Depuis près de cinquante ans, la Fondation HEC œuvre en coulisses pour permettre à la prestigieuse école de Jouy-en-Josas de cocher toutes les cases de l’excellence, à commencer par celle de la diversité, identifiée comme un ingrédient clé dans la formation des dirigeants de demain.

Certaines fondations contribuent à la reforestation en Amazonie, d’autres luttent contre l’obésité ou l’illettrisme, œuvrent pour la préservation de la biodiversité ou pour l’insertion de personnes handicapées… La fondation HEC ne fait rien de tout cela. Pourtant, voilà près de cinquante ans qu’elle contribue, elle aussi, à l’intérêt général. Celui qui passe par l’émergence d’un capitalisme plus soucieux des enjeux sociaux, environnementaux et sociétaux ; plus raisonné et plus inclusif. Conforme aux attendus de la loi Pacte et, surtout, aux réalités de l’époque. 

Un enjeu dont l’école avait le devoir de s’emparer, estime Olivier Sevillia, son président. « Nous voulons qu’HEC mette tout en œuvre pour former des dirigeants qui pratiqueront un capitalisme responsable. Cette démarche relève bien évidemment de la responsabilité d’une école telle que la nôtre. » Pour que celle-ci en ait les moyens, les frais de scolarité ne suffisent pas. D’où la fondation et sa vocation de collecteur de fonds destinés à donner à l’école les moyens de ses ambitions. Celles qui consistent à fournir, demain, aux entreprises et aux pouvoirs publics des dirigeants aptes à prendre en compte les enjeux de performance économique et ceux de RSE, comme celles qui lui imposent de tenir tête à ses concurrents.

Attractivité

« Lorsque la fondation a été créée, en 1972, c’est notamment parce que d’autres grandes écoles disposaient déjà de la leur qui, depuis des années, levaient des fonds auprès de leurs anciens élèves et contribuaient, à travers le financement d’axes de développement stratégiques, à valoriser leur marque et à accroître sa visibilité, explique Olivier Sevillia. Il devenait urgent pour HEC de s’inscrire dans le mouvement pour nourrir sa propre attractivité. »

Celle-ci passe aujourd’hui par quatre chantiers prioritaires : les bourses accordées aux étudiants les plus modestes, la modernisation du campus, l’impact sociétal de l’école – notamment avec la création de la chaire « purposeful leadership » – et les travaux de recherche conduisant à des publications et, donc, à une visibilité accrue de la marque HEC auprès de ses deux publics privilégiés : les meilleurs enseignants et les meilleurs élèves, l’un et l’autre faisant l’objet d’une lutte acharnée entre les différents acteurs du marché des grandes écoles de commerce. Un marché mondialisé et de plus en plus disputé où HEC se trouve aujourd’hui en concurrence frontale avec des category killers tels que la London Business School, Harvard et Stanford mais aussi avec de nouveaux venus qui, en Chine notamment, contribuent à fragiliser les positions des acteurs historiques du secteur. Pour se maintenir face à la concurrence, une seule solution : investir dans la marque et enrichir son territoire. Ce à quoi s’emploie la fondation en donnant à l’école le complément de ressources nécessaire à ce que son président appelle « sa marge d’excellence ».

Méritocratie et diversité

Une excellence qui, à HEC, passe aujourd’hui par deux critères identifiés comme essentiels à la performance : la méritocratie et la diversité. La première est garantie par le concours d’entrée. La seconde, par les bourses octroyées par la fondation aux élèves issus de familles modestes. Pour Olivier Sevillia, aucun doute, même si l’école n’est pas une organisation à but lucratif, on est là au cœur de la notion de raison d’être portée par la loi Pacte. « Les fonds qui nous sont versés proviennent à 60 % de donateurs privés, des anciens élèves qui peuvent choisir à quel domaine destiner leurs dons. Or, on constate que la demande pour leur utilisation sociale ne cesse d’augmenter, preuve qu’il existe chez les anciens qui ont réussi une volonté croissante de réactiver l’ascenseur social ; un réel sentiment de responsabilité. » Sentiment qu’Olivier Sevillia connaît bien, lui qui confie avoir accepté d’ajouter, fin 2018, la fonction – bénévole et chronophage… – de président de la fondation à celle de directeur général Europe de Capgemini parce que, après avoir « eu la chance de profiter de cet ascenseur social » qu’offrait déjà HEC à l’époque où il y a fait son MBA, il éprouvait le besoin de « rendre un peu » de ce qu’il avait reçu. Depuis la création de la fondation, 2 000 étudiants ont, comme lui, bénéficié de cet esprit de solidarité, recevant des bourses qui leur ont donné la possibilité de sortir diplômés d’HEC, à leur tour, « de très bien réussir » et, ainsi, de perpétuer le système vertueux qui permet aujourd’hui à la grande école de cocher la case de la diversité en accueillant tous les élèves qui le méritent, et pas uniquement ceux qui en ont les moyens.

"Il existe chez les anciens qui ont réussi une volonté croissante de réactiver l'ascenseur social"

Pédagogie

Pour s’en assurer, la fondation a établi des partenariats avec des dizaines de lycées auprès de qui elle intervient en amont des concours, durant l’année de terminale, afin d’informer les potentiels candidats qui s’ignorent des dispositifs d’aide existants. « C’est un important travail de pédagogie qui consiste à éradiquer l’autocensure, résume Olivier Sevillia ; à faire savoir aux lycéens qui auraient envie de  tenter HEC mais qui s’imaginent que c’est impossible que ça ne l’est pas. » Autre élément du plan de sensibilisation déployé pour s’assurer que « tous ceux qui en ont la capacité et l’envie intègrent HEC, qu’ils viennent de Saint-Denis, du Larzac ou du XVIe  arrondissement de Paris » : le concours Eloquentia@hec. Créé il y a deux ans, organisé par l’école et financé par la Fondation, celui-ci permet, une fois encore, d’attirer des jeunes « méritants et modestes » sur les bancs d’HEC, « ceux qui remportent le concours gagnant une certaine visibilité et beaucoup de confiance en eux », poursuit le président de la fondation pour qui, là encore, cet important travail de sensibilisation relève directement de la responsabilité sociale d’HEC, tout en servant ses intérêts de seul acteur français présent sur le marché mondial des grandes écoles de commerce…

Ouverture sociale

 « L’école doit maintenir son niveau et sa réputation, explique-t-il. Or, il est clair que l’ingrédient de la diversité – en matière d’origine sociale, de genre et de nationalité… – constitue un élément clé de son attractivité puisqu’il contribue à apporter une grande richesse à l’enseignement et donc à produire des dirigeants de meilleure qualité. » Tout en la faisant remonter dans les classements internationaux les plus reconnus – tels que celui de The Economist et de la Harvard Business Review – qui font la valeur de la marque. Preuve de sa dimension stratégique, le fait que la fondation lui ait consacré en 2008, sous l’impulsion de son président de l’époque, l'ancien PDG de Carrefour Daniel Bernard, une campagne de fundraising qui, en l’espace de cinq ans, lui permettra de lever 110 millions d’euros, et à l’école de voir la part de ses élèves boursiers passer de 5 % avant 2008 à près de 20 % aujourd’hui. Prochaine étape : lui faire passer la barre des 25 % pour permettre à HEC de capitaliser encore davantage sur cet atout bien réel de l’ouverture sociale.

Caroline Castets

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