Andera Partners, la société de capital-investissement, a pris son indépendance d'Edmond de Rothschild Investment Partners. Le groupe se sent désormais plus libre de ses mouvements et compte gagner des parts de marché. L'Italie et le capital-innovation font partie des sujets chauds.

 

Décideurs. Edmond de Rothschild Investment Partners (Edrip) est devenu Andera Partners il y a quelques mois à la suite de son rachat par ses associés. Pourquoi avoir décidé de prendre votre indépendance ?

Alexandre Foulon. Pour les collaborateurs, cette prise d'indépendance est une continuité. Depuis la filialisation d'Edrip au milieu des années 2000, la progression des associés au capital de la société de gestion a été constante. Notre participation a d'abord été de 20 % pour atteindre 49 % du capital en 2015 et la transformation de notre société en commandite par action. L'étape suivante était donc de prendre le contrôle intégral de la structure. Cette indépendance est ce que nous réclamait le marché. Les souscripteurs de nos fonds souhaitaient voir notre modèle évoluer. Avant nous, Azulis Capital et Ardian ont montré la voie en s'émancipant respectivement de BNP Paribas et Axa.

Que réclame le marché concrètement ? Quels avantages l'indépendance procure-t-elle à votre société de gestion ?      

Le premier avantage est le renforcement de notre capacité décisionnelle. Nous pouvons librement choisir notre stratégie de croissance et son rythme. Pour le moment, nous avons deux milliards d'euros d'actifs sous gestion. Nous pensons pouvoir élargir cette base dans chacune de nos activités : BioDiscovery (sciences de la vie), ActoMezz (dette mezzanine), Winch (capital-transmission mid-cap) et Cabestan (capital-transmission small-cap). L'indépendance nous fait gagner en agilité. Nous restons à l'écoute du marché et des opportunités de développement dans des activités nouvelles notamment. Aujourd'hui, avec 100 % du capital, nous pouvons plus facilement racheter une société de gestion et associer ses collaborateurs au capital d'Andera Partners. Nous souhaitons renouveler l’expérience réussie de l’acquisition d’ActoMezz.

Vous êtes l’un des deux associés de l'activité d'investissement dans les PME small caps françaises en croissance (Cabestan Capital). Quels sont les nouveaux métiers, géographies que vous aimeriez adresser ?

L'Italie est un sujet, surtout que notre activité dédiée au mid-cap (Winch) y est présente. En fonction des sollicitations et des opportunités – encore une fois, notre récente indépendance nous l'autorise – nous pouvons aussi regarder d'autres pays limitrophes avec la France. Pourquoi pas non plus revenir à l'origine de Cabestan : investir des tickets de 1 à 4 millions d'euros. Nos fonds avoisinent 200 millions d'euros de liquidités et nous nous serions épuisés à faire de « petits » deals... Mais si nous structurons correctement une activité very small, cela peut être rentable. Avec la disparition des fonds ISF, il y a de nouveau de la place sur ce marché et de belle success story à écrire. Entre 2006 et 2010, par exemple, nous avons soutenu Filorga qui réalisait quatre millions d'euros de revenus. Ce spécialiste des soins cosmétiques revendique plus de cent cinquante millions d'euros de revenus désormais.

S'il cède ses parts, le groupe Edmond de Rothschild va continuer à vous accompagner lors de vos prochaines levées de fonds. Quelle sera la nature de cette nouvelle relation d'affaires ?

Il n'y a pas d'accord formel avec Edmond de Rothschild sur leur participation à nos prochains fundraisings. Cependant, pour les derniers véhicules levés structurés par ActoMezz et Cabestan, il est clair que notre ancien actionnaire a contribué. Dans le futur, ce qui est certain, c'est qu'Edmond de Rothschild reste le dépositaire de nos fonds et que les liens humains entre les équipes n’ont pas disparu à ce jour.  

Comment s'organise la rémunération des associés de la société de gestion ? Avez-vous intérêt à faire travailler davantage un véhicule ou un autre ?

Chaque collaborateur a intérêt à générer de la performance pour son activité puisque le système de carried est propre à chaque pôle. En revanche, au niveau de l'actionnariat, les associés bénéficient bien sûr des résultats communs. Le succès d'une équipe profite aux autres. Aussi, il y a un enjeu de réputation car les LPs sont amenés à abonder différents véhicules lorsqu'ils sont satisfaits du travail d'une équipe. Concernant l'actionnariat, il évolue tous les quatre ans. À cette occasion, les éléments prometteurs sont intéressés au capital, les jeunes sont « relués » et les collaborateurs confirmés sont un peu dilués. La prochaine rotation du capital est prévue pour 2019 ou 2020.

 

Firmin Sylla

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