groupe de combattre cette baisse de volatilité.

Par ailleurs, les coûts ont également augmenté, néanmoins ABC Arbitrage a su s’adaptert grâce à une structure de coût plus souple, centrée sur de la variable. Cette structure de coût est en baisse de 15% sur le paiement des équipes. Baisse qui n’est pas aussi importante que celle du résultat lui-même, car la rémunération des équipes d’ABC Arbitrage est constitué d’un minimum de fixe. Ce qui ne permet pas une rémunération indexée à 100% sur la baisse totale du résultat.

Pour plus de souplesse, le programme « Added Value » a permis au groupe d’externaliser un certain nombre de coûts pour favoriser la conservation de cette flexibilité sur ces coûts.

La structure de cout est aujourd’hui souple mais ne peut pas être aussi souple que les résultats eux-mêmes.

Une situation « atypique »

Le bilan montre que la situation 2016-2017 est caractérisée par une absence de mois avec une rentabilité négative et zéro jour avec un décrochage supérieur à 2%. La situation est donc « atypique » en 2017. C’est la raison pour laquelle ABC Arbitrage ne peut avoir honte de ses résultats, qui au demeurant sont positifs depuis 23 ans.

Le mois de janvier, en particulier, a été très calme avec une forte hausse des indices S&P, et février 2018 signe « un choc relativement important ». L’indicateur d’agitation de la volatilité démontre que le ressenti de la fracture est plus important, même s’il le reste globalement moindre que ce que le marché a pu connaitre.

L’année 2017 a vu l’arrivée de nouveaux produits sur le marché, mais avec des problèmes bien connu. Certains « acteurs ont ainsi vendu de la volatilité jusqu’en février 2018 avant de tout perdre ». Monsieur Ceolin rassure d’ailleurs en indiquant que ce type de produit ne peut pas « à lui seul générer une crise comme celle des subprimes en 2008 ».

Les chocs de 2018 et de 2016 sont différents

En 2016, les marchés étaient en pleine mise en place des programmes des banques centrales, alimentant fortement les marchés. Ce qui n’est plus le cas au premier semestre 2018. En effet, les taux ont commencé à monter pour la FED, pas encore pour les banques centrales européennes.  À ce titre, une hausse pourrait avoir un impact conséquent sur la dette : une dette sur l’ensemble des places financières mondiales et l’ensemble des dettes non cotés évaluées à 180 000 milliards de dollars. Ce qui signifie que si les intérêts augmentent de 0.25 %, comme ce qu’a fait la FED en ce moment, il y aura 450 milliards de dollars par an de remboursement supplémentaire. Enfin, si la FED tient son programme de 0,75 %, le remboursement atteindra 1350 milliards de dollars par an supplémentaires. Ce qui change la donne sur le marché des émetteurs.

Cette difficulté de la dette est intéressante car elle permettrait à certaines entreprises qui ne peuvent plus emprunter à taux négatif, comme Sanofi a pu le faire, d’être obligé de passer par l’equity pour se financer ce qui redonnerait de la vie aux marchés et donc de la volatilité. Pour le groupe ABC ce phénomène reste positif.

Concernant l’utilisation des fonds propres du groupe : la sous-utilisation des dernières années a été résolue avec une utilisation des capitaux en distribution sans réinvestissement en action. La diversification des stratégies a été aussi l’une des préoccupations du groupe.

Mardochée Heymann

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