Le groupe Edenred mène une politique d'acquisitions soutenue. En parallèle, il a également développé une stratégie d'investissement dans des entreprises dont l'expertise et la technologie permettent d'enrichir l'écosystème de la société de services. Entretien avec Philippe Dufour, aux manettes du fonds Edenred Capital Partners.

Quelle est la stratégie d'Edenred Capital Partners ?

Notre objectif de long terme est simple : il s'agit de bâtir autour d'Edenred une nébuleuse de participations qui permette d'enrichir notre écosystème. Nous investissons dans des entreprises avec lesquelles nous envisageons de créer des liens opérationnels, comme ProwebCE en 2012, année de création du fonds, dans laquelle nous avions investi aux côtés d'Iris Capital et de la Compagnie financière Edmond de Rothschild. Des partenariats se sont rapidement mis en place entre Edenred et la société. Le fonds a jusqu'à aujourd’hui réalisé onze investissements. Le groupe Edenred est notre plus gros actionnaire et les managing partners sont aussi co-investisseurs.

À quel stade de développement des entreprises investissez-vous ?

Amorçage, pré-série A, série B, série C… Nous investissons à tous les stades. Le plus important pour nous est de travailler avec des entreprises avec lesquelles nous pouvons construire des synergies mutuellement bénéfiques et qui peuvent contribuer à la stratégie d'innovation d'Edenred. Si le rôle du M&A est de racheter des entreprises qui ont développé une activité dans le cœur de métier d’Edenred, le rôle d’Edenred Capital Partners est de se rapprocher de sociétés innovantes.

« Le rôle d’Edenred Capital Partners est de se rapprocher de sociétés innovantes »

Vous investissez toujours aux cotés d’un autre fonds. Pourquoi ?

Lorsqu’un industriel ou un fonds de corporate venture investit dans une entreprise, il y a toujours suspicion qu’il soit là pour préempter l’activité de la société. Co-investir démontre notre neutralité et notre objectif primaire qui est de créer de la valeur pour la collectivité des actionnaires. Nous sommes associés à Edenred mais nous gérons comme un fonds d’investissement, que nous fassions du capital risque ou du capital développement.

Cette réputation des fonds de corporate venture est donc non fondée ?

Il existe en effet cette crainte que le corporate venture ne préempte la valeur d'une entreprise. Or, je pense que c'est le contraire. Souvent, la thématique industrielle définit la capacité du fonds à investir en minoritaire ou en majoritaire. Lorsqu'une société doit protéger des secrets industriels, le fonds a beaucoup plus de mal à investir en minoritaire. Edenred est une société de services : c'est la qualité d'exécution et du management qui fait notre valeur. Nous allons pourvoir apporter du lien qui bénéficiera à toutes les parties prenantes. Et si la relation commerciale amène l'entreprise à se positionner pour son rachat, c'est bon pour tout le monde car l'investisseur mettra le prix nécessaire pour sécuriser l'achat. Un corporate venture est en fait un créateur de valeur.

Avez-vous, comme un fonds classique, un horizon d'investissement de cinq à sept ans ?

Non. Notre objectif est de rester le plus longtemps possible auprès des entrepreneurs jusqu’à ce que leur sortie soit effective. J'ai moi-même un passé d'entrepreneur – j'ai vendu mon entreprise, PrePay Solutions à Edenred, à l'époque Accor Services, en temps voulu. Je voulais alors que mon patrimoine soit valorisé et c'est encore ce que je souhaite aux entrepreneurs que nous accompagnons aujourd'hui et que nous accompagnerons demain.

Propos recueillis par Camille Prigent

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