J.L Savigny (LeasePlan) : "L’an passé, nos clients demandaient des cotations de véhicules électriques, aujourd’hui, ils passent

Décideurs. Les ventes de voitures électriques accélèrent depuis le début de l’année. Ce mouvement est-il enregistré aussi par LeasePlan parmi ses clients ? De quelle typologie d’entreprises ­provient-il ?

Jean-Loup Savigny. Au cours de ces quatre derniers mois nous avons enregistré en volume l’équivalent des ventes de voitures électriques réalisées sur l’ensemble de l’année écoulée. Il y a également une nette tendance à l’accroissement des ventes de voitures électriques dans les flottes d’entreprises. Et il en va de même des voitures hybrides puisque nous avons réalisé ces derniers mois, trois fois plus de ventes que l’année dernière sur la même période.

Et ce mouvement va s’amplifier car le choix de modèles électriques ou hybrides s’élargit et nous allons pouvoir compter progressivement sur près de 100 000 bornes de recharge d’ici 2022 sur le territoire français. L’an passé, nos clients nous demandaient des cotations sur les véhicules électriques, aujourd’hui ils passent commande !

Parmi nos clients, nous avons analysé que 35 % d’entre eux étaient éligibles aux véhicules électriques en termes de loi de roulage, qui concerne ceux qui réalisent moins de 200 km par jour. Nous manquons cependant de choix de modèles électriques dans les segments C et D destinés aux décideurs d’entreprises et aux managers. 

Comment s’effectue généralement l’introduction de véhicules électriques dans une flotte composée à 100 % de modèles thermiques et comment intervient ­LeasePlan ?

Nous suivons nos clients dans cette démarche et nous analysons les lois de roulage de leur parc. Avec nos consultants, nous identifions également tous les coûts de détention et nous analysons comment les véhicules électriques peuvent se substituer aux modèles thermiques présents. Concrètement, nous réalisons le calcul de tous les TCO et nous remettons une proposition au comité de direction de l’entreprise.

Généralement, il s’agit de flottes que nous connaissons bien et nos clients sont très bien informés ; un délai de six mois seulement est nécessaire entre l’audit réalisé et la mise en place des véhicules et des bornes électriques de recharge sur le parc. Notre volonté n’est pas de réaliser exclusivement de la location de véhicules électriques mais de proposer à nos clients une solution globale intégrant également l’installation de bornes sur le site de l’entreprise, voire au domicile du collaborateur, ainsi que la facturation de recharge professionnelle et privée des véhicules.

Avez-vous déterminé quelle serait la meilleure formule de LLD applicable aux véhicules électriques ?

Dans l’idéal, nous souhaitions que les véhicules électriques mis en location longue durée aient deux vies car cela nous semble être la meilleure solution pour aplanir les coûts d’usage. Cela se traduirait par une période de location de deux ans en entreprise suivie d’une offre de location de trois ans à des particuliers. Mais nos clients veulent partir d’emblée sur une durée de 36 ou 48 mois qui nous oblige à nous protéger en matière de valeurs résiduelles des véhicules. S’il est certain qu’à l’avenir le marché du véhicule d’occasion électrique va se développer, l’inconnue se porte encore sur les batteries des voitures.

Les véhicules électriques peuvent-ils être moins chers à l’usage que les modèles thermiques équivalents dans les flottes d’entreprises ?

Le développement du véhicule électrique dans les flottes d’entreprises repose sur un large choix de modèles, des infrastructures importantes de recharge et sur une autonomie suffisante des véhicules. Tous ces points commencent à donner satisfaction. Reste à parvenir à des coûts de détention compétitifs. Dans ce domaine, les remises ne sont pas encore au niveau et des incertitudes existent encore sur les valeurs résiduelles des modèles. Mais à l’heure actuelle, en dessous de 15 000 km parcourus par an, un véhicule électrique est plus économique que son équivalent thermique. 

Jean-Pierre Lagarde