Sans stratégie de long terme, les entreprises manquent d’ambition et cela finit souvent par leur coûter cher. Pour cette première édition, nous avons donc décidé de mettre en avant les P-DG, qui, sans ignorer le présent, savent imaginer le futur. Dans un monde digital où tout va plus vite, concilier ces deux temporalités n’est pas chose aisée.

Vision, détermination et leadership. Ces trois mots pourraient définir chacun des 100 dirigeants présents dans notre classement. La vision tout d’abord. Car, si les P-DG ont bien des raisons de se concentrer sur le court-terme - pression des actionnaires et des salariés, bouleversements ­politiques et conjoncture ­économique instable -, c’est leur capacité à anticiper le futur qui les fait entrer dans une autre ­dimension. Masayoshi Son (n°17 du classement international), le P-DG de Softbank, a même révélé qu’il avait élaboré un plan à cent ans et qu’il le mettait à jour tous les… deux ans. « Pour être sûr de prévoir l’avenir, écris-le  », ne cesse de répéter l’homme d’affaires japonais. En 2017, il a créé un fonds d’investissement de 100 milliards de dollars dédié aux nouvelles technologies.

Donner du sens

La détermination aussi. Tous ont au moins une fois dans leur vie connu l’échec et ont su persévérer pour redresser la barre. Deux ans après sa création, Nvidia enregistre 10 millions de dollars de pertes. Contraint de licencier la moitié de ses salariés, Jensen Huang (n°2 du classement international), son fondateur, n’abandonne pas. Un an plus tard, il réussira à ­écouler un million de puces. Le leadership enfin, pour donner du sens et fédérer les talents. ­Malgré la digitalisation de sa société, Marie-Christine Coisne-Roquette (n°18 du classement français) a toujours fait de la dimension humaine l’élément clé de sa stratégie. Résultat, la société a doublé de taille en seize ans, devenant le deuxième groupe privé en France.

Pour établir notre sélection, nous ne nous sommes donc pas limités aux simples indicateurs ­financiers. Nous avons également pris en compte l’ancienneté des dirigeants à leur poste, leur stratégie d’innovation et les politiques RSE (cf. méthodologie). Avec seulement cinq femmes, la mixité est loin d’être assurée. C’est le reflet d’une triste réalité qui évolue trop lentement malgré les efforts réglementaires. L’âge moyen de 56 ans peut paraître élevé. Là aussi, les mentalités changent. Fabrizio Freda (n°22 du classement international), P-DG d’Estée Lauder, engage massivement des millenials dans ses instances dirigeantes. À la nouvelle génération d’écrire le futur.

Vincent Paes

Dossier réalisé par Thomas Bastin, Boris Beltran, Caroline Castets, Yacine Kadri, Vincent Paes, Mickael Pariente et Hanna Syed.

 

Méthodologie

Pour ce classement, cinq critères ont été retenus :

1 - La continuité : le dirigeant doit être en poste depuis au moins cinq ans.

2 - La croissance : afficher un chiffre d’affaires supérieur à 250 millions d’euros et un taux de croissance supérieur à celui de son secteur au cours des cinq dernières années.

3 - La rentabilité : hausse du résultat net et du cours de l’action pour les sociétés cotées.

4 - L’innovation : l’impact de la société sur son secteur et potentiel de croissance future.

5 - La responsabilité sociale : avoir mis en place des mesures phares sur les questions environnementales, sociétales et de gouvernance (ESG).

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