Si le Brexit n’est toujours pas opérationnel, les conséquences se font déjà sentir. L’économie britannique aurait déjà perdu 26 milliards de livres depuis le référendum de 2016. Pour Theresa May, il convient de trouver un accord avant la date fatidique du 30 mars 2019. Un « hard » Brexit alourdirait encore plus la facture.

Alors que le Brexit n’est toujours pas effectif, il pèse de plus en plus sur la croissance du Royaume-Uni. Selon une étude réalisée par le Centre for European Reform (CER), la taille de l’économie britannique est inférieure de 2,5 % à ce qu’elle aurait été si elle était restée dans la zone euro.

Les finances publiques déjà perdantes

Pour obtenir ce chiffre, le CER a comparé la croissance anglaise depuis le référendum de 2016 à celle de 22 pays avancés dont le profil est identique à l’Angleterre. Au cours du premier semestre 2018, le produit intérieur brut britannique n’a progressé que de 1,3 %, son niveau le plus faible depuis 2011. Le manque à gagner pour les finances publiques est conséquent puisqu’il s’élève à 26 milliards de livres par an ou 500 millions de livres par semaine. Un surcoût énorme. En comparaison, le budget que le Royaume-Uni versait chaque année à l’Europe n’était que de 12 milliards d’euros ou environ 300 millions d’euros par semaine. Sans compter que par la suite, l’économie britannique se voyait redistribuer 6,5 milliards d’euros de la part de Bruxelles. Autrement dit, avant même la sortie officielle qui aura lieu dans moins de six mois, le Royaume-Uni est déjà perdant.

La livre sterling inquiète

Pour les économistes, le ralentissement de l’économie britannique s’explique par le recul des investissements des entreprises qui se montrent prudentes avant le Brexit. La possibilité d’un scénario dur – aucun accord avec l’Union européenne – effraie. Il devient malheureusement de plus en plus probable comme en témoigne le plongeon réalisé par la livre sterling. La monnaie britannique atteint des niveaux historiquement bas face à l’euro, autour de 1,1, et même face au dollar, à 1,25.

Si l’inflation induite par la baisse de la livre a bien été ressentie - 2,6 % au cours du premier semestre -, les exportateurs n’ont pas réussi à profiter de ce gain de compétitivité. Le déficit de la balance commerciale s’est même creusé au second trimestre en raison des baisses des exportations dans les secteurs automobiles et aéronautiques. Toutes les conditions sont donc réunies pour que la facture continue de s’alourdir au cours des mois à venir. Les pro-Brexit demeurent néanmoins confiants. Selon eux, la Grande-Bretagne sortira gagnante à long terme car elle pourrait établir ses propres accords commerciaux avec des pays à forte croissance rapide comme l’Inde ou la Chine.

Vincent Paes

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